Sabine Lisicki et Marion Bartoli sont à une victoire du rêve à Wimbledon où la première peut devenir la première Allemande à s'imposer depuis Steffi Graf et 1996 et la deuxième imiter Amélie Mauresmo, dernière championne française en 2006.

C'est l'une des finales les plus surprenantes de l'histoire entre la 15e et la 24e mondiales qui savent toutes deux qu'elles n'auront peut-être plus jamais une telle occasion d'ouvrir leur palmarès en Grand Chelem.

Dans les deux camps, on y croit très fort: «On va aller la chercher cette Coupe. Pendant Roland-Garros, je lisais une phrase de Yannick (Noah) qui disait que ce n'est pas parce qu'on était Français qu'on perd en finale. J'y pense tous les jours», rapporte l'entraîneur de la Française, Thomas Drouet.

«J'avais un bon pressentiment dès le début du tournoi», confie Wim Fisette, ancien coach de Kim Clijsters devenu celui de Lisicki.

Cette première finale franco-allemande depuis 1937 sacrera une nouvelle championne en Grand Chelem, la 42e de l'ère Open. Bartoli, dont c'est la deuxième finale majeure après Wimbledon 2007, peut devenir la troisième Française depuis 1968 à soulever un trophée majeur après Mary Pierce (Open d'Australie 1995 et Roland-Garros 2000) et Amélie Mauresmo (Open d'Australie 2006 et Wimbledon 2006). Lisicki marche, elle, dans les pas de Steffi Graf, dernière Allemande en finale à Wimbledon en 1999 et dernière à y avoir gagné, en 1996. Au classement, Bartoli sera 7e mondiale en cas de victoire, 8e si elle perd. Lisicki passera au 11e rang si elle gagne, au 18e en cas de défaite. La gagnante repartira avec un magot de 1,87 million d'euros, la finaliste devant se contenter de la moitié de cette somme.

Les deux finalistes ont emprunté des chemins à l'opposée pour arriver en finale. Lisicki a eu un tableau très difficile et a réussi des exploits face à la N.1 mondiale Serena Williams, la N.4 Agnieszka Radwanska et la N.14 Samantha Stosur, à chaque fois en trois sets. Bartoli, si elle gagne Wimbledon, n'aura dominé que des joueuses moins bien classées qu'elle. Un parcours inespéré.

Lisicki mène 3-1 dans ses confrontations avec Bartoli et a remporté leur dernière rencontre, en 2011 à Wimbledon, en quarts de finale (6-4, 6-7, 6-1). C'est aussi à Wimbledon, en 2008, que Bartoli a décroché sa seule victoire (6-2, 6-4 au premier tour) sur l'Allemande, âgée alors de 18 ans.

Si elle est allergique à l'herbe, Lisicki est une vraie spécialiste du gazon, très forte sur son premier coup, que ce soit le service ou le retour. Gravement blessée il y a trois ans, elle avance avec la foi des miraculés mais peut parfois craquer dans les moments importants et ce sera sa première grande finale. Bartoli, également très à l'aise sur gazon, est une joueuse ultra agressive, un vrai pitbull qui ne lâche rien. Et il ne faut pas compter sur elle pour s'effondrer mentalement, surtout qu'elle a déjà vécu une finale à Wimbledon. «C'est dans les moments où il y a le plus de pression que Marion exploite le mieux son potentiel», dit Thomas Drouet. Le principal point faible de la Française est sa défense et un déplacement parfois suspect.

La finale risque de se jouer sur la stabilité émotionnelle de Lisicki. Si l'Allemande arrive à imposer son jeu puissant en limitant les erreurs, elle sera très dure à battre. Mais L'expérience est incontestablement du côté de Bartoli. Le physique ne devrait pas jouer un rôle. Lisicki a dû batailler pour arriver en finale alors que Bartoli n'a pas concédé le moindre set. Mais l'Allemande n'a passé qu'une demi-heure de plus sur le terrain au total (9h12 contre 8h42).