Qui aurait cru que Roger Federer aurait encore la chance de jouer une finale du Grand Chelem? Qui aurait pensé qu'il pourrait reprendre le premier rang?

À 30 ans, le Suisse a atteint dimanche à Wimbledon de nouveaux sommets en remportant 4-6, 7-5, 6-3, 6-4 une finale chargée d'émotion contre le Britannique Andy Murray. Mené une manche à zéro, Federer a puisé dans sa formidable expérience de 24 finales en tournois majeurs pour rétablir la situation et aller chercher son septième titre à Londres, comme son héros Pete Sampras.

Mieux encore, celui qui aura 31 ans dans un mois a repris le premier rang du classement mondial et égalé le record de 286 semaines en tête de la hiérarchie mondiale qui est aussi détenu par Sampras. À ce rythme, allez savoir jusqu'où ira celui qui est déjà considéré comme le plus grand joueur de tous les temps, car Federer s'est aussi surpassé au niveau du jeu.

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Alors que l'issue était encore indécise, le Suisse s'est détaché au retour d'une pause d'une heure causée par la pluie, quand la finale s'est poursuivie sous le toit du court central. Il a alors offert un spectaculaire festival offensif, déclinant tous les coups de son riche arsenal avec notamment une maîtrise parfaite du filet avec 53 points gagnés sur 68 montées.

Touché à une cheville après la pause, Murray n'a pourtant jamais baissé les bras. À sa quatrième finale en Grand Chelem, il n'est jamais venu aussi près d'offrir aux Britanniques ce titre à Wimbledon qu'ils attendent patiemment depuis 1936.

Mais Federer était décidément trop fort... «Gagner à nouveau ce trophée, trois ans après mon dernier titre ici, est vraiment magique, a souligné le champion. Je me souviens que ma femme était enceinte à l'époque et, aujourd'hui, mes filles étaient là pour me voir gagner à nouveau.

«C'est dur pour Andy, car il a vraiment bien joué. Je suis passé par là moi aussi et je ne peux que lui dire de croire en ses chances, car il va sûrement remporter au moins un titre du Grand Chelem au cours de sa carrière. Il doit voir ce match comme le début de quelque chose, pas comme une autre défaite.»

Federer n'avait plus gagné en Grand Chelem depuis les Internationaux d'Australie en 2010. À Wimbledon, il avait subi des défaites difficiles et hâtives contre Tomas Berdych en 2010, puis contre Jo-Wilfried Tsonga l'an dernier. Il gardait aussi le souvenir de sa défaite crève-coeur, 9-7 en cinquième manche, lors de la finale de 2008 contre Rafael Nadal.

«J'ai aussi eu ma large part de succès et j'étais confiant de revenir, a expliqué le Suisse en conférence de presse. Je crois avoir bien joué depuis 2010. L'an dernier, j'ai fait la finale à Roland-Garros et je ne crois pas y avoir mieux au cours de ma carrière. Aux États-Unis, je menais deux manches à zéro et Novak (Djokovic) m'a battu dans un match très difficile.

«J'ai décidé de jouer davantage cette saison, quitte à voir un peu moins ma famille, et cela a porté ses fruits. J'étais donc confiant en arrivant ici, mais cela n'a vraiment pas été facile. Je suis passé bien près de la défaite contre (Julien) Benetteau au troisième tour, puis encore au quatrième tour quand mon dos m'a trahi pendant le match contre (Xavier) Malisse.

«En fait, j'ai joué mes meilleurs matchs en demi-finale (contre Djokovic) et aujourd'hui.»

Redevenu le maître dans «son» jardin de Wimbledon, Federer aura l'occasion d'y revenir dans trois semaines pour le tournoi olympique des Jeux de Londres. Champion en double à Pékin, avec son compatriote Stanislas Wawrinka, le Suisse pourrait enlever l'un des deux seuls grands titres - avec la Coupe Davis - qui manquent à son fabuleux palmarès.

Et Murray sera encore l'un de ses principaux adversaires. Le Britannique de 25 ans, très ému, a eu de la difficulté à prendre le micro après la finale pour s'adresser aux spectateurs de Wimbledon. «C'est dur, très dur», a-t-il balbutié avant de saluer son vainqueur, puis de remercier, les larmes aux yeux, ses proches et les milliers de partisans qui l'ont porté pendant tout le tournoi.