Comme à l'Open d'Australie, Eugenie Bouchard a reçu des animaux en peluche de ses admirateurs dans la foule, lundi, après sa victoire au premier tour de Roland-Garros. «C'est bien de perpétuer la tradition», dit-elle.

Lorsqu'elle a reçu des animaux en peluche après son match, c'est bien le seul moment où Eugenie Bouchard s'est permis de rêvasser à ses exploits passés à l'Open d'Australie, le tournoi qui l'a transformée d'espoir à vedette du circuit féminin. «L'Open d'Australie fait partie du passé, dit l'athlète québécoise. J'ai appris, mais c'était il y a quelques mois. J'essaie d'aller de l'avant et de m'améliorer.»

À son premier match d'un tournoi du Grand Chelem depuis sa défaite en demi-finale de l'Open d'Australie contre l'éventuelle championne Na Li, Bouchard avait la tête à Paris et non pas dans ses souvenirs heureux de Melbourne.

Établie 18e tête de série de Roland-Garros, l'athlète de 20 ans s'est imposée facilement en deux manches de 6-0 et 6-2 contre l'Israélienne Shahar Peer, 88e au monde, lundi. «C'est une excellente joueuse et elle a contrôlé le match», a dit Peer.

Une entrée en matière convaincante, d'autant plus que Bouchard a gagné, samedi dernier, son premier tournoi sur le grand circuit féminin de la WTA. «Je suis en pleine confiance, dit-elle. Chaque fois que je vais sur le terrain, j'ai le sentiment que je peux remporter le match.»

De la même façon qu'elle ne vit pas dans le passé, Bouchard ne veut pas se projeter dans l'avenir et imaginer des scénarios trop rapidement en début de tournoi. «Je ne pense pas plus loin que ma prochaine adversaire mercredi», dit-elle. En l'occurrence l'Allemande Julia Goerges, 107e raquette mondiale, qui n'a jamais fait mieux que le troisième tour à Roland-Garros en cinq participations. La première véritable opposition pourrait venir au tour suivant, alors qu'un duel se dessine avec l'Italienne Flavia Pennetta, 12e tête de série, si la logique est respectée.

Advenant quelques victoires de suite comme en Australie, la Québécoise pourrait-elle devenir une coqueluche du public français, qui ne compte qu'une favorite locale (la Française Alizé Cornet) parmi les têtes de série en simple féminin? Déjà, après son premier match, un journaliste français lui a demandé si elle pouvait parler la langue de Molière avec un accent français. «Je pense que c'est un accent un peu plus anglais, a-t-elle répondu. Mon français était meilleur quand j'étais plus jeune, je le perds un peu maintenant. Je ne parle pas avec un accent québécois, alors au moins, ça c'est bon.»

- Vous arrivez à parler avec un accent québécois? lui a demandé son interlocuteur français.

«Je peux, oui, mais je ne veux pas maintenant», a-t-elle dit à la blague.

Les circonstances d'un premier titre

Le titre qu'elle a remporté la semaine dernière à Nuremberg, le premier de sa carrière, ne pouvait mieux tomber. Et il a été gagné dans des circonstances particulières.

Il s'agissait du cinquième et dernier tournoi préparatoire sur terre battue inscrit au calendrier d'Eugenie Bouchard. Cinq tournois de terre battue avant Roland-Garros, c'est beaucoup, mais l'athlète québécoise tenait à disputer beaucoup de tournois ce printemps.

Jusque-là, sa saison sur terre battue avait donné des résultats mitigés. Après une encourageante demi-finale à Charleston, où elle a vaincu une joueuse du top 10, Bouchard a perdu en quart de finale d'un tournoi de moindre envergure, au Portgual (contre Svetlana Kuznetsova, classée 29e au monde). Mais surtout, elle a perdu au premier tour à Rome et à Madrid, les deux tournois préparatoires les plus importants, où l'élite mondiale s'était donné rendez-vous.

«J'ai joué contre deux anciennes championnes de Roland-Garros et la troisième joueuse mondiale, donc je n'avais pas honte de moi d'avoir perdu (ces trois matchs), a dit Bouchard. J'ai essayé de garder la tête haute, pratiquer et travailler très fort. Au tennis comme dans la vie, vous avez des hauts et des bas. Était-ce un bas, je ne sais pas, mais j'ai continué de travailler fort.»

C'est alors que son entraîneur Nick Saviano et elle ont discuté de la possibilité de laisser tomber Nuremberg pour s'entraîner plus longtemps à Paris. Mais la discussion n'a pas été très longue. «Comme j'aime jouer des matchs, je me suis dit qu'il fallait que j'aille à Nuremberg, et j'ai pu m'entraîneur et travailler dur là-bas. Il faisait très froid, mais ça s'est bien passé...»