Rebecca Marino revient de loin. On a tendance à l'oublier, mais la grande Britanno-Colombienne s'est déjà hissée au 38e rang mondial et était en voie de s'établir comme une des très bonnes Canadiennes de sa génération.

C'était avant qu'une grave dépression la force à se retirer, en 2013. Mais voici que cinq ans plus tard, depuis février, elle tente un retour à la compétition.

Du point de vue sportif, son retour est plutôt réussi jusqu'ici. Classée 917e quand elle a repris l'action, elle a accumulé les victoires dans des tournois de très petite envergure, et se classe aujourd'hui au 307e rang. Ses points engrangés par sa défaite au deuxième tour des qualifications de la Coupe Rogers n'ont pas encore été comptabilisés (ils le seront lundi prochain), mais elle devrait alors se hisser autour du 285e rang.

Cette progression est intéressante, mais il y a aussi son calibre de jeu, que l'on a pu mieux mesurer cette fin de semaine. Samedi, elle a battu la 69e joueuse mondiale, la Biélorusse Vera Lapko, avant de perdre - sans se faire écraser - contre la 53e au monde, la Chinoise Qiang Wang, au compte de 7-5 et 6-4.

Avec une telle trajectoire, il est fort probable que l'on revoie l'athlète de 27 ans dans les qualifications pour les tournois du grand chelem à compter des prochains Internationaux d'Australie, en janvier prochain. La dernière joueuse admise sur la base du classement gravite généralement autour du 230e rang mondial.

Marino assure toutefois ne pas avoir de chiffre en tête.

« Je m'étais simplement dit que j'allais voir où j'en serais un an après mon retour, racontait-elle la fin de semaine dernière. C'est la façon la plus raisonnable d'aborder ça. Si je peux être classée pour participer aux qualifications des grands chelems, ça serait vraiment bien. Mais après une pause de cinq ans, c'est important d'y aller lentement et de rouler avec les coups. »

Pour la cause

Ça, c'est pour le côté sportif. Mais il y a aussi un côté profondément humain derrière son retour, côté qui est ressorti hier à l'occasion de sa participation à un événement du mouvement FearlesslyGirl, sous la forme de discussion avec de jeunes filles de 11 à 18 ans sur le thème de l'estime de soi. Ce mouvement est principalement chapeauté par l'Américaine Madison Keys (absente cette semaine à Montréal), mais avant même le forfait de cette dernière, on avait demandé à Marino de participer à l'événement à Montréal.

C'est qu'en plus de ses problèmes dépressifs, Marino a été victime de cyberintimidation.

« Quand les gens me font des commentaires horribles, je ne comprends pas toujours d'où ça vient. Mais je dois me demander pourquoi ils font ces commentaires. Souvent, c'est parce qu'ils ont parié sur le match et ont perdu », expliquait Marino aux jeunes filles, hier.

« Donc ils me blâment pour leurs propres actions. Et s'ils me connaissaient en personne, diraient-ils la même chose ? Probablement pas. J'essaie simplement de les bloquer et les ignorer. »

« Il ne faut pas en faire une affaire personnelle, même si c'est parfois difficile. Vous devez vous rappeler que vous êtes une belle personne, et que même si quelqu'un ne le pense pas, vous avez sûrement 100 autres personnes derrière vous. »

On remarque toutefois, au fil des entrevues, que Marino demeure relativement discrète sur les détails de ce qu'elle a elle-même vécu. Raconter son expérience demeure en effet très difficile pour elle.

Mais la jeune femme n'hésite pas à prodiguer des conseils. « Être ici est super important pour moi, car ça rejoint des expériences que j'ai vécues, disait-elle lors de son discours aux jeunes, hier. J'aurais aimé qu'il y ait quelque chose du genre quand j'avais votre âge. »

En double

Rebecca Marino n'a pas pu se qualifier pour le tableau principal de la Coupe Rogers en simple, mais elle y sera en double, en compagnie d'une autre Canadienne, Carson Branstine.