La numéro 1 française Marion Bartoli  a créé de nouveau la surprise mercredi, six semaines après avoir remporté le tournoi de Wimbledon, en annonçant qu'elle mettait fin à sa carrière, après sa défaite face à la Roumaine Simona Halep (3-6, 6-4, 6-1) au deuxième tour du tournoi WTA de Cincinnati (États-Unis).

«Il est temps pour moi de mettre un terme à ma carrière», a déclaré Marion Bartoli, 28 ans, lors d'une conférence de presse. «Mon corps n'arrive plus à tout supporter».

L'annonce intervient deux semaines avant l'US Open (26 août), dernier tournoi du Grand Chelem de la saison.

Bartoli a déclaré que Wimbledon l'avait aidée à atteindre son meilleur niveau mais lui avait aussi fait payer physiquement et mentalement.

«J'ai subi beaucoup de blessures depuis le début de l'année. Je suis sur le circuit depuis si longtemps, et j'ai vraiment forcé et tout donné pendant ce Wimbledon.»

«J'ai senti que j'avais épuisé toute l'énergie restante dans mon corps. J'ai réalisé mon rêve et ça restera avec moi pour toujours, mais maintenant mon corps n'arrive plus à tout supporter.»

Bartoli, septième joueuse mondiale, a disputé trois matches seulement depuis sa victoire à Wimbledon.

Pour son retour à la compétition lors du tournoi de Toronto (Canada) la semaine dernière, elle avait battu l'Américaine Lauren Davis mais avait dû abandonner le lendemain face à la Slovaque Magdalena Rybaricova, 33e joueuse mondiale.

Les organisateurs avaient alors indiqué qu'elle souffrait d'une «tension au niveau de la ceinture abdominale», sans plus de précisions.

«J'ai mal partout après 45 minutes ou une heure de jeu», a-t-elle précisé à l'issue de son dernier match à Cincinnati. «Je fais ça depuis si longtemps. Et, oui, c'est juste que physiquement parlant je n'y arrive plus.»

«Après un set, tout mon corps me faisait mal. Tout le monde se souviendra de mon titre à Wimbledon - personne ne se souviendra de mon match joué ici», a ajouté Marion Bartoli avant de quitter la salle de conférence.

«Plus de sacrifices que les autres»

Handicapée par un physique qu'elle qualifie elle-même de commun, obligée de faire «plus de sacrifices que les autres» pour afficher le niveau de forme exigé, elle n'est à la base «pas faite pour le haut niveau», a toujours dit son père Walter, un médecin, qui l'a initiée au tennis à l'âge de six ans.

Couvée par ce dernier en dehors de toute structure fédérale, elle met du temps à percer au plus haut niveau, une lenteur qu'elle attribue à la priorité accordée aux études jusqu'à la sortie de l'adolescence.

Au prix de plusieurs soubresauts et va-et-vient, elle s'affranchit de la tutelle de son père, par consentement mutuel, insiste-t-elle, au cours d'un printemps maussade sur les courts mais déterminant dans sa vie.

Revenue en équipe de France, elle se trouve d'autres relais comme Amélie Mauresmo. Désormais entourée par une vraie garde prétorienne, elle rayonne, libérée, pour vivre le plus grand moment de sa carrière sur le Central de Wimbledon, sous les yeux émus de Walter, rendu à sa simple condition de «papa».

Marion Bartoli surprend alors tous les observateurs en enlevant le titre le plus prestigieux du tennis mondial, devenant la troisième Française depuis le début de l'ère Open en 1968 à gagner l'un des quatre tournois du Grand Chelem.

L'annonce de sa fin de carrière est tout aussi surprenante, la joueuse ayant affiché une nouvelle envie de jouer après son titre à Wimbledon. Elle avait vite retrouvé le chemin des courts pour préparer son retour lors de la tournée américaine sur dur, avec l'US Open fin août en ligne de mire.

«Il était temps de remettre les bouchées doubles à l'entraînement, car je veux continuer à gagner. J'aime travailler dur», avait-elle expliqué la semaine dernière lors d'une conférence de presse à Toronto.