La suspension du Serbe Victor Troicki délivrée par la Fédération internationale (ITF) et le contrôle positif, annoncé par la presse, du Croate Marin Cilic placent le tennis face au spectre du dopage.

Victor Troicki, ancien 12e joueur mondial - il est aujourd'hui N.53 - et vainqueur de la Coupe Davis en 2010, a été suspendu 18 mois jeudi par la FIT pour avoir refusé de se soumettre à un test sanguin lors du tournoi de Monte-Carlo, en avril 2013.

Le joueur, qui a annoncé son intention de faire appel, a indiqué qu'il ne se sentait pas bien au moment du prélèvement.

De son côté, le N.15 mondial croate Marin Cilic a été contrôlé positif à une «utilisation imprudente du glucose» lors du tournoi de Hambourg, le même mois, selon des médias croates qui citent des «sources fiables».

Ces deux cas, quasi simultanés, rejaillissent sur le tennis jusque-là épargné par les affaires de dopage.

Outre l'ancien N.2 mondial et vainqueur de l'Open d'Australie 98, le Tchèque Petr Korda, contrôlé positif à la nandrolone en 1998, il faut remonter à 2005 pour voir un joueur de premier plan convaincu de dopage.

Mariano Puerta, finaliste de Roland-Garros cette année-là et déjà contrôlé positif au clenbutérol deux ans auparavant, écope de huit ans de suspension pour l'utilisation d'un anabolisant.

La sanction fut réduite à deux ans en appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). La même année, son compatriote argentin Guillermo Canas fut suspendu deux ans pour usage de diurétique.

En fait les suspensions récentes ont surtout frappé des joueurs positifs à la cocaïne comme Richard Gasquet en 2009, Martina Hingis (2007) ou, plus loin, Mats Wilander (1995).

Pointé par la Commission sénatoriale française

Les affaires Troicki et Cilic interviennent alors que Francesco Ricci Bitti, président de l'ITF, a déclaré que «le tennis est un sport où le dopage n'a pas un impact direct sur la performance» le 15 mai devant la commission sénatoriale française sur l'efficacité de la lutte contre le dopage.

Dans son rapport rendu public mercredi, la commission sénatoriale déplore que l'ITF n'autorise pas l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) à procéder à des tests sur son initiative propre, lors des compétitions se déroulant en France, comme Roland-Garros ou le tournoi de Paris Bercy.

La commission sénatoriale a proposé de «systématiser les conventions entre l'AFLD et les fédérations internationales en vue de partager les programmes de contrôles sur les manifestations internationales», en s'appuyant sur une déclaration de Travis Tygart.

Le président de l'Usada, lors de son audition du 25 avril 2013, avait en effet assuré qu'il était «très difficile d'assurer la promotion de son sport et, en même temps, de faire la police».

Francesco Ricci Bitti s'était retrouvé sous le feu nourri des sénateurs lors de son audition. Les parlementaires voulaient comprendre pourquoi la fédération internationale semble moins engagée dans la lutte contre le dopage.

«En 2012, nous avons effectué un peu plus de 2000 prélèvements, dont 15% hors compétition, et 10% sous forme sanguine», avait répondu Stuart Miller, responsable de la lutte antidopage à l'ITF, qui accompagnait M. Ricci Bitti.

Le président de l'ITF avait souligné que sa fédération était la seule, avec le football et le cricket, à consacrer environ «deux millions de dollars» au programme de lutte.

En 2012, l'ITF a indiqué s'être livrée, en compétition, à 1727 tests urinaires et 124 tests sanguins, et hors compétition, à 271 tests urinaires et 63 tests sanguins, soit un total de 2185 contrôles.

Ce nombre de tests semble s'avérer insuffisant selon certains joueurs de premier plan, dont le Suisse Roger Federer, ex-N.1 mondial, qui avait appellé en novembre 2012 à davantage de contrôles et affirmé alors «être moins testé qu'il y a six ou sept ans».