Qui de Rafael Nadal ou de Roger Federer a réussi en 2017 le plus beau retour? Éclipsé jusque-là par l'impressionnant retour au premier plan de son grand rival, le renouveau de l'Espagnol est tout aussi exceptionnel avec trois finales et deux titres en Grand Chelem, dont les Internationaux des États-Unis dimanche.

Rien ni personne, ou presque, ne résiste actuellement à Nadal, pas même le ciment, surface sur laquelle il ne s'était plus imposé depuis janvier 2014 (Doha).

Contre le Sud-Africain Kevin Anderson qu'il a dominé en trois sets 6-3, 6-3, 6-4, «Rafa» a écrit une nouvelle page de sa légende: il a conquis son 16e titre du Grand Chelem, son troisième à New York. Mieux encore, il est devenu seulement le troisième trentenaire à remporter plusieurs titres du Grand Chelem la même année, après deux autres légendes Rod Laver et Roger Federer.

Mais le Majorquin garde les pieds sur terre, même s'il présente 2017 où il a conquis cinq titres -Madrid, Monte-Carlo, Barcelone et Roland-Garros pour la dixième fois - comme «l'une des meilleures saisons de (sa) carrière».

«Je suis quelqu'un qui ne s'emballe pas et ne se croit pas invincible quand il gagne et qui ne descend pas plus bas que terre quand il perd. Que je gagne ou que je perde, je veux continuer à m'améliorer», a-t-il expliqué quelques minutes après son triomphe new-yorkais.

9e mondial fin 2016

Redevenu numéro 1 mondial en juillet alors qu'il avait terminé 2016 au 9e rang mondial, - son plus mauvais classement depuis 2004 -, Nadal a tourné définitivement la page de deux saisons et demie difficiles, à cause de blessures en 2014 (poignet, appendicite) et 2016 (poignet), et d'une mauvaise passe d'un point de vue mental en 2015.

«Pour moi, ce qui est plus important, plus encore que les titres en Grand Chelem, c'est d'être heureux et je suis heureux quand je suis en bonne santé, quand je sens que je suis compétitif et c'est ce qui est arrivé toute cette année», insiste-t-il.

Avec Federer, qui a remporté les Internationaux d'Australie et Wimbledon après six mois de pause forcée pour soigner son dos et un genou, ils se sont partagés les quatre titres majeurs de l'année, à la surprise générale.

«Quand on commence une saison, c'est difficile de penser à gagner deux Grands Chelems. C'est déjà difficile d'en gagner un, car il n'y en a que quatre dans une saison et que la concurrence est forte. C'est clair que c'est une surprise de voir la saison que Roger et moi avons réussi», admet-il.

«Qui aurait cru cela il y a trois ou quatre ans», renchérit le Suédois Mats Wilander, ancien numéro 2 mondial reconverti en consultant télé, qui s'attend à ce que l'Espagnol, plus encore que le Suisse, continue sur cette lancée

«Voir gagner Rafa sur ciment, c'est fort, vraiment très fort, il va vraiment falloir le suivre en 2018», prévient-il.

«À ma façon»

À la différence des autres membres du «Big Four» Andy Murray et Novak Djokovic, ce groupe de quatre joueurs qui a remporté 46 des 51 derniers titres du Grand Chelem, Nadal a été présent tout au long de l'année.

Federer, éliminé en quarts de finale des Internationaux des États-Unis, avait fait l'impasse sur la terre battue. Djokovic a vu sa saison perturbée par une blessure à un coude qui l'a conduit à stopper sa saison en juillet et Murray a traîné une blessure à une hanche: aucun des deux n'a disputé de finale en Grand Chelem.

Comme aux plus belles heures de leur rivalité, Nadal, 31 ans, et Federer, 36 ans, se retrouvent au coude à coude au sommet du tennis mondial, mais il ne faut surtout pas demander à «Rafa» s'il pense pouvoir dépasser les 19 titres en Grand Chelem de Federer.

«Je fais les choses à ma façon, Roger fait les choses à la sienne, on verra comment cela se finit, je n'y pense vraiment pas», assène-t-il.

Et de rappeler qu'un certain Djokovic allait revenir et avait déjà 12 titres majeurs à son actif: «Nous sommes dans une ère où des joueurs réussissent des choses incroyables», rappelle-t-il.