Pratiquement toutes les grandes championnes des dernières décennies sont à New York cette semaine pour les Internationaux des États-Unis, plusieurs d'entre elles travaillant pour les réseaux de télévision.

C'est ainsi qu'on peut croiser tous les jours les Evert, Navratilova, Shriver, Austin, Fernandez, pour n'en nommer que quelques-unes.

Et ces grandes dames du tennis ont des conseils pour Eugenie Bouchard, une joueuse qu'elles admirent toutes, sans exception, mais qui a aussi beaucoup à apprendre.

Mary-Jo Fernandez, qu'on voit souvent sur les courts pour les entrevues d'après-match, a été particulièrement précise dans ses conseils. Plus jeune gagnante d'un match dans l'histoire du circuit féminin, à 13 ans et 6 mois, l'Américaine n'a jamais pu vraiment confirmer ses succès précoces.

«Le plus difficile, c'est d'être le centre d'attention, a raconté Fernandez. Moi aussi, je me suis retrouvée à la une du New York Times, sur tous les plateaux de télévision, et ça m'impressionnait beaucoup. Puis, un jour, j'ai compris que je devais arrêter de lire tout ce qu'on écrivait sur moi, même quand c'était positif.

«Eugenie est déjà très mature et elle a visiblement une bonne idée de ce qu'elle veut réussir dans sa carrière. Mais on voyait cette semaine qu'elle était impressionnée par toute l'attention qu'on lui accordait. C'est une question d'expérience, bien sûr, mais elle doit vite le comprendre.»

Tracy Austin, une autre jeune prodige des années 70 et 80, analyse les matchs au Tennis Channel et elle a suivi avec intérêt le parcours de la Canadienne à New York, autant sur les courts qu'à l'extérieur. «J'ai lu qu'elle était en négociations avec des agences de management, qu'elle avait été pressentie par de gros commanditaires, a raconté Austin. Tout cela est important - ça fait aussi partie de la carrière d'une joueuse de tennis -, mais ça relève justement d'un agent, d'un conseiller.

«À partir d'un certain point, il faut pouvoir garder la tête au tennis... et seulement au tennis. C'est le prix à payer pour espérer devenir numéro un. Genie en a les moyens, et on m'assure que son éthique de travail est irréprochable. Si elle réussit à se concentrer là-dessus, elle va encore progresser.»

Ce sera pourtant difficile pour Bouchard de répéter ses exploits en Grand Chelem la saison prochaine. Même si elle n'a atteint que le quatrième tour à New York, aucune autre joueuse n'a fait aussi bien qu'elle cette année, et seules les meilleures ont déjà atteint au moins trois demi-finales en Grand Chelem la même année.

La défaite, une bonne chose

Chris Evert, l'une des plus grandes «admiratrices» de Bouchard, a souligné hier que la défaite de la Québécoise était sans doute une bonne chose. «La pression vient souvent des attentes que les autres ont pour vous, et c'est évident que les attentes des amateurs étaient très élevées pour Bouchard», a souligné l'Américaine.

«Je l'ai souvent côtoyée cette saison, et elle est vraiment l'une des joueuses les plus populaires du circuit. Dans l'ensemble, je trouve qu'elle compose bien avec cette popularité. Elle est à l'aise avec le public, s'exprime bien devant les journalistes et dans les médias sociaux. Mais cela la confronte aussi aux attentes de ce public qui veut toujours la voir gagner.

«C'est un beau problème - la plupart des joueuses du circuit échangeraient leur place avec celle de Genie -, mais elle devra apprendre à oublier les attentes des autres et à se concentrer sur ses propres objectifs.»

En quelque sorte, c'est l'apprentissage du vedettariat que devra maintenant poursuivre Bouchard. Un test plus difficile qu'il n'en a l'air et auquel plusieurs ont échoué avant elle. Mais si on se fie aux grandes championnes du passé, Eugenie a toutes les chances de le passer avec succès.