Les Québécois le connaissent depuis plusieurs années et les experts le considèrent comme l'un des grands espoirs du tennis masculin, mais ce n'est qu'au cours des derniers jours que le grand public a vraiment découvert Félix Auger-Aliassime.

Le Québécois de 17 ans est devenu la semaine dernière à Indian Wells le premier joueur né dans les années 2000 à remporter un match en tournoi Masters 1000. Et même s'il s'est incliné dimanche devant son compatriote canadien Milos Raonic, tout le monde sait maintenant qui il est.

Déjà, il a conquis le public connaisseur d'Indian Wells, où on l'appelle simplement Félix. Vendredi dernier, ils étaient plus de 8000 spectateurs à l'encourager lors de son match contre Vasek Pospisil. Après sa victoire, Auger-Aliassime a avoué avoir été impressionné par l'ampleur de l'événement.

«C'était un peu effrayant et stressant», a-t-il expliqué lors de sa conférence de presse, la première devant les journalistes qui couvrent les grands tournois. «C'était aussi très excitant de jouer devant autant de spectateurs, en fait, c'était incroyable de voir que les gradins étaient remplis.»

Même s'il mesure 6 pi 4 po et qu'il est bien plus mature que les gens de son âge, Auger-Aliassime reconnaît qu'il ressent la pression liée aux attentes très élevées à son sujet. «Ce n'est pas facile de gérer ça, les choses évoluent très rapidement et, même si nous avons été bien préparés [avec Tennis Canada], il y a encore beaucoup à apprendre.

«Ça explique sans doute pourquoi les plus jeunes joueurs comme moi n'ont pas la même constance que ceux du top 10. Il faut traverser une période d'ajustement. Le meilleur conseil que je reçois de mes entraîneurs est certainement de prendre mon temps, de rester dans le moment présent et d'apprécier ce moment.»

Les journalistes n'ont pas manqué de demander à Auger-Aliassime ce qu'il avait appris de ses quelques journées d'entraînement avec le grand Roger Federer, en décembre, à Dubaï. Les deux athlètes sont nés la même journée, mais le numéro un mondial est deux fois plus âgé qu'Auger-Aliassime.

«J'ai apprécié chaque instant que nous avons passé ensemble, a raconté le Québécois. Jouer avec lui, voir de près comment il se prépare, comment il s'entraîne; voir aussi la vitesse et la puissance de ses coups. Au début, je me demandais si je serais capable de soutenir les échanges, mais à la fin, je commençais à être habitué à son rythme et c'est certainement quelque chose qui va m'aider à progresser cette saison.»

Dimanche, contre Raonic, Auger-Aliassime a eu droit à une autre leçon d'un joueur établi. Battu 6-4 et 6-4, il a affirmé: «Je ne crois pas avoir mal fait, cela aurait pu être pire. Mais c'est vrai que c'était difficile contre ses services. Le problème, c'est qu'il les varie continuellement. La puissance est une chose, mais il y a aussi la variation. J'en ai vu de toutes les sortes et c'était difficile de savoir ce qui s'en venait!»

Curieusement, le Québécois va perdre quelques places au classement de l'ATP - il a atteint les demi-finales à Drummondville la saison dernière - et devrait être 178e lundi prochain.

En principe, Auger-Aliassime devait rentrer à Montréal pour quelques jours de repos avant de se rendre en Espagne pour un tournoi Challenger à compter du 24 mars, mais son équipe et lui ont plutôt décidé qu'il prendrait part aux qualifications de l'Omnium de Miami, un autre Masters 1000, la semaine prochaine.

Comme elle l'avait fait avec Denis Shapovalov, la direction de Tennis Canada entend bien ne pas brûler les étapes avec Auger-Aliassime, mais ce sera visiblement difficile de passer à coté de toutes les occasions qui s'offriront maintenant à lui.

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Bouchard et le revers de la médaille

Eugenie Bouchard a remporté son procès contre la USTA, mais elle accumule les déboires depuis quelques mois. Et pas seulement sur les courts.

L'agence TLA a en effet confirmé le week-end dernier qu'elle ne représentait plus la joueuse canadienne, comme l'avait indiqué la semaine dernière la collègue Stephanie Myles dans le New York Times. Il s'agit de la troisième agence majeure qui met fin à une entente avec Bouchard depuis 2016. John Tobias, qui travaillait avec la Canadienne, n'était pas d'accord avec certaines décisions récentes de l'athlète et de son entourage.

En panne de résultats depuis plusieurs saisons déjà, Bouchard a dû composer récemment avec la perte de plusieurs commanditaires importants, et son contrat avec Nike, qui lui assurait des revenus de plusieurs millions par année quand elle l'a signé en 2014, ne lui rapporte plus rien, puisque l'entente est maintenant indexée sur son classement et sur ses résultats.

Mal conseillée et sans l'accord de Tobias, Bouchard a récemment fait la promotion sur les réseaux sociaux d'une nouvelle barre énergisante et d'un livre électronique sur les monnaies cryptographiques, des choix qui risquent d'éloigner des commanditaires plus importants.

Pour revenir au tennis, notons que Bouchard devra en principe passer par les qualifications, la semaine prochaine, à l'Omnium de Miami, à moins d'obtenir un laissez-passer. Celle qui est maintenant 114e mondiale devrait ensuite jouer à Bogotá, à compter du 9 avril, et s'est montrée disponible pour la rencontre de Fed Cup entre le Canada et l'Ukraine, la semaine suivante à Montréal, si Tennis Canada l'invite.

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Photo Paul Crock, archives Agence France-Presse

Les ennuis d'Eugenie Bouchard se poursuivent...

Pospisil à Drummondville

Privés de la présence de Félix Auger-Aliassime en raison de ses succès à Indian Wells, les organisateurs du Challenger de Drummondville peuvent se consoler avec celle de Vasek Pospisil, l'adversaire malheureux du Québécois en Californie. Le 75e mondial, première tête de série, est le joueur le mieux classé depuis la création du tournoi en 2015. Il devrait jouer son premier match demain. Plusieurs autres excellents joueurs canadiens sont inscrits, dont Filip Peliwo, Brayden Schnur et Frank Dancevic.