Le duel entre Novak Djokovic et Andy Murray à l'affiche de la finale de Wimbledon dimanche est désormais un classique du tennis, mais l'histoire du Serbe et du Britannique attend toujours ses chefs-d'oeuvre après dix-huit affrontements, dont trois en finales de Grand Chelem.

Même jambes infatigables, même revers à deux mains, même ténacité en défense, même service, même réticence à monter au filet, même efficacité en première balle... la liste est longue des points communs aux deux adversaires, qui ont aussi le même âge, 26 ans, à une semaine près, et la même taille ou presque: 1,90 m pour Murray, 1,88 m pour Djokovic.

Les deux champions ont bien sûr leurs différences, et même des caractères opposés. Le pétillant Djokovic, toujours prêt à faire une blague, a le sang chaud des Slaves du sud et le sens du spectacle alors que Murray est l'un des joueurs les plus austères du circuit, auquel ni les grandes victoires, ni les publicitaires n'arrivent à arracher un franc sourire.

Leurs palmarès aussi les séparent. Si le Serbe pourrait abandonner le tennis aujourd'hui avec le sentiment du devoir accompli, lui qui a déjà à son actif six titres du Grand Chelem, dont un à Wimbledon en 2011, deux Masters, une Coupe Davis et la place de N.1 mondial, le Britannique est loin d'avoir accompli tous ses rêves, même s'il s'est libéré d'un grand poids en gagnant son premier Grand Chelem à l'automne dernier à l'US Open, contre Djokovic. Une victoire à Wimbledon, à sa deuxième finale d'affilée, en ferait définitivement un héros dans un pays qui attend cela depuis 77 ans.

Trois finales sur quatre

Raquette en mains en tout cas, on est loin du choc des styles si fécond en matches d'exception entre Roger Federer et Rafael Nadal, ou plus loin dans le temps entre Pete Sampras et Andre Agassi ou entre Bjorn Borg et John McEnroe. La rivalité Djokovic-Murray fait plutôt penser aux matches entre Mats Wilander et Ivan Lendl, l'actuel entraîneur du Britannique, que les amateurs de tennis suivaient sans fièvre dans les années 1980. La finale du dernier Open d'Australie, gagnée par le Belgradois en janvier, avait été très décevante.

Le feuilleton n'a peut-être besoin que de circonstances favorables pour devenir une épopée. Il vaudrait mieux pour le sport, car les deux hommes, qui se seront affrontés dans trois des quatre dernières finales de Grand Chelem, ont pris le pouvoir sur le circuit depuis dix-huit mois, à l'exception de la terre battue où règne encore Rafael Nadal.

Le Central de Wimbledon leur fournit le cadre idéal où tant de matches d'anthologie ont déjà eu lieu. Djokovic et Murray s'y sont rencontrés une fois, l'an passé en demi-finale des jeux Olympiques, à l'avantage de l'Écossais, mais jamais dans le cadre du Grand Chelem sur gazon.

Selon toutes probabilités, le match sera serré, mais le N.1 mondial, assuré de conserver sa place quoiqu'il arrive, semble partir avec une petite longueur d'avance. Il mène 11 à 7 dans ses duels avec Murray, 2 à 1 en finale de Grand Chelem, et a paru un peu plus solide que son plus proche poursuivant au classement ATP depuis le début du tournoi.

Murray, à qui on promettait une promenade après les défaites de Nadal, de Federer et de Tsonga, les plus gros morceaux de sa partie de tableau, a au contraire dû cravacher pour battre en cinq sets l'Espagnol Fernando Verdasco en quarts de finale et le Polonais Jerzy Janowicz en quatre manches en demie.

Djokovic a souffert aussi vendredi, mais contre un Juan Martin Del Potro en état de grâce, dans un splendide combat de plus de cinq heures: un authentique chef-d'oeuvre celui-là.