Novak Djokovic et Roger Federer qui avaient offert l'an passé en demi-finale l'un des matchs les plus excitants de l'histoire de Roland-Garros vont se retrouver au même stade de la compétition, après avoir dû cravacher dur mardi pour arracher leur qualification.

Il y a eu simultanément deux balles de matches en fin de soirée sur les deux principaux courts de Roland-Garros.

Federer, le troisième joueur mondial, a concrétisé la sienne pour vaincre l'Argentin Juan Martin Del Potro après avoir remonté un déficit de deux sets (3-6, 6-7 (4/7), 6-2, 6-0, 6-3). Djokovic, le numéro 1 mondial, a sauvé la sienne.

Ce n'est pas la seule balle de match que le Serbe ait eu à défendre. Il en a écarté trois autres pour mettre fin en cinq sets 6-1, 5-7, 5-7, 7-6 (8/6), 6-1 aux espoirs de Jo-Wilfried Tsonga et d'un public français survolté par la performance de son favori.

Déjà poussé à un match en cinq sets au tour précédent par l'Italien Andreas Seppi, le Serbe a encore fait preuve de son immense force de caractère, qui lui avait par exemple permis en Australie, en janvier, de battre Rafael Nadal en finale après près de six heures d'efforts.

«C'était un match fou. Il était le meilleur pour l'essentiel du match. J'ai eu énormément de chance de revenir. Je ne sais pas comment j'ai réussi à le faire», a déclaré le Serbe, qui s'est qualifié pour sa huitième demi-finale consécutive en Grand Chelem.

Tenant du titre à Wimbledon, l'US Open et les Internationaux d'Australie, il reste en selle pour réussir le Grand Chelem à cheval sur deux saisons. Cet exploit mythique a été seulement réalisé par deux hommes dans l'histoire du tennis, Donald Budge en 1938 et Rod Laver en 1962 et 1969, à une époque où la concurrence n'était pas du tout la même.

Federer n'a pas eu de balle de match contre lui, mais il a longtemps été mal embarqué face à Del Potro, lequel a démontré qu'il était définitivement sur le chemin du retour après la grave blessure à un poignet qui avait oblitéré sa saison 2010.

Une demi-finale prometteuse

Le Suisse avait beau l'avoir battu quatre fois cette saison, parfois sèchement comme aux Internationaux d'Australie, l'Argentin s'est planté au milieu du court pour asséner ses féroces coups droits, avec une précision étonnante pendant deux sets.

Federer a dû faire le dos rond, attendre que le genou gauche de Del Potro, qui le taquine depuis plusieurs semaines, commence à se faire sentir pour reprendre le dessus. Mais le Suisse, qui avait débuté bien lentement son tournoi, a aussi sensiblement haussé son niveau de jeu.

«Je suis content de la manière dont je me suis battu», a-t-il expliqué. «J'ai essayé de continuer à rendre le match dur, à lui faire comprendre que ça allait être difficile pour lui aussi.»

Le troisième joueur mondial, vainqueur en 2009 à Roland-Garros et quatre fois finaliste (2006, 2007, 2008 et 2011), accède à la 31e demi-finale du Grand Chelem de sa carrière, égalant ainsi le record de l'Américain Jimmy Connors.

La demi-finale entre Federer et Djokovic s'annonce extrêmement prometteuse. Celle de l'an passé reste à jamais gravée dans les esprits de ceux qui avaient eu la chance d'y assister.

Le Serbe l'avait abordé auréolé d'un début de saison immaculé, avec 41 victoires d'affilée. Mais le Suisse, transcendé par l'occasion, l'avait fait chuter après quatre sets d'une qualité invraisemblable.



> Réagissez sur le blogue de Paul Roux