Roger Federer était à un point d'une jolie victoire en trois sets lors des quarts de finale des Internationaux de tennis de Wimbledon mercredi. Un malheureux point.

Puis, lentement, au fil des quelque deux heures qui ont mené jusqu'au 24e jeu du cinquième set, pendant que la température baissait et que les spectateurs scandaient «Let's go Roger!», tout s'est écroulé pour l'octuple champion, contre un adversaire qui ne l'avait jamais battu avant et qui ne s'était jamais rendu aussi loin au All England Club.

Dans un inattendu revirement de situation et sur une scène qui lui est un peu moins familière - le court numéro 1 au lieu du court central - Federer a laissé filer une balle de match lors du troisième set, puis sa confortable avance avant de devoir plier bagages.

Au terme d'une guerre d'usure de 4 h 14 minutes, Kevin Anderson, 8e tête de série, a renversé le favori du tournoi par des scores de 2-6, 6-7 (5), 7-5, 6-4, 13-11.

Avec un score de 30-30 lors du 23e jeu du cinquième set, Federer a commis sa seule double faute de match, créant une chance de bris pour Anderson. Ce dernier l'a convertie lorsque le Suisse a expédié la balle dans le filet au point suivant. Il a aisément gagné le jeu suivant avant de lever les deux bras au ciel.

«C'est l'une de ces journées où tu espères tirer les marrons du feu, a analysé Federer. J'aurais pu. J'aurais dû.»

Le Suisse menait deux sets à zéro et 5-4 en troisième manche lorsqu'il s'est donné une balle de match, avec Anderson au service. Federer a réussi à retourner un service chronométré à plus de 214 km/h, mais au coup suivant, il a complètement raté un revers. De retour à égalité.

À partir de ce moment, tout a commencé à changer. Anderson a protégé son service, brisé celui de Federer pour prendre l'avance 6-5 et sauvé trois balles de bris pour finalement gagner la troisième manche. C'était le début de la remontée.

«Je n'ai cessé de me dire, "Je dois continuer d'y croire". Je n'ai pas arrêté de me dire qu'aujourd'hui serait ma journée, car il faut afficher un tel état d'esprit quand on s'amène sur le court contre quelqu'un comme Roger. Si vous avez des doutes ou que vous êtes incertain de ce qui pourrait se produire, ce que j'ai peut-être un peu fait au premier set, les choses n'iront pas dans la bonne direction», a déclaré Anderson, auteur de 28 as durant le match, dont 11 lors du set décisif.

C'était la première fois que Federer perdait un set à Wimbledon depuis la demi-finale de 2016 contre Raonic. Il avait remporté 34 sets consécutifs, égalant son propre record sur la pelouse londonienne, établi entre 2005 et 2006.

Anderson a aussi mis fin à une autre séquence de Federer, qui n'avait pas été victime d'un bris en 85 jeux consécutifs au service. Anderson a obtenu ce premier bris lors du deuxième jeu de la deuxième manche, ce qui lui permettait alors de se donner une avance de 2-0.

Par ailleurs, c'était seulement la troisième fois que Federer perdait un match en tournois du Grand Chelem après avoir gagné les deux premiers sets. Les deux défaites du Suisse en pareilles circonstances remontent à 2011. Et selon l'ATP, ce n'est que la cinquième fois que Federer s'incline à un tournoi majeur après avoir profité d'une balle de match. La dernière circonstance du genre remonte également à 2011, aux Internationaux des États-Unis contre Novak Djokovic.

«J'ai eu mes chances et donc, c'est décevant, a affirmé Federer. C'est comme ça contre les joueurs aux puissants services. Vous n'êtes jamais sûr.»

Photo Oli Scarff, AFP

Kevin Anderson