Roger Federer et Rafael Nadal se sont livré trois finales à Wimbledon, la plus mémorable étant certes celle de 2008, quand l'Espagnol avait remporté son premier titre majeur sur le gazon londonien en s'imposant 9-7 en cinquième manche.

Les deux grands rivaux ne se sont jamais affrontés en Grand Chelem avant les demi-finales, mais cela pourrait changer cette année à Wimbledon. Le tirage au sort a en effet placé Federer (3e favori) et Nadal (5e favori) dans le même quart du tableau, ce qui implique que les deux hommes pourraient se retrouver face à face dans une douzaine de jours au stade des quarts de finale.

En fait, Nadal pourrait être obligé de vaincre successivement les trois premiers joueurs du classement mondial - Federer en quart, Andy Murray en demi et Novak Djokovic en finale - s'il veut enlever son troisième titre à Wimbledon, son 13e titre majeur en carrière.

Et Federer, qui y va pour un huitième titre record, 10 ans après le premier, ne pouvait redouter un parcours plus difficile. Champion en titre, le Suisse semble avoir mis tous ses espoirs sur Wimbledon cette saison. À 31 ans, le recordman des titres en Grand Chelem se doute bien qu'il n'a des chances réelles d'enlever un 18e titre majeur qu'à Londres, sur ce gazon où il reste un magicien. Ailleurs, la jeunesse, la puissance et le nombre de ses rivaux l'empêchent désormais de triompher dans des circonstances normales.

Djokovic et Murray, qui n'ont que 25 ans, sont d'ailleurs les favoris cette année, encore plus après le tirage. Le Serbe, numéro un mondial, a hérité d'un véritable boulevard jusqu'à la finale, l'Allemand Tommy Haas (13e) au quatrième tour, le Tchèque Tomas Berdich (7e) en quart ou l'Espagnol David Ferrer (4e) en demi n'ayant en principe pas les moyens de barrer sa route.

Murray, qui tentera à nouveau de devenir le premier Britannique champion à Wimbledon depuis Fred Perry en 1936, devra sans doute se frotter au «joker» français Jo-Wilfried Tsonga (6e), toujours capable d'un exploit, avant d'affronter le vainqueur du duel Federer-Nadal, puis d'aller défier Djokovic.

L'Écossais a répété hier que le tirage n'était pas si important. «De toute façon, il faut battre les meilleurs si on veut remporter un tournoi du Grand Chelem», a insisté celui qui a remporté le titre olympique à Wimbledon, puis l'Omnium des États-Unis, l'été dernier.

Serena peut-elle être battue?

Du côté féminin, l'Américaine Serena Williams semble plus inaccessible que jamais, surtout à Wimbledon où elle s'est déjà imposée cinq fois. Championne de trois des quatre dernières éditions du tournoi (2009, 2010 et 2012, elle revenait d'une longue convalescence en 2011), aussi championne olympique l'été dernier à Wimbledon, la joueuse de 31 ans est encore plus forte depuis qu'elle travaille avec l'entraîneur français Patrick Mouratoglou, aussi son compagnon dans la vie.

Serena, qui vise un 17e titre majeur en carrière, pourrait devenir la première joueuse à remporter quatre titres du Grand Chelem après son 30e anniversaire. Comme à Roland Garros, elle a hérité d'un tirage très favorable, avec la plupart des autres prétendantes - Sharapova, Azarenka, Errani, Kvitova... - dans l'autre moitié du tableau.

Williams pourrait ainsi retrouver la Russe Maria Kirilenko (10e) ou l'Allemande Angelique Kerber en quart de finale, puis la Polonaise Agnieszka Radwanska en demi-finale. Ses deux principales rivales, Azarenka et Sharapova, ont, elles, des parcours truffés

de pièges.

Bouchard et Raonic en évidence

Eugenie Bouchard et Milos Raonic seront les meilleurs espoirs canadiens en simple, cette année à Wimbledon. La Québécoise sera même notre seule représentante et tentera de poursuivre son excellente saison.

Championne junior l'été dernier à Londres, Eugenie est à priori à l'aise sur le gazon, mais elle ne dispute là que son deuxième tournoi du Grand Chelem. Bouchard présente une fiche de 18-13 jusqu'ici cette saison avec déjà plus de 104 000$ en bourses.

Elle a remporté un match à Roland Garros pour ses débuts en Grand Chelem, avant de tomber contre la finaliste Maria Sharapova au deuxième tour. À seulement 19 ans, celle qui occupe le 67e rang mondial jouera son premier match lundi contre la Kazakhe Galina Voskoboeva (86e).

La situation est moins rose pour Raonic, en sérieuse panne de confiance depuis quelques semaines, depuis qu'il a mis fin à sa collaboration avec l'entraîneur Galo Blanco en fait. Alors que son jeu semble fait pour le gazon, le Canadien a été battu sèchement dans ses deux matchs préparatoires, à Halle et à Eastbourne, et il débarque à Wimbledon en manque de repères.

«Je ne peux vraiment jouer plus mal que je l'ai fait [à Eastbourne], a estimé Raonic mercredi. J'ai très mal amorcé le match, avec plusieurs erreurs au revers, puis j'ai raté ma chance dans le bris d'égalité. Je ne peux laisser un adversaire commettre deux doubles fautes et gagner quand même le bris d'égalité...»

Celui qui travaille maintenant avec l'entraîneur croate Ivan Ljubicic est 15e du classement ATP, mais il n'a été placé que 17e favori à Wimbledon. Raonic devra affronter au premier tour l'Argentin Carlos Berlocq (72e), un joueur à sa portée, et en principe, le match ne devrait pas avoir lieu avant mardi.

Deux autres Canadiens seront du tableau principal. Vasek Pospisil (99e), en gros progrès cette saison, jouera lundi contre le Français Marc Gicquel (131e), alors que Jesse Levine (112e), qui semble au contraire en perte de vitesse, devra patienter au moins jusqu'à mardi pour affronter l'Argentin Guido Pella (76e).

Pospisil et Levine se sont également qualifiés ensemble pour le tournoi de double et ils joueront leur premier match plus tard cette semaine contre le Tchèque Lukas Dlouhy et l'Américain Rajeev Ram.

Le vétéran Daniel Nestor est également du tournoi, avec son partenaire Suédois Robert Lindstedt. Battu rapidement à Roland-Garros, le duo n'est que sixième favori à Wimbledon et devra donc livrer des matchs difficiles tôt dans le tournoi. Nestor, qui dispute à 40 ans un 19e tournoi à Wimbledon, s'y est imposé deux fois, en 2008 et 2009, avec le Serbe Nenad Zimonjic.