Les rivaux de Roger Federer ne l'ont jamais désavoué. Pas publiquement, du moins. Reste que bien des gens l'ont fait, et on les a entendus haut et fort.

Federer a rétorqué de la meilleure façon qui soit, lundi, quand il a remporté les Internationaux des États-Unis pour la cinquième fois de suite et ainsi récolté un 13e titre en tournois du Grand Chelem - un de moins que le record de Pete Sampras.La réponse du Suisse se résumait à ceci:

Ne croyez pas une seule seconde que je suis fini.

Ne croyez pas une seule seconde que je vais m'en aller.

Ne croyez pas une seule seconde que je ne vais pas ajouter d'autres titres du genre à mon palmarès.

Message qui a été livré de façon claire, nette et précise à en juger par le niveau de jeu dont il a fait montre à Flushing Meadows - surtout dans ses victoires à sens unique contre Novak Djokovic, en demi-finale, et Andy Murray, en finale. Puis, Federer a livré le même message, en mots cette fois, mardi, quand on lui a demandé pendant combien de temps encore il sera en mesure de remporter des tournois majeurs.

«En ce moment, j'ai la certitude que je pourrai continuer à le faire tant et aussi longtemps que je serai en santé. C'est ainsi que je me sens. Je vais croire jusqu'à la fin de ma carrière en tennis, probablement, que je suis capable de remporter un Grand Chelem, a-t-il déclaré à un petit groupe de journalistes au Empire State Building. Et si ce n'est plus le cas, ou si je n'y crois plus, alors je prendrai probablement ma retraite.»

Voici la vraie mauvaise nouvelle pour ceux qui aspirent à remporter les épreuves du Grand Chelem: Federer est en meilleure santé que jamais.

Non seulement sa mononucléose n'est plus qu'un souvenir lointain, mais le fait qu'il ait redoublé d'ardeur pour soigner sa forme physique a recommencé à rapporter des dividendes.

«Ce à quoi j'aspire, c'est la longévité. Je me sens tellement mieux physiquement, maintenant, mieux que jamais en fait. Peut-être que l'année a été difficile mais en ce moment, une journée après l'US Open, je me sens tellement frais et dispos, a dit Federer. Je n'ai pas de petits bobos comme c'était le cas quand j'étais plus jeune. Je me souviens que j'ai eu mal au bras à chaque jour quand j'avais 20, 21 ans. J'avais des douleurs musculaires partout dans le corps après un match de quatre sets, par exemple.»

Il a mentionné, comme il l'a fait par le passé, qu'il a l'intention de prendre part aux Jeux olympiques de Londres en 2012 - le tournoi de tennis sera alors disputé à son bien-aimé All England Club - et de poursuivre même après.

Et pourquoi pas? Il n'a que 27 ans, et contrairement à la championne new-yorkaise du tableau féminin, Serena Williams, qui ne cache pas qu'elle s'intéresse à la mode et au cinéma, Federer répète souvent, comme il l'a fait mardi, qu'il «ne respire et ne vit que pour le tennis».

«J'ai le sentiment que, pendant plusieurs années encore, je serai toujours capable de gagner à Wimbledon, de gagner les Internationaux des États-Unis, a dit Federer, alors que son plus récent trophée argenté reposait sur une table à quelques pouces de lui. La première chose qui va probablement me glisser entre les doigts, ce sont les Internationaux de France, même je pense là aussi que j'aurai toujours des chances là-bas, parce que je suis bon dans tous les aspects du jeu et j'y ai fait mes preuves au fil des années.»

Jusqu'à lundi soir, bien des gens s'inquiétaient pour Federer. Au sujet de son jeu, de sa santé, de son état d'esprit. Bien des gens, sauf Federer lui-même.

«Je n'ai jamais eu de moment où j'ai pensé que ça ne fonctionnait plus, a-t-il dit. Parce que dans les grands tournois, dans les faits, je jouais quand même bien.»

Ce qui est certainement vrai, puisqu'il a atteint les demi-finales des Internationaux d'Australie, de même que la finale à Wimbledon et aux Internationaux de France.

Reste que Federer a reconnu, mardi, qu'il ressentait le besoin de remporter ce tournoi-ci à New York. Pas parce qu'il éprouvait des doutes, mais parce qu'il se demandait si son approche avait été la bonne cette année.

«Je me suis peut-être prouvé à moi-même que je faisais les bonnes choses, que j'avais quand même bien choisi mon calendrier de tournois, a-t-il dit. J'ai encore de l'énergie à ce stade-ci du voyage. Je me sens bien au bout du compte, je me sens encore bien aujourd'hui. Je suis content des décisions que j'ai prises.»

Il s'est aussi dit heureux de pouvoir aborder la saison 2009 sur une note positive. Finies, les questions du genre «Qu'est-ce qui ne va pas avec Roger?»

«C'est la fin de l'année, c'est le dernier Grand Chelem. Il n'a pas connu une mauvaise année, mais selon ses standards habituels, ça n'a pas été aussi bon qu'il l'aurait voulu, a déclaré l'entraîneur à temps partiel de Federer, Jose Higueras, lundi soir. C'est une excellente façon d'entreprendre la prochaine année. Ça lui donne beaucoup d'espoir pour la saison prochaine.»