La nouvelle star du tennis français, Jo-Wilfried Tsonga, a connu une ascension fulgurante dans la hiérarchie mondiale, passant en deux ans de la 200e place au Masters, qu'il disputera pour la première fois à partir de dimanche à Shanghai.

«J'ai gravi des montagnes. J'ai eu des moments où on m'a presque dit que ce serait difficile de rejouer au tennis. D'autres où je jouais bien et où je retombais dans les blessures», a rappelé le Manceau, âgé de 23 ans, après sa victoire dimanche au tournoi de Paris-Bercy, la plus belle de sa carrière.

Très prometteur vice-champion du monde juniors en 2003, Tsonga avait été distancé par les autres cadors de sa génération, les Nadal, Djokovic, Gasquet ou Murray, en raison d'une succession d'ennuis physiques, dont une hernie discale.

Après une première apparition remarquée à Bercy en 2004, il avait dû «traîner ses baskets dans les vestiaires des petits tournois» et prendre son mal en patience lorsque son corps le trahissait, mais sans jamais cesser de croire en lui: «J'avais déjà l'objectif d'arriver à mon niveau actuel. Ma victoire d'aujourd'hui vient concrétiser toutes ces années où j'ai été solide dans la tête», a dit le nouveau N.7 mondial.

En 2007, une saison enfin libre d'ennuis de santé graves lui a permis de grimper à un classement digne de son énorme potentiel (Top 100 en juillet 2007, Top 50 en octobre), jusqu'à ce que son talent éclate au grand jour au dernier Open d'Australie.

Mais ce joueur à la fois colossal (1,87 m, 90 kg) et fragile, dont le jeu repose sur un formidable abattage physique, autant du fond du court où il tourne en permanence un revers perfectible, qu'au filet où sa présence est intimidante, n'en avait pas fini avec les pépins physiques.

Ambitieux à Shanghai

Le finaliste de Melbourne a eu à peine le temps de fêter son exploit au tournoi de Marseille, puis de connaître son baptême du feu en Coupe Davis en Roumanie, avant d'être de nouveau stoppé par une blessure au genou à Miami, fin mars.

Constatant au bout de quelques semaines que la douleur était trop forte, le Sarthois a dû se résoudre à passer sur la table d'opération pour se faire retirer une partie d'un ménisque, juste avant Roland-Garros.

Absent pendant trois mois, Tsonga n'a donc fait que les trois quarts de la saison, manquant aussi Wimbledon, les jeux Olympiques et les Masters Series de Toronto et de Cincinnati. Remis fin août, il est arrivé à l'US Open sans aucune préparation.

Sans ce nouveau contretemps, il n'aurait peut-être pas attendu fin septembre pour ouvrir son palmarès ATP à Bangkok, puis début novembre pour assurer sa qualification au Masters. On peut même penser qu'avec un printemps et un été juste corrects, il aurait terminé tranquillement dans le Top 5.

Le nouveau N.1 tricolore va se rendre à Shanghai avec de grandes ambitions. Car s'il y a un seul avantage au fait d'avoir eu une saison amputée, c'est qu'il arrive plus frais que les autres au dernier grand rendez-vous de l'année. Ses services (25 aces en finale de Bercy contre Nalbandian) et ses grandes gifles de coup droit pourraient en faire souffrir plus d'un en Chine.