Mardi soir, pendant la conférence de presse après sa défaite contre la Chinoise Duan Ying-Ying, Eugenie Bouchard a déclaré: «Il y a quelques mois, quand j'ai perdu à Indian Wells ou à Miami, je n'ai pas pensé que c'était la fin du monde, mais plusieurs personnes l'ont pensé.

«Nous sommes plus près de la fin du monde aujourd'hui, c'est sûr...»

L'image résumait bien la frustration de la Québécoise à l'idée d'avoir encore subi la défaite au premier tour en Grand Chelem, d'avoir perdu tous les points récoltés l'an dernier en finale à Wimbledon et de se retrouver bientôt plus près du 50e rang mondial que du premier.

Plus tôt cette semaine, Bouchard avait raconté avoir reçu le soutien de plusieurs anciens joueurs et entraîneurs, de la grande Chris Evert notamment. L'Américaine, championne de 18 titres en Grand Chelem, a souvent côtoyé la Québécoise et elle est l'une de celles qui l'ont toujours encouragée.

Cette fois, toutefois, elle a voulu remettre les pendules à l'heure. «Eugenie n'a pas connu une saison vraiment exceptionnelle l'an dernier, a-t-elle souligné ici dans un point de presse d'ESPN. Elle a bien fait en Grand Chelem, certes, mais pas dans les autres tournois.

«Et elle a aussi été chanceuse. Ici, à Wimbledon, elle a été l'une des rares à pouvoir terminer son match de troisième tour le premier samedi, malgré une pluie qui a retardé le jeu pendant cinq heures. Presque toutes les autres ont dû patienter au lundi ou au mardi. Et Serena Williams, qu'elle aurait pu affronter plus tard dans le tournoi, a été éliminée ce samedi-là...»

Evert, qui a rappelé avoir elle-même connu des périodes plus difficiles pendant sa carrière malgré un palmarès étincelant, a insisté sur l'importance pour Bouchard de se poser quelques questions. «Je ne suis pas certaine qu'elle ait pris la meilleure décision en se séparant de [son entraîneur] Nick Saviano [pour aller travailler avec Sam Sumyk], a-t-elle expliqué. Il la connaissait depuis longtemps et savait la mettre en confiance.

«Mais ce n'est pas le plus important. C'est surtout le temps pour elle de revoir ses priorités. Je crois que si elle veut vraiment retrouver son niveau de jeu, elle doit en faire sa priorité et oublier un peu les couvertures des magazines pour l'instant... C'est à elle de décider, mais si elle le veut vraiment, elle devra puiser au fond d'elle-même l'énergie pour travailler sur son jeu et uniquement sur cela, sans aucune distraction.»

Trop talentueuse pour ne pas rebondir

Moins sévère envers Bouchard, son compatriote Vasek Pospisil a raconté mardi qu'il compatissait à ses ennuis. «Ce n'est pas facile quand on est en panne de résultats, a-t-il insisté. Chaque défaite devient plus grosse que la précédente, et on ne voit plus comment on pourra s'en sortir.

«La confiance écope, la motivation aussi. Mais Genie est trop talentueuse pour ne pas rebondir. Elle doit s'accrocher, continuer de travailler, et les choses vont se replacer.»

Bouchard elle-même a bon espoir de rebondir. «Je sais que je ne suis pas la seule à vivre une telle situation. C'est certainement une période difficile, mais je sais que si je continue de travailler, si je recommence à jouer comme j'en suis capable, les succès ne seront que plus précieux!»