Eugenie Bouchard ne gagnera pas la Coupe Banque Nationale. La Canadienne, 48e mondiale et première favorite du tournoi, a été battue décisivement par la Russe Alla Kudryavtseva (162e), 6-2, 6-3, jeudi au PEPS de l'Université Laval. Le match a tout juste duré une heure...

Une journée après avoir offert une performance bien ordinaire dans sa victoire au premier tour, Bouchard a été franchement décevante, avec notamment un long passage à vide à compter du cinquième jeu de la première manche.

Dépassée par la puissance et la précision de sa rivale, lente dans ses déplacements, la joueuse de 22 ans a multiplié les fautes et a semblé cesser de se battre. Après avoir déjà cédé son service dans le cinquième jeu, Bouchard a commis deux doubles fautes d'affilée à la fin du septième jeu pour offrir le double bris à sa rivale avant de céder la manche sur le jeu suivant.

Le temps de retrouver un peu ses moyens, elle était déjà menée 0-2 dans la deuxième manche et n'a jamais pu combler son retard par la suite. Et c'est alors l'Eugenie des mauvais jours qu'on a vue sur le court, colérique et encline à des gestes de frustration qui ont laissé les nombreux spectateurs silencieux et déçus. Deux interventions de son entraîneur Sylvain Bruneau n'ont pu la «recentrer sur ses objectifs».

Si elle n'avait de son propre aveu joué qu'à 50% de son meilleur niveau, mercredi, lors de sa victoire au premier tour, Bouchard a complètement raté jeudi un examen important, encore une fois devant ses partisans. Elle s'était déjà écroulée de la même façon en juillet à Montréal lors de son match de troisième tour à la Coupe Rogers contre la Slovaque Kristina Kucova, comme si les attentes et la pression de ses partisans étaient trop grandes pour elle et exposaient une fragilité psychologique qu'elle devra apprendre à maîtriser si elle veut revenir au premier plan.

Très déçue, on s'en doute, Bouchard a quitté le court sans lever les yeux et sans même un geste pour la foule où on a entendu quelques huées. Des témoins l'ont vue quitter le PEPS quelques instants après le match et elle n'a pas rencontré les représentants des médias, une décision qui lui vaudra une amende.

«Nous allons envoyer un rapport avec tous les détails de la soirée et une enquête sera effectuée par la WTA pour déterminer le montant de la pénalité. Cela dépend habituellement de l'importance du tournoi et de la situation», a expliqué Kate Goff, la représentante du circuit féminin à Québec.

Plus tôt dans la journée, Bouchard avait déjà provoqué une petite controverse dans les médias sociaux après avoir passé une nuit agitée à l'hôtel (Hilton) où elle logeait à Québec. Dans un message en anglais publié sur son compte Twitter, la jeune femme expliquait, vidéo à l'appui, qu'elle ne recommandait pas cet hôtel à quelqu'un qui aurait envie de dormir.

La direction de l'établissement a offert une autre chambre à la joueuse en expliquant que les bruits étaient liés à des travaux en cours dans les ascenseurs. Incidemment, Hilton est l'un des partenaires du tournoi... Jeudi soir, après sa défaite, plusieurs amateurs n'ont pas manqué de se moquer de Bouchard et de son tweet.

C'était la quatrième participation de Bouchard à ce tournoi où elle avait atteint les demi-finales en 2013. On peut toutefois maintenant craindre qu'elle ne revienne pas à Québec avant longtemps.

Tout au contraire, Kudryavtseva se plaît beaucoup dans la Vieille Capitale. La Russe, une spécialiste du double, est entraînée par le Montréalais Alain Humblet et elle avait déjà bien fait plus tôt cet été à la Coupe Rogers. «J'adore jouer au Canada, a-t-elle assuré. Le public connaît bien le tennis et, même si les spectateurs appuyaient Genie, ils ont applaudi mes bons coups à la fin.

«C'est probablement l'une de mes bonnes victoires en carrière, a-t-elle estimé. Je n'ai pas de partenaires régulières présentement et j'en profite pour me relancer en simple. Je manque encore de constance - je peux jouer un très bon match un jour et un mauvais le lendemain - , mais si je continue d'y aller pour mes coups comme je l'ai fait aujourd'hui, je pourrais certainement gagner encore quelques matchs!»

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Abanda s'incline aussi

La soirée n'a guère été favorable aux Canadiennes jeudi à Québec puisque Françoise Abanda s'est également inclinée au deuxième tour de la Coupe Banque Nationale, 7-6 (2), 7-5, face à l'Américaine Jessica Pegula (161e).

Abanda, actuellement 201e du classement mondial, avait une belle occasion devant une joueuse qu'elle avait vaincue plus tôt cette saison. Elle a livré une belle bataille, mais elle a été dérangée par une blessure au pied gauche. «Cela me gênait surtout au revers et j'ai fait ce que j'ai pu dans les circonstances, a souligné la joueuse de 19 ans. C'est décevant de perdre de cette façon, car je sais que j'aurais pu aller plus loin.

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Des organisateurs déçus

Les défaites d'Eugenie Bouchard et de Françoise Abanda ont privé les organisateurs du tournoi de leurs meilleurs atouts après l'élimination de toutes les autres favorites plus tôt dans la compétition. «C'est décevant de voir deux Canadiennes perdre ainsi en même temps, a avoué le directeur de la Coupe Banque Nationale, Pierre-Luc Tessier. C'est sûr que c'est un coup dur pour le tournoi. Françoise est venue bien près de l'emporter alors qu'Eugenie s'est mis trop de pression sur les épaules.»

Eugène Lapierre, vice-président de Tennis Canada responsable du tennis professionnel, a déploré l'attitude de Bouchard. «Ce n'est pas la première fois qu'une joueuse fait faux bond aux journalistes, mais nous sommes très déçus, à la fois de la situation et du résultat, a indiqué celui qui est aussi directeur de la Coupe Rogers. Ça arrive que des joueuses sentent, sous le coup de l'émotion, qu'elles ne sont pas capables d'affronter les journalistes. Ça fait un peu mal - je réagis un peu comme un parent - de voir ainsi une jeune femme perdre ses moyens à cause de la pression.»