Elle attaque constamment son adversaire. Elle est avantagée sur le gazon. Elle a atteint très jeune sa première finale de Grand Chelem.

Non, il ne s'agit pas d'Eugenie Bouchard mais de son adversaire samedi matin en finale de Wimbledon, Petra Kvitova. Championne de Wimbledon en 2011, la Tchèque, 21 ans et 62e joueuse mondiale à l'époque, avait surpris en finale la favorite Maria Sharapova avec son puissant service et son jeu d'attaque en fond de terrain. Une victoire qui l'a propulsée au deuxième rang mondial quelques mois plus tard, mais cette athlète plutôt réservée qui ne recherche pas les projecteurs a eu de la difficulté à gérer son nouveau statut.

«Je n'étais pas prête à toute l'attention qui venait avec une telle victoire, raconte Kvitova, aujourd'hui âgée de 24 ans et classée sixième au monde. J'avais trop d'attentes envers moi-même après ce titre. Je pensais que je devais gagner chaque match parce que j'étais une championne de Grand Chelem et que tout le monde s'attendait au meilleur de moi-même. Ça ne fonctionne pas comme ça.»

En Petra Kvitova, Eugenie Bouchard, 13e raquette mondiale, aura devant elle une adversaire fort différente des six rivales qu'elle a vaincues pour disputer aujourd'hui sa première finale du Grand Chelem à seulement 20 ans. Contrairement à Alizé Cornet (tombeuse de Serena Williams), Angelique Kerber (tombeuse de Maria Sharapova) ou son adversaire en demi-finale Simona Halep, Kvitova mise sur l'attaque plutôt que sur la relance pour gagner ses matchs. À 6'0, elle a l'un des services les plus craints sur le circuit féminin.

«Elle a des coups plus puissants que mes autres adversaires. Elle va essayer d'attaquer, mais je vais faire la même chose. Ce sera important de bien commencer les points. Le premier coup va décider [de l'issue] des points», dit Bouchard, première Canadienne à disputer la finale d'un tournoi du Grand Chelem.

La même routine «plate»

Même si elle s'apprête à disputer le match le plus important de sa jeune carrière, l'ahtlète de Montréal reste calme et n'a pas modifié sa routine d'un iota vendredi. «C'est important pour moi d'avoir la même routine, dit-elle. Ça peut paraître plate, mais ça m'aide à jouer mon meilleur tennis. Je suis fière de ce que j'ai accompli à Wimbledon, mais le travail n'est pas terminé. C'est un grand tournoi et un grand moment pour moi, donc je vais essayer d'en profiter le plus possible.»

Le clan Bouchard est conscient que l'athlète de 20 ans disputera son match le plus difficile du tournoi samedi matin à 9 h, heure du Québec, sur le court central. Malgré ses hauts et ses bas, Kvitova est particulièrement à l'aise sur le gazon du All England Club, où elle a toujours atteint les quarts de finale depuis 2010. «Petra Kvitova a un jeu sur mesure pour le gazon, dit Sylvain Bruneau, capitaine de l'équipe canadienne de la Coupe Fed. Elle a l'un des plus gros services sur le circuit, elle est capable de faire différentes choses avec son service de gauchère. Elle frappe fort. C'est l'adversaire la plus offensive qu'Eugenie a affrontée durant le tournoi.»

Bouchard et Kvitova se connaissent peu, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel. Elles ne se sont jamais entraînées ensemble et ne se sont affrontées qu'une fois en tournoi, l'athlète tchèque l'ayant emporté 6-3 et 6-2 au deuxième tour de la Coupe Rogers l'été dernier. Une victoire qui ne voudra rien dire en finale de Wimbledon, selon Kvitova. «C'était il y a longtemps et sur surface dure, dit-elle. Cette fois-ci, ce sera un match complètement différent. Je dois jouer mon jeu, utiliser mon service de gauchère, être combative.»

Il s'agit de la première finale du Grand Chelem mettant aux prises deux joueuses nées dans les années 90. Bouchard passera assurément du 13e au 7e rang mondial lundi, et au 6e rang si elle gagne le tournoi. Kvitova prendra le quatrième rang, derrière Serena Williams, Li Na et Simona Halep. La championne de Wimbledon touchera 3,2 millions CAN (1,76 million de livres sterling), la finaliste, 1,6 million CAN (880 000 livres sterling).