Des défis comme celui d'hier, Françoise Abanda n'en rencontre pas tous les jours. Et pour une joueuse qui, de son propre aveu, n'était pas dans les meilleures dispositions, elle s'en est plutôt bien tirée.

Confrontée à la 20e joueuse mondiale, Abanda a tout donné sur le terrain. La Québécoise s'est finalement inclinée, 7-6 (2) et 7-6 (3), devant l'Ukrainienne Elina Svitolina, dans un match de deuxième tour à la Coupe Rogers.

C'était seulement la quatrième fois de sa carrière qu'Abanda se frottait à une joueuse du top 20 mondial. Chaque fois, elle a perdu, mais hier était certainement un de ses meilleurs efforts.

Abanda n'a pourtant pas manqué de chances d'au moins forcer la tenue d'une troisième manche, par exemple aux 10e et 12e jeux, servant chaque fois pour la manche. Sans oublier le jeu décisif ultime, quand elle s'est emparée d'une avance de 3-0 en partant.

« J'ai joué un gros match [mardi], a rappelé la 272e raquette mondiale. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour me reposer, je me suis couchée tard et je devais me lever tôt. Mentalement, ça a eu un impact. Quand j'arrivais au bris d'égalité, surtout en deuxième manche, je ressentais de la fatigue mentale.

« Dans les moments clés du match, il me manquait quelque chose, c'est dommage. J'ai raté mes chances. »

STABILITÉ RECHERCHÉE

Si la fatigue ne l'a pas aidée, un autre facteur jouait contre elle. C'est que la jeune dame de 19 ans est essentiellement une orpheline du tennis, toujours à la recherche d'un entraîneur.

Après avoir collaboré quelques années avec Simon Larose, elle a eu ce qu'elle qualifie d'« essais » avec le Mexicain Bruno Echagaray et le Portugais António van Grichen. Des essais éphémères.

Cette instabilité, à ses yeux, lui a quelque peu nui dans les derniers mois, ce qui peut expliquer pourquoi elle a perdu sa place parmi les 200 meilleures au monde.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

C’était seulement la quatrième fois de sa carrière que Françoise Abanda se frottait à une joueuse du top 20 mondial.

En coulisses, on raconte que la difficulté de trouver un entraîneur peut s'expliquer par une attitude problématique. Sylvain Bruneau, le responsable de l'élite féminine à Tennis Canada, n'avait pas hésité à mettre en doute les habitudes de travail d'Abanda, l'année dernière, lors de la Coupe Rogers.

« À ce niveau-là, 100 % d'effort, ce n'est pas suffisant », avait-il déclaré au collègue Michel Marois. « Françoise doit être prête à en faire beaucoup plus si elle veut vraiment réaliser son potentiel. Pour l'instant, ce n'est pas le cas. »

LA PORTE S'OUVRE POUR FLUSHING MEADOWS ?

Avec cette élimination au deuxième tour, Abanda engrangera de précieux points - 60, en fait -, une mine d'or considérant qu'elle n'en compte que 168 au classement.

Au moment d'écrire ces lignes, ces points lui permettent d'atteindre le 228e rang mondial, un chiffre qui peut encore quelque peu changer d'ici à la prochaine mise à jour, lundi, au gré des autres résultats.

Quoi qu'il en soit, elle s'approchera ainsi d'un accès aux qualifications des Internationaux des États-Unis, généralement accessibles à partir du 210e, 220e rang mondial.

D'ici là, elle prévoit participer aux Challengers de Granby et de Gatineau afin d'accumuler d'autres points.

« Ce serait formidable de pouvoir y participer [aux Internationaux des États-Unis], a-t-elle admis. Sinon, je pourrai participer à d'autres tournois, et j'espère jouer à Québec. »