On a largement parlé de la cinglante défaite qu'a subie Serena Williams la semaine dernière, à San Jose.

Ce revers de 6-1 et 6-0 était le pire de sa carrière, et à Montréal, c'est demeuré un sujet de conversation, puisque Williams a annulé sa participation à la Coupe Rogers quelques jours plus tard. L'histoire a refait surface lundi avec la publication d'un long message sur Instagram où Williams a évoqué la dépression post-partum.

Mais la défaite de Williams, c'était aussi la victoire de Johanna Konta, et ça, on en a moins parlé.

« J'étais surtout heureuse d'avoir gagné mon match de premier tour et d'avoir pu bien jouer contre une joueuse comme elle. En fait, pas contre une joueuse comme elle, parce qu'elle est unique, donc contre elle directement », a expliqué Konta, hier, en point de presse.

« J'ai réussi à mettre sa feuille de route de côté et à me concentrer sur l'adversaire qui était devant moi ce jour-là, ce qui est très dur à faire contre elle, car elle est incroyable. Mais du reste, je suis passée à autre chose depuis. »

Quand Williams perd de façon aussi nette, il y a lieu de se demander si l'Américaine est au sommet de sa forme. Son message sur les réseaux sociaux lundi a justement jeté un éclairage différent sur la situation.

« Je n'ai pas vu son message et je ne suis pas mère, donc je ne peux pas me prononcer sur sa situation, a répondu Konta. J'espère que cette joie et ces difficultés [d'être mère] m'attendent plus tard dans ma vie ! Mais je crois que c'est une personne très résiliente. Elle est très exigeante envers elle-même dans le sport. Je suis sûre qu'elle l'est tout autant dans sa vie privée. »

Une chute à freiner

Konta a elle aussi son propre combat.

Il y a un an, la Britannique pointait au 4e rang mondial, une position qu'elle n'a gardée qu'une semaine, après avoir atteint les demi-finales à Wimbledon. Elle a essentiellement passé le reste de l'année 2017 dans le top 10, mais depuis le début de l'année, elle ne cesse de dégringoler et pointe aujourd'hui au 43e rang.

On le voit ici avec Eugenie Bouchard, une telle descente peut être dure à freiner. Et comme Bouchard, Konta doit elle aussi composer avec une forte attention médiatique dans son pays, qui attend une grande joueuse depuis des décennies. À Roland-Garros, après son élimination au premier tour, elle s'était d'ailleurs montrée critique envers les médias, qu'elle jugeait trop négatifs envers elle.

C'est dans ces circonstances que Konta tente de remonter le courant. Sa performance de la semaine dernière à San Jose (quarts de finale) était un premier pas dans la bonne direction. Et hier, elle en a fait un autre en éliminant la Lettone Jelena Ostapenko, 11e tête de série et championne de Roland-Garros en 2017.

L'an dernier, Konta n'avait rien cassé à Toronto ni aux Internationaux des États-Unis, si bien que l'occasion est belle pour remonter au classement cet été. Mais après ce qu'elle a vécu ces derniers mois, elle sait mieux que quiconque à quel point il est difficile de revenir dans le top 5 mondial.

« Il y a beaucoup à dire sur le tennis féminin à l'heure actuelle. Le niveau général est de plus en plus élevé, il y a une grande profondeur. C'est pour cette raison que vous voyez ce que vous appelez des "surprises" et que nous appelons simplement un autre "match difficile" dans les premiers tours des tournois, comme à San Jose. Il n'y a plus de tour facile, et les joueuses qui arrivent à rester dans les cinq ou dix meilleures peuvent être encore plus admirées pour cet exploit. »