Il a fallu cinq finales du Grand Chelem à Andy Murray pour enfin enlever un titre majeur, mais le Britannique l'a fait avec brio, lundi soir à New York, en remportant une finale d'anthologie devant le Serbe Novak Djokovic.

Les deux joueurs ont bataillé pendant 4 heures et 54 minutes, égalant le record de l'Omnium des États-Unis, avant que Murray ne s'impose 7-6 (10), 7-5, 2-6, 3-6 et 6-2. L'Écossais, finaliste à Wimbledon et champion olympique, a ainsi complété un été remarquable qui lui a permis de rejoindre le trio Federer-Djokovic-Nadal. Désormais, il faudra parler d'un quatuor quand on discutera de l'élite du tennis masculin.

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Après une première manche très indécise de 87 minutes (le bris d'égalité a duré 24 minutes), Murray semblait avoir pris un ascendant définitif avec deux bris d'avantage dans la deuxième manche. Mais Djokovic est revenu à 5-5 et, s'il a cédé la manche, il a facilement enlevé les deux suivantes pour forcer la tenue d'une manche décisive.

C'est alors l'Écossais qui a réagi, prenant d'entrée le service de son rival avant de creuser l'écart. Profitant un peu des crampes de Djokovic, Murray n'a eu besoin que d'une balle de match pour triompher.

«C'est un peu irréel, je n'y crois pas encore, a confié le joueur de 25 ans en conférence de presse. Les conditions étaient très difficiles, avec le vent qui tourbillonnait et les longs échanges (dont un de 54 coups). Novak est si fort mentalement, je n'ai jamais été certain de ma victoire avant le point final. J'ai d'ailleurs eu de la difficulté à m'en remettre après les troisième et quatrième manches, mais je suis parvenu à trouver les bons coups...»

Battu par Djokovic dans un match marathon similaire (4h51) en demi-finale des Internationaux d'Australie, au début de l'année, Murray a beaucoup progressé tout au long de la saison, grâce notamment à son nouvel entraîneur Ivan Lendl. Après sa victoire, il a d'ailleurs rendu hommage à celui qui a été lui-même trois fois champion et huit fois finaliste de l'Omnium des États-Unis entre 1982 et 1989.

«Il m'a donné confiance, m'a convaincu que je pouvais imposer mon jeu, quel que soit l'adversaire. Il m'a aussi appris à composer avec la pression des grands matchs, des fins de match surtout...

L'Écossais avait déjà été finaliste à New York en 2008, puis en Australie en 2010 et 2011 et à Wimbledon cet été. Après toutes ces défaites, la roue a tourné aux Jeux olympiques de Londres, disputés il y a quelques semaines sur les mêmes courts de gazon de Wimbledon, quand Murray a vaincu successivement Djokovic et Federer pour mériter une médaille d'or qui a évidemment comblé le public britannique.

«Avec Ivan, il faut aussi souligner le travail et le soutien de toute mon équipe, a insisté le champion. Ils ont toujours cru en moi, tout comme mes partisans, en Grande-Bretagne. J'espère que les gens vont célébrer avec nous, ce soir, un peu partout à la maison.»

Murray est le premier Britannique champion en Grand Chelem depuis Fred Perry, en 1936. Il a aussi réussi un exploit rare en remportant une finale de cinq manches à New York après avoir perdu les troisième et quatrième. John McEnroe avait été le dernier à le faire, contre Bjorn Borg, en 1980.

De son côté, Djokovic croyait bien avoir réussi le plus difficile en comblant un déficit de deux manches. Le champion en titre a toutefois marqué le pas au début de la manche décisive et il n'a jamais été en mesure de revenir à nouveau devant un adversaire qui sentait la victoire à sa portée.

«J'ai vraiment tout tenté pour revenir, tout essayé sur le terrain, a confié le Serbe. Andy a toutefois trouvé les ressources pour faire la différence à la fin, alors que moi, je n'ai pas su me dépasser. Mais cela fait longtemps que nous savons qu'il peut gagner un tournoi du Grand Chelem et il a largement mérité sa victoire ce soir.»