Milos Raonic a mis la table pour un week-end mémorable pour le tennis canadien, et il l'a fait en éliminant un des meilleurs joueurs de l'histoire.

Raonic a vaincu Roger Federer 6-3, 6-7 (3), 4-6, 7-5, 6-3 à la suite d'un marathon de tennis de trois heures et 24 minutes pour devenir le premier tennisman canadien à atteindre une finale d'un tournoi du Grand Chelem. Le compatriote de Raonic, Denis Shapovalov, est pour sa part revenu de l'arrière pour éliminer 4-6, 7-6 (5), 6-2 le favori, le Grec Stefanos Tsitsipas, chez les juniors.

Raonic atteint donc la finale d'un Grand Chelem à sa troisième tentative, lui qui s'était incliné en demi-finale de Wimbledon - devant ce même Federer - en 2014 et à Melbourne, plus tôt cette année.

L'Ontarien fera face au Britannique Andy Murray, deuxième tête de série, qui a battu le Tchèque Tomas Berdych, classé 10e, 6-3, 6-3, 6-3 dans l'autre demi-finale.

«Ça aura un bien plus grand impact si je peux gagner la finale, a déclaré Raonic à la BBC. C'est là-dessus que je dois porter mon attention en premier. Je dois y mettre toute mon énergie.»

Eugenie Bouchard était devenue la première Canadienne à participer à la finale d'un Grand Chelem quand elle s'était inclinée en deux sets devant la Tchèque Petra Kvitova sur la pelouse du All England Club en 2014.

Trois bris opportuns auront permis à Raonic, qui a également pu compter sur son puissant service, de se détacher du Suisse classé au troisième rang mondial.

Dès le quatrième jeu de la première manche, Raonic a pu s'imposer au retour. Prenant alors les devants 3-1, Raonic n'a eu qu'à protéger son service pour gagner la manche.

Après avoir repris le contrôle de la rencontre en remportant les deux manches suivants - signant, au troisième set, son unique bris du match en neuf occasions -, le Suisse de 34 ans a offert la quatrième manche sur un plateau d'argent à Raonic.

Au service avec le Canadien en avance 6-5, Federer a bousillé une avance de 40-0 pour offir à Raonic un deuxième bris et l'occasion de provoquer la tenue d'un set ultime.

Federer a dû recevoir la visite du soigneur pour un malaise à la cuisse droite au cours de la pause.

Raonic a inscrit son troisième bris au quatrième jeu de cette manche pour prendre les devants 3-1. Quelques jeux plus tard, Federer a chuté en tentant de rejoindre un revers de Raonic, se tordant la cheville gauche. Il a d'ailleurs dû recevoir en plein jeu une aide médicale.

Le Suisse semblait touché au genou gauche cette fois.

Fort de ce bris, Raonic s'est contenté d'échanger les services avec son adversaire. Il a mis un point d'exclamation à cette victoire en remportant le neuvième et dernier jeu à zéro, complétant la rencontre avec 23 as contre 16.

D'ailleurs, l'Ontarien de 25 ans a largement dominé au chapitre des coups gagnants - 75 contre 49 -, même s'il a commis près de trois fois plus de fautes directes, à 40 contre 14.

Avant cette défaite, Federer n'avait jamais perdu en 10 demi-finales à Wimbledon, qu'il a gagné sept fois.

Il détenait aussi l'avantage 9-2 dans les affrontements contre Raonic. Le Canadien a cependant démontré qu'il peut livrer bataille à l'un des meilleurs au monde, qu'il avait battu en deux manches pour gagner les Internationaux de Brisbane en début d'année.

Il attribue une partie de ses succès à son nouvel entraîneur, John McEnroe.

«(Vendredi), il m'a dit: «Laisse tout sur le court'. J'ai démontré beaucoup d'émotion, toujours positive, et je pense que ça m'a aidé mentalement. J'ai joué l'un de mes meilleurs matchs en carrière et je pense que ça a fait une grosse différence.»

McEnroe observera son élève comme commentateur

Pendant que Milos Raonic luttait pour une place en finale à Wimbledon, John McEnroe l'observait de près.

Par contre, le triple champion à l'All England Club n'était pas dans la loge des joueurs aux côtés des autres entraîneurs du tennisman canadien. Il était plutôt à son poste de commentateur, pour son travail d'analyste à la télévision.

«Ça ne change pas grand-chose, a dit Raonic, qui a commencé à travailler avec McEnroe le mois dernier, avant le début de la saison sur gazon. Je me souviens quand j'étais au troisième tour, il m'a envoyé un message me disant: «Ils veulent que je commente ton match. As-tu des objections? Si tu veux, je peux demander de commenter un autre match».

«Je lui ai dit que ça ne me dérangeait pas. Que j'espérais qu'il se retrouve dans une position où il n'y a pas d'autre match à commenter.»

Ce sera le cas dimanche, quand Raonic sera opposé à Andy Murray en finale de Wimbledon.

Raonic a atteint la finale d'un tournoi du Grand Chelem pour une première fois en carrière, vendredi, grâce à une victoire de 6-3, 6-7 (3), 4-6, 7-5, 6-3 contre le septuple champion à Wimbledon Roger Federer. Quand le match a pris fin, plusieurs journalistes ont questionné Raonic sur l'influence de McEnroe.

Le premier Canadien à atteindre la finale d'un tournoi majeur a mentionné qu'il parlait un peu plus sur le court, quelque chose qui a rendu célèbre McEnroe - pour les bonnes et les mauvaises raisons.

«Je pense qu'il met l'accent sur ce point-là, a noté Raonic. J'avais souvent le besoin de me calmer pour m'empêcher de perdre le contrôle.

«Il a mentionné des choses qu'il avait remarquées. Il m'a dit que j'étais trop calme, qu'il fallait laisser sortir l'énergie sur le terrain.»

Les autres entraîneurs de Raonic sont l'ancien numéro 1 mondial et champion des Internationaux de France en 1998 Carlos Moya, ainsi que Ricardo Piatti. Mais si Raonic triomphe dimanche, ce sera McEnroe, champion à Wimbledon en 1981, 1983 et 1984, qui recevra des fleurs.

Et ça ne dérange pas du tout Raonic.

«Si ça veut dire que j'ai gagné à Wimbledon, ça m'importe peu!», s'est exclamé l'Ontarien de 25 ans.

Shapovalov pour venger Auger-Aliassime

Chez les juniors, Shapovalov, cinquième tête de série, a profité du manque d'opportunisme de Tsitsipas pour se faufiler en finale. L'Ontarien originaire de Tel Aviv, en Israël, a sauvé 12 des 14 balles de bris qu'il a offertes à son adversaire.

De son côté, il a été beaucoup plus efficace en pareilles occasions, convertissant trois des quatre occasions de bris.

Shapovalov a également réussi plus de coups gagnants que le Grec, 44 contre 28.

En finale, il pourra venger l'élimination de son compatriote Félix Auger-Aliassime en se mesurant à l'Australien Alex De Minaur. La septième tête de série, qui avait éliminé le Québécois en quarts, a eu raison de l'Américain Ulises Blanch, no 2, 6-3 et 6-2, grâce à trois bris de service.

- Avec AP