Le Hawk-Eye devait mettre fin aux controverses d'arbitrage. Il n'y est pas complètement parvenu mais au passage, il a opéré une petite révolution dans le monde conservateur du tennis.

«Mon invention a rendu le tennis plus spectaculaire», dit le scientifique britannique Paul Hawkins - d'où le nom de Hawk-Eye - en entrevue à La Presse.

Créé en 1999, ce système de révision électronique a d'abord été conçu pour le cricket, le sport favori de son inventeur. Le système a fait ses débuts sur un court de tennis en 2006. Chaque joueur a droit à trois appels par manche, plus un appel supplémentaire en cas de bris d'égalité. Cette semaine, Tennis Canada paie un peu moins de 100 000$ pour avoir un Hawk-Eye sur le court central du stade Uniprix. La valeur d'un Hawk-Eye dépasse les 500 000$.

Contrairement à la croyance populaire, le Hawk-Eye ne détecte pas l'endroit exact où la balle est tombée. Grâce à 10 caméras installées au sommet des estrades et un mécanisme sophistiqué d'intelligence artificielle, le système reproduit plutôt le bond de la balle. Chaque caméra, reliée à un ordinateur, couvre une partie des lignes sur le terrain. S'il rend la tâche plus facile aux arbitres et aux juges de lignes, le Hawk-Eye inspire la méfiance chez plusieurs joueurs professionnels, dont Roger Federer, de loin le plus critique du système. Le numéro un mondial milite sans succès pour l'abolition du Hawk-Eye.

Malgré sa précision, le Hawk-Eye n'est pas parfait. Il s'est trompé à quelques reprises, notamment en analysant le mauvais bond de la balle. «C'est un système sophistiqué, mais il est capable de commettre des erreurs, dit Paul Hawkins, président du conseil d'administration de Hawk-Eye Innovations, une entreprise installée à Londres. Notre marge d'erreur maximale est de trois millimètres. Les meilleurs arbitres ont une marge d'erreur de deux centimètres et ils doivent combattre la pression et la fatigue quand le match avance. De toute façon, si j'étais capable d'inventer un système informatique qui ne commet pas d'erreur, je m'appliquerais à des choses beaucoup plus importantes de la vie que le sport...»

Paul Hawkins, qui a réalisé ses premiers travaux sur le Hawk-Eye lors de son doctorat, conjure les amateurs de tennis de ne pas se fier à la marque de la balle montrée au ralenti à la télévision. «La marque sur le terrain ne reflète pas exactement l'endroit où la balle est tombée, dit l'homme d'affaires de 35 ans. Sur une surface dure, la marque est plus petite que le bond réel de la balle.»

Très populaire au cricket et au tennis, le Hawk-Eye commence à être utilisé au snooker afin d'évaluer la trajectoire des coups. Son inventeur s'étonne que son système ne soit pas plus populaire dans d'autres sports. «Je suis surpris qu'il ne soit pas plus en demande au baseball et au soccer», dit Paul Hawkins.

L'inventeur du Hawk-Eye se décrit comme un joueur de tennis «très moyen». Dans sa jeunesse, Paul Hawkins avait plus de succès au tennis de table. Il a déjà été classé 24e meilleur pongiste junior en Angleterre. Ironiquement, il s'agit de l'un des seuls sports où son Hawk-Eye n'aura jamais aucune utilité...