La soirée de lundi a été bien spéciale pour quatre ex-joueurs de tennis québécois présents au Stade Uniprix, puisqu'ils ont été intronisés au Temple de la renommée de la Coupe Rogers.

Simon Larose, Sébastien Leblanc, Frédéric Niemeyer et Stéphane Bonneau ont été honorés pour leur carrière respective.

«Je dirais que la compétition me manque, mais je retrouve ce «feeling-là' avec le «coaching', avec la préparation d'avant-match», a dit Larose, qui entraîne maintenant Françoise Abanda. «Ce n'est pas pareil parce tu n'as pas le contrôle, mais il y a quand même un certain stress de s'assurer qu'elle soit au sommet de ses capacités.

J'ai entraîné Stéphanie Dubois il y a longtemps pendant trois ans, puis Rebecca Marino pendant deux ans, et ça fait maintenant deux ans que je suis avec Françoise.»

Larose a mentionné qu'il faut être en mesure de rassembler plusieurs éléments pour connaître de grands succès dans le tennis.

«Sur le terrain c'est sûr qu'il faut avoir un certain talent naturel, mais ensuite il faut travailler fort et être bien entouré. En dehors, il faut être capable de bien prendre la pression des médias, de la famille, de Tennis Canada, de son entourage. Il faut garder les pieds sur terre, mais en même tenps avoir une confiance extrême en soi, et ce juste milieu-là n'est pas toujours facile à trouver.

«C'est sûr qu'avoir joué ça aide, car je peux comprendre comment un athlète va se sentir sur le terrain, mais ce qui est très important c'est la façon d'aborder ces différentes situations.»

Bonneau, qui a brillé dans les années 80, voit beaucoup de différences entre le tennis de l'époque et celui d'aujourd'hui.

«Les gars sont plus en forme et on le voit dans tous les sports, ça court plus vite et ça frappe plus fort», a dit Bonneau, qui est peintre de bâtiments résidentiels et commerciaux à son compte, depuis huit ans. «Il y a aussi le fait que depuis une dizaine d'années les joueurs sont réperés très tôt et sont bien entourés au fil de leur progression.

«Je n'ai pas eu d'entraîneur avant 12 ans, pendant un an, puis ensuite je n'en ai pas eu avant d'avoir 23 ans. C'est l'âge que j'avais quand j'ai travaillé avec Louis Cayer, et c'est avec lui que j'ai atteint le 107e rang au monde.

«Si j'avais été repéré à six ans et toujours entraîné par Louis Cayer, je serais peut-être là à vous dire que ç'a été le «fun» de gagner trois fois le tournoi ici», a ajouté Bonneau en riant de bon coeur.

Bonneau a aussi fait remarquer que le niveau de compétition est devenu beaucoup plus élevé avec le temps.

«Avant, on ne voyait pas ça un joueurs aux environs du top-100 qui battait un numéro un ou un numéro 5, dit-il. Il y a de meilleurs athlètes et de meilleurs entraîneurs, et le jeu est plus axé sur la puissance. Avant, on voyait plus de revers à effet et d'amortis, plus de jeu en finesse.»

Lorsqu'il était plus jeune, Bonneau, qui a maintenant 51 ans, a vécu sa vie d'étudiant au Bellhaven College de Jackson, au Mississippi, ce qu'il a vraiment apprécié.

«À 19 ans j'allais reconduire mon frère et un ami au Mississippi avec mon auto, et rendu là-bas j'ai trouvé le site du campus tellement paradisiaque. Il y avait du soleil tout le temps, et les terrains étaient sur le bord d'un lac. J'ai appelé mon père pour qu'il leur envoie les bulletins et le nécessaire pour m'inscrire, et ils ont accepté.

«Je devenais le numéro un de leur équipe; ils gagnaient un bon joueur. J'ai fait deux sessions avec eux et j'ai eu beaucoup de plaisir... c'est parmi les faits saillants de ma vie. J'ai goûté à la vie collégiale américaine et j'ai beaucoup aimé ça. On a gagné le championnat de la NAIA aux points en équipe. Nous avons été amenés en jet privé à la Maison blanche de Jackson, et ils ont mis notre photo dans la cafétéria du collège.»

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La Presse a demandé aux quatre joueurs québécois pourquoi, selon eux, ils avaient été ainsi honorés. Voici leur réponse.

Stéphane Bonneau

«C'est sûrement pour mes performances en 1985, quand j'avais atteint le troisième tour en battant Tomas Smid et Jakob Hlasek, deux joueurs bien classés, avant de m'incliner devant le Suédois Anders Jarryd, alors sixième mondial. Je me souviens ne pas avoir été trop dérangé par la pression. J'étais entraîné par Louis Cayer et il m'aidait à rester dans ma bulle, sans trop penser à la foule. Mais Jarryd ne m'avait pas laissé de chance...»

Simon Larose

«En 2003, j'ai battu Gustavo Kuerten au premier tour, puis l'Argentin Jose Acasuso, avant de me retrouver contre le premier favori, Andre Agassi! Je me souviens d'avoir été extrêmement motivé pour ce match, très confiant aussi. Dans le vestiaire, j'avais dit à mon entourage que j'étais pour le battre! Il m'a évidemment ramené sur terre (4-6, 2-6), mais cela a été une très belle expérience.»

Sébastien LeBlanc

«J'ai plusieurs beaux souvenirs de la Coupe Rogers, mais je crois que la victoire la plus importante a été celle contre Tim Henman, le dixième favori, au premier tour en 1997. C'était le premier match en soirée du tournoi masculin sur le nouveau court central du stade Uniprix et j'étais vraiment très nerveux. J'ai remporté la première manche, lui la deuxième, et je me suis accroché dans la troisième manche pour finalement l'emporter 7-6 (3), 4-6 et 6-3.»

Frédéric Niemeyer

«La Coupe Rogers m'a procuré de belles émotions. Chaque année, c'était l'occasion de jouer devant notre famille, nos amis et tous nos supporteurs. Et j'ai eu la chance de disputer mon dernier match ici, sur le court central, au deuxième tour en 2009 contre nul autre que Roger Federer. Cela a été un match chargé d'émotions, que je n'oublierai évidemment jamais. Un beau cadeau des organisateurs et de Roger.»

- Michel Marois, La Presse