Côté spectacle, rebondissements et émotions fortes, Eugenie Bouchard n'avait pas l'intention de rivaliser avec ses prédécesseurs jeudi sur le court no 3 du All England Club. «Ce fut une journée un peu folle», a-t-elle dit en souriant.

Après avoir été gâtés par deux duels qui se sont étirés au-delà de la limite de 6-6 à la cinquième manche (10-8 pour Kyrgios-Gasquet, 14-12 pour Tsonga-Querrey), les spectateurs du court no 2 ont eu droit à une victoire expéditive de Bouchard, qui a mis une heure et six minutes pour atteindre le troisième tour à Wimbledon. L'athlète de Montréal a vaincu l'Espagnole Silvia Solar-Espinosa, 75e au monde, en deux manches de 7-5 et 6-1, après quelques heures à attendre son tour au vestiaire.

«Je n'ai jamais été dans une situation comme ça, avoir à attendre deux matchs de cinq manches (le match Tsonga-Querrey avait été suspendu la veille à 9-9 à la cinquième manche), a-t-elle raconté. C'était vraiment bizarre. Je ne me rappelle plus le nombre de fois où je me suis échauffée (une séance d'échauffement sans raquette) au cas où ce serait mon tour. J'étais juste contente que ce n'était pas un match comme Isner-Mahut (70-68 au dernier set en 2010). Gasquet a eu plusieurs balles de match, et j'étais là: "Allez!"»

«L'horaire est un aspect difficile du tennis car il n'y a pas de limite de temps, continue-t-elle. Au hockey ou au basket, les athlètes savent des mois d'avance à quelle heure ils vont jouer. Mais bon, ça fait des bonnes histoires à raconter...»

Une fois sur le terrain, Bouchard semblait elle aussi en route pour jouer un match marathon, bien que le simple dames se dispute au meilleur de trois manches, au lieu de cinq. Mais à 5-5 à la première manche, l'athlète montréalaise a brisé le service de son adversaire pour la deuxième fois de la manche quand cette dernière a envoyé son revers dans le filet. À 6-5 sur son service, Bouchard a converti sa première balle de manche grâce à un revers croisé gagnant. La deuxième manche a été expéditive, à sens unique en faveur de la Québécoise.

«Même si le match était serré à la première manche, je n'étais pas très inquiète. Elle mettait beaucoup de balles en jeu et faisait quelques coups coupés, et ça m'a pris un peu de temps pour m'adapter. Quand je l'ai fait, j'ai été capable d'avancer dans le terrain», dit Bouchard, qui estime avoir mieux joué jeudi que lors de sa victoire de 7-5 et 7-5 au premier tour contre Daniel Hantuchova, 34e au monde. «C'était important pour moi de tenter de terminer quelques points au filet, d'être agressive, en contrôle des points.»

Une revanche contre sa vieille rivale?

Au troisième tour samedi, l'athlète de 20 ans affrontera une vieille rivale: l'Allemande Andrea Petkovic. Même si Bouchard n'a commencé à temps plein sur le circuit professionnel qu'à l'été 2012, elles se sont déjà affrontées à trois reprises. La première fois à la Coupe Rogers en 2011; Petkovic, 10e au monde à l'époque, avait corrigé Bouchard, 17 ans, en deux manches identiques de 6-2.

«C'était une belle expérience à l'époque, mon premier laissez-passer au tableau principal de la Coupe Rogers, se souvient Bouchard. C'était gros pour moi! Je me rappelle que c'était serré au début du match puis qu'elle était beaucoup plus puissante que moi vers la fin. Mais j'ai beaucoup appris de ce match.»

Bouchard et Petkovic, 26 ans, ont croisé le fer deux autres fois depuis, dont en demi-finale du tournoi de Charleston sur terre battue. Deux victoires de Petkovic, chaque fois en trois manches. Mais samedi, c'est Bouchard, 13e tête de série, qui sera favorite en théorie contre Petkovic, 20e tête de série.

«C'est une battante. J'ai perdu quelques fois contre elle, mais je vais être très motivée à jouer mon meilleur tennis», a dit Bouchard, seule joueuse du circuit féminin à avoir atteint le carré d'as des deux premiers tournois du Grand Chelem en 2014.

Petkovic a elle aussi atteint la demi-finale de Roland-Garros, s'inclinant contre Simona Halep, alors que Bouchard a perdu contre Maria Sharapova.