Pour la première fois depuis février 2013, Serena Williams ne se réveillera pas lundi au sommet du tennis mondial: à 34 ans, l'Américaine va céder sa couronne à l'Allemande Angelique Kerber, mais il ne pourrait s'agir que d'un prêt à court terme.

Depuis quelques semaines déjà, le trône de la «reine Serena» vacillait: Karolina Pliskova, avec ses services surpuissants, l'a fait tomber sans ménagement en deux sets rondement menés 6-2, 7-6 (7/5) jeudi en demi-finale des Internationaux des États-Unis.

Le règne de l'Américaine s'est arrêté après 186 semaines consécutives, ce qui ne lui a pas permis d'améliorer le record de Steffi Graf, restée elle aussi au sommet du tennis mondial 186 semaines sans discontinuité d'août 1987 à mars 1991.

C'est l'un des records qui a échappé à la cadette des soeurs Williams qui pouvait également devenir la joueuse la plus titrée de l'histoire de l'ère Open si elle avait remporté à New York son 23e titre majeur.

Elle reste donc bloquée à 22 titres, comme Graf, mais pour son entraîneur Patrick Mouratoglou, il ne fait aucun doute qu'elle améliorera ce record et d'autres encore.

«Les records, elle les battra de toutes façons, elle n'est pas obsédée par cela», explique celui qui l'entraîne depuis 2012.

309 semaines au sommet

«Ce qui est très important pour elle, ce sont les tournois du Grand Chelem, elle veut en gagner le maximum, elle est en train d'écrire une page de l'histoire du tennis», avance le Français.

Et à ce titre, comme il le reconnaît lui-même, l'exercice 2016 n'est pas satisfaisant: «Un seul titre du Grand Chelem (Wimbledon, NDLR), ce n'est clairement pas assez pour Serena».

Comme souvent après ses (rares) défaites - elle a concédé jeudi sa 6e de la saison, la 11e de sa carrière à Flushing Meadows et la 43e en Grand Chelem! -, l'intéressée n'a guère été loquace: elle a refusé de se projeter dans l'avenir, d'analyser sa saison ou même d'évoquer la perte de sa première place au classement de la WTA qu'elle a occupée au total 309 semaines (377 pour Graf), la première fois en juillet 2002.

À court terme, elle pourrait très rapidement récupérer son bien: comme elle avait mis fin à sa saison après les Internationaux des États-Unis de 2015 où elle avait déjà chuté en demi-finales, elle n'a donc aucun point à défendre dans les semaines à venir et tout ce qu'elle engrangera en Asie sera donc du bonus.

«La première place, elle la récupérera quand elle l'aura décidé», assure ainsi Mouratoglou.

«J'adore gagner»

Mais, pour la première fois depuis longtemps, Williams ne semble plus en position de dicter sa loi sur le circuit féminin où ses rivales, plus jeunes, ne semblent plus faire aucun complexe.

Kerber, 28 ans, a disputé trois des quatre finales des tournois du Grand Chelem de l'année. L'Espagnole Garbine Muguruza s'est imposée, à 22 ans, à Roland Garros et la Roumaine Simona Halep semble capable de s'offrir rapidement un titre majeur.

D'autant que Williams, qui a disputé plus de 900 matchs depuis ses débuts sur le circuit en 1995, n'est, logiquement, pas épargnée par l'usure physique.

Son genou gauche - blessé depuis le deuxième tour selon elle, depuis le troisième set de son quart de finale selon son entraîneur - coince régulièrement, mais sa motivation est intacte, assure Mouratoglou.

«Il faut éviter de trop en faire, il faut être intelligent dans la programmation: si c'est le cas, elle peut encore jouer quelques années. On ne peut pas courir plusieurs lièvres à la fois, une carrière cela se gère», insiste-t-il.

«Je suis une perfectionniste, j'adore gagner», a glissé la «reine Serena», avant de quitter Flushing Meadows jeudi soir..