Le Canada affrontera le Kazakhstan ce week-end en rencontre de barrage du Groupe mondial II de la Fed Cup et Eugenie Bouchard brillera une fois de plus par son absence.

La Canadienne, qui n'a plus joué en Fed Cup depuis avril 2015, connaît une autre saison difficile et elle a préféré se concentrer sur son classement individuel et les tournois sur terre battue. Elle est d'ailleurs déjà attendue à Istanbul, où elle jouera son prochain tournoi la semaine prochaine.

Depuis le début de l'année, Bouchard n'a vaincu qu'une joueuse mieux classée qu'elle, la Slovaque Dominika Cibulkova, à Sydney en tout début de saison. Après avoir encore fait illusion aux Internationaux d'Australie, celle qui a glissé au 58e rang mondial a accumulé les défaites.

Question de rebâtir sa confiance, la Canadienne a pris part la semaine dernière au tournoi d'Indian Head Harbour, un challenger 85K, littéralement les « ligues mineures » du tennis féminin. Après deux victoires difficiles contre des joueuses respectivement classées 600e et 300e, elle s'est écroulée face à la 896e, l'Américaine Vicky Duval.

Cette dernière a certes déjà été du top 100 et revient à un bon niveau après avoir combattu un cancer, mais Bouchard n'a jamais été dans le coup. Battue 0-6 et 3-6, elle a montré une inquiétante fragilité mentale.

Pas sûr qu'une rencontre de Fed Cup à Montréal l'aurait aidée à soigner sa confiance en soi.

Ses dernières visites au Canada se sont soldées par des sorties malheureuses. L'automne dernier, au Challenger de Québec, elle a quitté le court en larmes sous quelques huées après une défaite au deuxième tour.

Eugène Lapierre, qui était justement à Québec ce soir-là, rappelait hier que Bouchard avait besoin d'aide dans sa préparation mentale. «La pression peut être quelque chose de très fort et Eugenie perd visiblement ses moyens quand la situation devient tendue pour elle.»

«Tous nos rapports indiquent qu'elle travaille toujours avec le même acharnement à l'entraînement et qu'elle ne ménage aucun effort pour retrouver le chemin du succès. Elle a trop de talent pour ne pas s'en sortir», a-t-il souligné, en marge de la conférence de presse de la Fed Cup.

L'entraîneur de Bouchard, Thomas Hogstedt, a d'ailleurs assuré cette semaine qu'il croyait la Canadienne capable de s'imposer à nouveau. En entrevue au site européen tennis.com, l'expérimenté entraîneur suédois a rappelé: «Sa carrière a d'abord été très compliquée. Elle a connu du succès très vite, tout était fou. Elle a dû assimiler beaucoup de choses en peu de temps, sur les courts et à l'extérieur...»

«Le tennis est à nouveau sa priorité. Genie a vraiment faim de victoires, elle est prête à travailler et je crois qu'elle peut revenir à son meilleur niveau.»

On comprendra les proches de Bouchard de la soutenir, mais les amateurs et les spécialistes sont de plus en plus nombreux à douter d'elle. Alors que le litige qui l'oppose à la USTA semble tourner au vinaigre - son avocat Benedict Morelli a déclaré la semaine dernière qu'il allait désormais sortir le grand jeu (going into a new mode: super hardball) -, on voit mal comment la joueuse de 23 ans pourra vraiment se concentrer sur le tennis.

Une équipe jeune pour prendre la relève

En l'absence de Bouchard et de l'expérimentée Aleksandra Wozniak, celles qui avaient permis au Canada d'accéder au Groupe mondial I en 2014, le capitaine Sylvain Bruneau a décidé de faire confiance à ses jeunes joueuses. Bianca Andreescu (16 ans), Katherine Sebov (18 ans), Françoise Abanda (20 ans) et Gabriela Dabrowski (25 ans) ont été choisies pour affronter Yulia Putintseva (22 ans), Yaroslava Shvedova (29 ans) et Galina Voskoboeva (32 ans).

«C'est toujours difficile quand la joueuse numéro 1 n'est pas là. Eugenie a toujours bien fait en Fed Cup [11 victoires, 3 défaites] et elle apprécie cette compétition. Je comprends toutefois sa décision dans le contexte actuel et je la respecte. Cette semaine, on y va avec une nouvelle vague de jeunes joueuses montantes. On va là pour prendre de l'expérience et on veut voir ce qu'on peut faire...

«Rendues au niveau du Groupe mondial, toutes les équipes sont fortes, a insisté Bruneau. C'est le cas de celle du Kazakhstan, qui peut miser sur des joueuses d'expérience. Nous avons beaucoup de respect pour elles; sur papier, elles sont nettement plus fortes que nous, mais c'est ce qui rend ce défi intéressant.»