La Canadienne Rebecca Marino a annoncé mercredi qu'elle prenait à nouveau une pause du tennis et cette fois, sa décision pourrait bien être définitive.

En conférence téléphonique, la joueuse de tennis de 22 ans, qui a occupé le 38e rang mondial en 2011, a expliqué qu'elle souffrait de dépression depuis plusieurs années. Elle a aussi révélé qu'elle avait été victime de cyberintimidation.

«Ces facteurs, qui sont inhérents à notre société, ont fait partie du processus qui m'a amenée à prendre ma décision, a-t-elle déclaré. Mais ultimement, j'arrête le tennis parce que je ne veux plus sacrifier mon bonheur à la poursuite de ma carrière.»

Marino a expliqué qu'elle avait réalisé après les Internationaux d'Australie, il y a quelques semaines, qu'elle n'avait plus la motivation pour la longue saison qui s'amorçait.

«La vie d'une joueuse de tennis n'est pas aussi passionnante qu'elle en à l'air de l'extérieur, surtout aux niveaux inférieurs. On est toujours en voyage, avec peu de choses à faire et cela devient vite lassant. Le plus dur pour moi était l'éloignement de ma famille, de mes amis.»

«Pendant des années, j'ai raté les événements importants, les anniversaires, les naissances, les mariages. J'ai envie de retrouver une vie normale chez moi à Vancouver, d'aller à l'école, d'avoir un travail et surtout de voir mes proches quand j'en ai envie!»

Dépression et intimidation

Marino a raconté qu'elle souffrait de dépression depuis six ans, ce qui correspond à son départ de la maison pour poursuivre son entraînement à Toronto et à Montréal. Elle a notamment été pensionnaire du Centre national du Stade Uniprix pendant deux ans, se signalant autant par son talent et ses puissants services que par sa gentillesse et sa timidité.

Comme elle l'a dit, c'est surtout pendant les voyages qu'elle éprouvait des ennuis, d'autant plus qu'elle était victime d'intimidation sur les réseaux sociaux. Elle a notamment raconté avoir reçu des menaces de parieurs qui lui reprochaient d'avoir perdu de l'argent à cause d'elle.

«Certains m'ont écrit que je devrais mourir, d'autres m'ont insulté de façon vulgaire, et ce n'est qu'un petit aperçu. J'étais trop sensible à tout ce qu'on disait et écrivait à mon sujet. Au lieu d'éviter de lire les commentaires, je les recherchais continuellement sur les réseaux sociaux et sur internet.»

Marino a récemment fermé ses comptes Facebook et Twitter, remerciant ses partisans de leur appui, tout en indiquant qu'elle devait prendre ses distances. Elle a estimé mercredi qu'elle ne croyait pas reprendre ses activités sur les réseaux sociaux à court ou moyen terme.

Elle a également précisé que son éloignement du tennis n'était pas encore définitif. «Je ne crois pas vouloir reprendre ma carrière un jour, mais on ne sait jamais, a-t-elle concédé. J'aime le tennis et ce sport occupera toujours une place dans ma vie.»

Marino avait déjà été inactive pendant plusieurs mois la saison dernière en raison de ce qui avait été présenté comme une grande fatigue physique et mentale. Après un retour au jeu réussi l'automne dernier, ponctué notamment par une victoire au Challenger de Rock Hill aux États-Unis, elle peinait cette saison à retrouver son meilleur niveau.

Du haut de son 1,83 mètre (6 pieds), Rebecca a connu ses meilleurs moments en 2010 et 2011, remportant notamment trois tournois challenger d'affilée, en plus de livrer une chaude lutte à Venus Williams à l'Omnium des États-Unis. Elle avait d'ailleurs l'un des meilleurs services du circuit féminin, à l'instar de la réputée Américaine.

Marino a profité de ce qui devrait être l'une de ses dernières interventions médiatiques en souhaitant que sa décision aide d'autres victimes de la dépression à trouver des solutions à leurs problèmes.

«C'est une situation qui touche des milliers de Canadiens et c'est important d'en parler et de chercher de l'aide», a-t-elle insisté, en espérant pouvoir elle-même tourner bientôt le dos à ce chapitre de sa vie.