Une douzaine d'heures après l'exploit du Canadien Denis Shapovalov contre l'Espagnol Rafael Nadal, jeudi soir, au Stade Uniprix, son entraîneur Martin Laurendeau semblait encore chercher à mettre de l'ordre dans toutes ses émotions. Et il n'était pas le seul. D'autres experts du tennis canadien ne tarissaient pas d'éloges envers la nouvelle coqueluche du public montréalais.

Devant les médias vendredi midi, Laurendeau a paru à la fois émerveillé mais aussi un peu incrédule à la suite du tour de force de son protégé. Mais la vie continuait et il devait préparer Shapovalov pour une autre sortie sous les réflecteurs du court central, vendredi soir.

«Tout va très, très vite présentement. Le tournoi lui-même est allé très, très vite, a décrit Laurendeau. C'est une semaine de rêve que Denis est en train de vivre. Il reste un autre match ce soir et on essaie de rester concentré là-dessus, mais c'est difficile.»

Lorsqu'il parle de Shapovalov, Laurendeau le sait capable de belles choses à cause des efforts qu'il investit quotidiennement et de son attitude sur le court. Mais il admet qu'il a été impressionné de le voir battre Juan Martin del Potro et Nadal coup sur coup.

«Les deux derniers matchs, c'est du très haut niveau. De battre des joueurs comme ça, c'est ce qui alimente Denis. Il s'entraîne fort, il met beaucoup d'heures de travail sur les terrains d'entraînement et dans les petits tournois pour se mettre dans cette position-là, a expliqué Laurendeau.

«Chaque fois qu'il joue contre un joueur mieux classé que lui, il n'a pas froid aux yeux, il tient sa place et il monte son niveau de jeu. Ça ne me surprend pas parce que je l'ai vu plusieurs fois cette année, mais de le faire contre des joueurs comme del Potro et Nadal, c'est remarquable.»

Sa victoire contre Nadal est d'autant plus impressionnante que l'Espagnol n'est pas du genre à laisser filer des matchs une fois que le premier set est en banque, a rappelé Laurendeau.

«Je trouve ça incroyable qu'un jeune joueur comme ça puisse tenir aussi longtemps sans craquer. Nadal n'échappe pas beaucoup de matchs quand il gagne le premier set. Son pourcentage d'efficacité doit être au-delà de ,900. J'étais impressionné qu'il se soit rendu jusqu'à la dernière balle de match, que j'ai revue ce matin parce que je ne m'en souvenais plus du tout. Ça en dit beaucoup sur le talent et le personnage qu'est Denis.»

De son côté, Louis Borfiga, le directeur du Centre national d'entraînement de Tennis Canada, a noté le fait que Shapovalov n'a montré aucun complexe contre un adversaire dont la force de caractère est légendaire.

«Ce qui m'a le plus étonné, c'est la façon dont il est rentré sur le terrain et dont il a joué. Au lieu d'être un petit peu timoré, il a tout lâché. Je pensais que Nadal allait vraiment imposer sa personnalité en début de match, mais c'est un peu le contraire qui est arrivé. Il n'a pas hésité, il a attaqué presque toutes les balles. Il a amené un petit doute dans la tête de Nadal.

«On savait qu'il aimait jouer sur les grands courts, on savait qu'il aimait affronter les grands joueurs. Mais de là à faire ce qu'il a fait hier contre une légende du tennis, qui venait chercher en plus sa première place mondiale, ça dépassait nos espérances, c'est certain.»

«Sous le choc»

Une douzaine d'heures plus tard, l'ex-tennisman québécois Réjean Genois était encore émerveillé et même « sous le choc » à la suite de la performance du jeune canadien Denis Shapovalov face à l'Espagnol Rafael Nadal, qu'il a éliminé à la suite d'une spectaculaire bataille de 2 h 46 sur le court central du Stade Uniprix, jeudi soir.

En entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, Genois, président de Tennis Québec et analyste du tournoi à TVA Sports, a affirmé que Shapovalov avait été impressionnant dans toutes les facettes de son jeu, au point où il avait réussi à embêter et à déséquilibrer son illustre rival.

Genois dit avoir commencé à croire en une victoire de Shapovalov quand ce dernier a sauvé six balles de bris lors de ses deux premiers jeux au service au troisième set, incluant trois au troisième jeu, qui a duré 14 minutes 30 secondes.

Selon Genois, ce triomphe de Shapovalov démontre tout son potentiel et permet de croire qu'il fera partie de la génération appelée à remplacer les Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray qui trônent sur le tennis masculin depuis une dizaine d'années.

PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

L'ex-tennisman québécois Réjean Genois

Découvrez Denis Shapovalov

Après avoir signé la plus importante victoire de sa carrière, jeudi soir, en disposant de l'Espagnol Rafael Nadal à la Coupe Rogers de Montréal, le jeune tennisman de 18 ans originaire de Richmond Hill, en Ontario, est assuré de grimper au classement mondial de l'ATP. Voici cinq éléments à connaître sur l'étoile montante du tennis canadien.