Milos Raonic aura droit à un adversaire hors norme, aujourd'hui, au troisième tour des Internationaux des États-Unis. Originaire de la République dominicaine, Victor Estrella Burgos a suivi un parcours mouvementé avant d'atteindre cette année, à 34 ans, le top 100 mondial.

Issu d'un milieu modeste, Estrella Burgos racontait hier en conférence de presse qu'il se souvenait d'une époque où il limitait la pression du cordage de sa raquette de crainte de ne pas pouvoir s'en payer un nouveau! «Et ça m'est souvent arrivé de ne plus avoir un sou et de devoir absolument gagner un match afin de payer le déplacement vers le prochain tournoi...»

Faute de moyens, il était devenu entraîneur au milieu des années 2000, mais des amis l'ont convaincu de tenter sa chance à nouveau sur le circuit masculin. Tenace, il a écumé les Futures pendant cinq ans avant de remporter un premier Challenger en 2011, à déjà plus de 30 ans. Après qu'une blessure l'eut stoppé pendant six mois, en 2012, il est revenu encore plus fort et a accédé au top 100 en mars 2014.

Alors que les meilleurs joueurs logent dans des condos ou des hôtels luxueux de Manhattan, Estrella Burgos et plusieurs membres de sa famille se retrouvent au même hôtel-suite familial que de nombreux journalistes (dont l'auteur de ces lignes...). Le matin, au petit-déjeuner, l'ambiance est à la fête autour du buffet.

Des appuis bruyants

«J'avais dit au début du tournoi que quelques partisans dominicains pouvaient faire plus de bruit que 100 partisans américains. Et là, on dirait qu'il y en a beaucoup plus que 100! Leur soutien est extraordinaire», nous a raconté Estrella Burgos, hier matin.

Une importante communauté dominicaine vit à New York. Plus habitués à supporter les Mets de New York, ses membres découvrent cette année les INternationaux des États-Unis. «Le tennis n'est pas un sport majeur dans mon pays et reste réservé aux privilégiés», a expliqué Estrella Burgos, qui est déjà assuré de toucher la plus importante bourse de sa carrière (105 000$, s'il perd au troisième tour).

«Je vis présentement les plus beaux jours de ma carrière, mais j'espère que ces succès vont attirer l'attention des dirigeants du sport de mon pays. Et qu'ils inspireront aussi la prochaine génération de joueurs de tennis dominicains!»

Ce matin, à 11h, Milos Raonic affrontera donc beaucoup plus qu'un petit (5'8) joueur coriace et infatigable. Et comme le match sera disputé dans le Grandstand, sur le court le plus animé du Centre Billie Jean King, il aura peut-être besoin de bouchons dans ses oreilles pour garder sa concentration!