La défaite d'Eugenie Bouchard, mardi à la Coupe Rogers, a moins surpris son entourage que le public.

Sa garde rapprochée savait qu'elle n'attaquait pas ce tournoi dans des conditions optimales.

«Elle voulait absolument disputer ce tournoi à Montréal, même si elle n'était pas parfaitement prête, a confié hier à La Presse Sylvain Bruneau, entraîneur de l'équipe féminine canadienne. La longue pause après Wimbledon n'a pas aidé, mais ce repos était essentiel, car elle était crevée après son parcours à Roland-Garros et à Wimbledon. Ce n'était pas un luxe. Ça faisait deux mois qu'elle était dans ses valises.

«Ses genoux avaient aussi besoin d'un répit, a ajouté Sylvain Bruneau. Elle a donc fait l'impasse sur le tournoi de Washington [sur ciment], qui lui aurait servi de préparation pour Montréal, et son entraînement n'a pas été aussi intensif de façon à mieux récupérer.»

Seulement trois joueuses - Maria Sharapova, Petra Kvitova et Eugenie Bouchard - n'avaient pas joué depuis Wimbledon, au début du mois de juillet, note Sylvain Bruneau.

«Et encore, Sharapova et Kvitova n'étaient pas au repos forcé comme Eugenie, a indiqué le capitaine de l'équipe canadienne de la Fed Cup. Sans parler de la pression occasionnée par le fait de jouer à la maison. C'était toujours le cas pour les Françaises, dont Amélie Mauresmo lorsqu'elle participait au tournoi de Roland-Garros.»

Une qualifiée dangereuse



L'entourage d'Eugenie Bouchard craignait ce match contre une joueuse issue des qualifications. «Je comprends l'amateur moyen d'être abasourdi [par la défaite], a dit Sylvain Bruneau. Tu regardes ça de l'extérieur, la 7e au monde contre la 113e, on croit que c'est chose faite, mais non, pas vraiment. D'abord, l'écart s'est beaucoup resserré entre la 100e mondiale et la 10e ces dernières années, et la joueuse qualifiée a toujours au moins deux matchs de préparation pour se dérouiller avant que ne débute la première ronde.

«Shelby Rogers en était déjà à un quatrième match depuis samedi, tandis qu'Eugenie n'avait pas joué depuis Wimbledon, a précisé Sylvain Bruneau. L'Américaine a eu le temps de trouver ses repères, et elle joue un tennis qui peut faire mal. Elle possède un bon gabarit, un bon coup droit, et elle jouait de façon très détendue, n'ayant rien à perdre, tandis qu'Eugenie était plus crispée, un peu.»

Le passage du gazon au ciment du stade Uniprix ne constitue pas un facteur majeur pour Sylvain Bruneau, même si, dans un monde idéal, Eugenie Bouchard aurait disputé quelques matchs sur ciment avant l'épreuve de Montréal. «Elle a quand même pu bénéficier d'une dizaine de jours d'entraînement pour retrouver son synchronisme sur le ciment. Ce n'est pas comme si elle avait eu à passer directement du gazon à la terre battue sans le moindre entraînement, comme ça peut arriver après une rencontre de la Fed Cup, par exemple.»

Cette défaite, bien que décevante, ne laissera pas de traces, estime Sylvain Bruneau. «Ce n'est pas son style. De toute façon, elle comprend la game. Et ce n'est pas sa première défaite en première ronde cette année. Elle a perdu dès la première ronde en Hollande avant le tournoi de Wimbledon, et aussi à Rome et à Madrid.»

Vérification faite, il s'agissait cette saison de sa septième défaite au premier tour. Ce qui ne l'a pas empêchée de faire ce prodigieux bond jusqu'au septième rang mondial en 2014...