Andy Murray et David Ferrer ont longtemps joué dans l'ombre de joueurs légendaires, et même s'ils se sont récemment distingués à leur façon, cela ne les a pas empêchés de garder les deux pieds bien ancrés au sol.

Murray, qui disputera cette semaine à Montréal son premier tournoi depuis sa conquête du titre de Wimbledon en juin, a assuré que son quotidien n'avait - presque - pas changé depuis qu'il est devenu le premier Britannique depuis Fred Perry, en 1936, à remporter ce tournoi du Grand Chelem.

«Pas tant que ça, a-t-il candidement. Les premiers jours ont été très différents, certes, mais dès que je suis retourné à l'entraînement je suis retombé dans mes habitudes, avec les mêmes personnes qui m'ont entouré depuis le début, et je ne me fais pas trop ennuyer à Miami (où il possède une résidence).

«Et puis, même si je n'ai jamais pu le rencontrer, je suis content de ne plus être dans son ombre, comme ç'a été le cas pendant la majeure partie de ma carrière, a-t-il poursuivi à propos de Perry. Je ne l'oublierai jamais, mais en même temps ce sera bien de ne plus avoir à répondre à cette question.»

Le joueur de 26 ans, qui a présenté un dossier de 35-4 assorti de quatre titres, jusqu'ici en 2013, veut maintenant s'attaquer à un autre objectif de taille. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne s'agit pas du premier rang mondial.

«Je me suis assis avec les gars l'autre jour et nous avons discuté de ce que je voulais maintenant accomplir, a relaté Murray. Je voudrais gagner un autre tournoi du Grand Chelem, et si les choses vont bien, je voudrais tenter d'en gagner d'autres ensuite. Ça m'a tellement pris de temps à gagner le premier, et je sais à quel point c'est difficile. Donc, si j'ai à choisir entre le premier rang mondial et gagner un tournoi majeur, j'opte pour la deuxième option.»

Les objectifs de Ferrer sont pour leur part beaucoup plus modestes. L'Espagnol connaît pourtant une bonne saison, ayant acquis jusqu'ici deux titres en plus de compiler une reluisante fiche de 41-12. Il avoue toutefois que son jeu n'est pas là où il voudrait qu'il soit.

«Non, je ne joue pas le meilleur tennis de ma carrière, admet-il sèchement. Certes, je joue bien, mais je crois que j'ai joué mon meilleur tennis à la fin de la dernière saison à Paris-Bercy, en finale de la Coupe Davis. Et puis, même si je n'aime pas particulièrement être dans l'ombre de 'Rafa', je tente simplement d'aller de l'avant avec ma propre carrière. J'essaie juste de travailler fort pour demeurer dans le top-10 mondial.»

Ferrer s'est emparé du troisième échelon mondial le 8 juillet, après s'être incliné devant l'Argentin Juan Martin del Potro en quarts de finale du tournoi de Wimbledon. Il est du même coup passé sous le nez de Rafael Nadal, qui vient tout juste derrière au quatrième échelon. Le succès ne lui a toutefois pas monté à la tête - loin de là.

«Je me fous d'être le meilleur joueur espagnol en ce moment sur la planète, a-t-il répliqué du tac au tac. Je me présente à chaque match et j'occupe le troisième rang mondial, mais Rafael demeure le meilleur joueur de l'histoire du pays.»

Une transition différente

Le dernier droit de la saison s'amorcera cette semaine au tournoi de la Coupe Rogers, et l'opinion de Ferrer et Murray diverge quant à la difficulté d'effectuer la transition du gazon au ciment.

En dépit de sa réputation de joueur de terre battue, Ferrer estime que la surface n'a pas d'importance, et que celle de Montréal lui convient à merveille.

«La surface dure dépend des tournois. Parfois c'est plus lent, parfois c'est plus rapide, explique-t-il. Mais à Montréal la surface est très rapide. Oui, je suis reconnu comme un joueur de terre battue, mais je suis confortable sur la surface dure. J'essaie toujours d'améliorer mon jeu, mais la surface a très peu d'importance pour moi.»

Murray avoue pour sa part que la transition risque d'être difficile.

«La transition est très difficile parce qu'au début ça fait mal aux articulations et que le temps de récupération est très long, a reconnu le no 2 mondial. Ça prend donc du temps au corps pour s'adapter.

«De plus, ça fait quelques semaines que je n'ai pas joué, a rappelé Murray. Donc oui, je suis un peu nerveux avant mon premier match - et je n'ai pas joué sur le ciment depuis Miami en mars -, alors je ne m'attends pas à offrir du grand tennis dès le départ. Il faudra être patient et attendre que mon jeu se mette en place.»

Murray affrontera au deuxième tour le gagnant du duel entre l'Espagnol Marcel Granollers et le Bulgare Grigor Dimitrov. Pour sa part, Ferrer croisera le fer avec le gagnant du duel entre le Français Michaël Llodra et un qualifié dont l'identité sera connue dimanche soir.