C'est dans les tournois du Grand Chelem que les championnes bâtissent leur légende et Eugenie Bouchard possède un don remarquable pour briller dans ces occasions. Depuis un an, la Canadienne a toujours atteint au moins le quatrième tour dans les quatre grands rendez-vous et elle y est encore, cette année, aux Internationaux d'Australie.

Alors que plusieurs joueuses, même parmi les meilleures, paraissent écrasées par la pression en Grand Chelem - on l'a encore vu hier avec l'adversaire d'Eugenie, la Française Caroline Garcia -, Bouchard semble y trouver une force mentale encore plus grande.

La septième favorite du tournoi en a donné une belle démonstration, vendredi, sur le court central du stade Rod Laver. Après avoir commis 13 fautes directes dans une première manche très brouillonne (sept bris de service par les deux joueuses), Bouchard n'en a commis que quatre dans la seconde.

«Entre les deux manches, je me suis remis de la crème solaire sur le visage et j'ai tenté de me détendre avec une serviette glacée. Je ne me rappelle pas m'être dit quelque chose... C'était un peu vide là-haut», a-t-elle blagué en pointant sa tête.

«J'ai toutefois senti que je devenais moins tendue. J'étais très heureuse d'avoir enlevé la première manche, mais je n'étais pas satisfaite de mon jeu. Je sais que je peux jouer un bien meilleur tennis, et en retournant sur le court, j'ai pensé: «Allez, tu dois jouer ton meilleur tennis maintenant.» Et c'est un peu ce que j'ai fait à partir du début de la deuxième manche...»

Présentée ainsi, la recette paraît simple, mais ce ne sont vraiment que les meilleures qui peuvent ainsi passer à la vitesse supérieure dans les situations importantes.

Et il faut beaucoup d'assurance pour le faire.

Une confiance en son équipe

Les succès de Bouchard montrent qu'elle ne s'est pas laissé perturber par tous les changements survenus dans son entourage au cours des derniers mois. Bien au contraire, elle semble plus sereine. Sylvain Bruneau, responsable de l'élite féminine à Tennis Canada, est à Melbourne et il occupe une place plus grande dans l'équipe d'Eugenie, aux côtés de l'entraîneur Diego Ayala.

«Eugenie et son ancien entraîneur Nick Saviano travaillaient ensemble depuis plusieurs années et il lui apportait une certaine sécurité, a souligné Bruneau en entrevue. Mais elle [Bouchard] souhaitait aller dans une autre direction. Jusqu'ici, elle montre qu'elle est encore meilleure que l'an dernier. Elle est en meilleure forme physique et frappe la balle encore plus solidement.»

Bouchard travaille maintenant avec l'entraîneur argentin Diego Ayala, un ancien de l'école de Saviano en Floride, tandis qu'elle a conservé le même préparateur physique, Scott Burns.

«La communication est très bonne au sein de l'équipe», a estimé Bruneau, capitaine de l'équipe canadienne de Fed Cup, qui connaît Bouchard et sa famille depuis ses débuts en compétition. À Melbourne, il joue un rôle de conseiller et constitue une présence rassurante auprès d'Eugenie.

«La chimie est très bonne aussi, a-t-il noté. Diego a déjà beaucoup aidé Eugenie en quelques semaines. Elle l'apprécie vraiment et lui fait confiance pour bien préparer les matchs. Il y a une belle équipe autour d'elle et ça semble bien fonctionner jusqu'ici.»

Bouchard et son équipe subiront un autre test demain face à la Roumaine Irina-Camilia Begu, la 42e mondiale, qui a vaincu la neuvième favorite Angelique Kerber, en trois manches, au premier tour.

«Je ne la connais pas, en fait, je ne savais même pas qu'elle avait gagné, a avoué Bouchard en conférence de presse. Je vais en parler un peu avec mon entraîneur avant l'entraînement [samedi], mais je veux surtout me concentrer sur mon propre jeu.»

Begu n'avait jamais franchi le deuxième tour en 15 tournois du Grand Chelem et ce serait une grosse surprise si elle battait Bouchard demain.

À Québec pour la Fed Cup?

L'équipe canadienne de Fed Cup disputera une importante rencontre du Groupe mondial I, contre la puissante formation tchèque, dans deux semaines à Québec, et tous les amateurs espèrent évidemment qu'Eugenie Bouchard sera présente. Le capitaine Sylvain Bruneau est du groupe et il n'a toujours obtenu aucune confirmation de la part de sa joueuse vedette. Celui qui fait partie de l'équipe d'entraînement de la Canadienne à Melbourne a simplement indiqué en entrevue qu'il avait «bon espoir» de voir Eugenie à Québec. En principe, l'équipe serait complétée par Sharon Fichman (135e), Gabriela Dabrowski (60e en double) et la débutante Françoise Abanda (202e); la jeune Carol Zhao (298e) est réserviste.

Malheureusement, chaque victoire de Bouchard en Australie l'éloigne probablement de Québec. En 2014, il y avait une semaine complète de pause entre la fin des Internationaux et les rencontres de Fed Cup. Cette année, il n'y en a pas. De plus, Bouchard est déjà engagée au tournoi d'Anvers, immédiatement après la Fed Cup, et elle a indiqué en début d'année qu'elle souhaitait jouer un peu moins souvent qu'en 2014...

En chiffre

30

On l'a vite oublié, mais Eugenie Bouchard n'était que la 30e favorite, il y a un an, aux Internationaux d'Australie. Cela n'a pas empêché la Canadienne d'atteindre les demi-finales, le premier coup d'éclat d'une saison qui lui a permis de rejoindre le top 10 mondial. Cette année, elle est la septième favorite.