Eugenie Bouchard n'était qu'à une «grosse» victoire de devenir une vedette sur le circuit féminin. Elle l'a obtenue hier matin sur le court central de Wimbledon, aux dépens de la Serbe Ana Ivanovic, 12e favorite du tournoi.

La Québécoise de 19 ans a fait preuve d'un calme remarquable pour vaincre l'ancienne no 1 mondiale, 6-3, 6-3, et passer au troisième tour du tournoi du Grand Chelem, où elle affrontera l'Espagnole Carla Suarez Navarro.

«Je n'ai appris que 20 minutes avant le match qu'il serait disputé sur le court central et j'étais vraiment excitée! Wimbledon, c'est un peu le temple du tennis. Mais j'avais aussi l'impression que j'étais à ma place, que je pouvais rivaliser avec elle...

«J'ai confiance en mes moyens, a insisté Bouchard. Je croyais en mes chances aujourd'hui [hier] et j'étais prête à tout pour gagner. J'ai bien fait au service, mais je me suis surtout concentrée sur mes retours. Quand j'ai vu que je remettais la balle en jeu, j'ai pu contrôler les points.

«J'ai réussi à garder le contrôle de mes nerfs - à part peut-être quelques points à la fin quand je servais pour le match -, mais j'avais déjà brisé son service [quatre fois] et je savais que je pouvais le faire à nouveau.»

Ivanovic, qui n'avait jamais vu jouer Bouchard avant hier, a rendu hommage à sa tombeuse. «Elle a vraiment été excellente. J'ai cru un moment qu'elle craquerait sous la pression, mais elle est restée solide. Elle frappe vraiment bien la balle, toujours en profondeur, et c'était difficile pour moi de faire quoi que ce soit...»

Bouchard est passée du 144e au 66e rang mondial depuis le début de l'année. Si elle n'avait battu qu'une joueuse mieux classée qu'Ivanovic - l'Australienne Samantha Stosur, à Charleston, sur retrait -, elle s'était frottée à plusieurs rivales de haut calibre, dont son idole Maria Sharapova.

Battue deux fois par la Russe plus tôt cette saison, Bouchard a estimé qu'elle était mieux préparée. «La deuxième fois, c'était sur le central à Roland-Garros et cela m'a vraiment servi aujourd'hui. J'étais beaucoup plus calme, je savais à quoi m'attendre. Et je sais que je serai toujours plus à l'aise à l'avenir quand j'aurai l'occasion d'affronter les meilleures, quel que soit l'endroit.»

Coqueluche des médias

Devant les journalistes du monde entier qui la découvraient, Eugenie a fait preuve d'une belle assurance, expliquant que Westmount était un quartier de Montréal - et non une bourgade perdue - et qu'on y parlait aussi français. Elle a présenté sa mère Julie, sa soeur Beatrice, son frère William, qui étaient tous là avec elle dans la salle de conférence.

Elle a aussi dû rappeler sa visite dans la loge royale du court central l'année dernière après son titre junior, commenter un tweet admiratif du joueur tchèque Tomas Berdych, parler de son amitié avec la joueuse anglaise Laura Robson, qui l'hébergeait l'année dernière.

«Cette année, nous sommes tous en famille à l'hôtel, mais Wimbledon, c'est un peu ma deuxième maison, a-t-elle avoué. C'est très «classy» ici et l'ambiance est extraordinaire.»

La Québécoise risque de passer encore plusieurs journées à Londres.

Son match de troisième ronde contre Suarez Navarro, 18e au monde, devrait avoir lieu demain, mais elle devra auparavant entreprendre le tournoi de double, où elle est engagée avec la Croate Petra Martic. Le duo affrontera l'Espagnole Lara Arruabarrena et la Portoricaine Monica Puig, aujourd'hui, sur le court 19.

Bouchard est la première Canadienne à atteindre le troisième tour en simple à Wimbledon depuis Maureen Drake, en 2002. Les défaites ou forfaits de plusieurs favorites dans sa partie du tableau - Sharapova et Victoria Azarenka, notamment - pourraient l'aider à aller plus loin encore.

«Je ne regarde pas vraiment le tableau, a-t-elle toutefois expliqué. J'essaie de me concentrer sur mon prochain match et c'est bien suffisant. Le plus important, c'est que je suis encore dans le tournoi. Mon travail n'est pas terminé!»