Novak Djokovic nourrit un sentiment d'invincibilité.

Et pour cause!

Le Serbe a vaincu Rafael Nadal pour défendre avec succès son titre aux Internationaux d'Australie lors de la plus longue finale d'un tournoi du Grand Chelem. Il est devenu le cinquième homme à gagner trois titres majeurs d'affilée dans l'ère moderne.

Djokovic a maintenant les Internationaux de France - le seul tournoi majeur qui manque à son palmarès - dans sa mire. Il n'écarte même pas l'objectif ultime: le Grand Chelem.

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«Un joueur (Rod Laver) l'a fait, c'est donc possible, a-t-il commenté après la traditionnelle séance de photos dans un parc du centre-ville de Melbourne au lendemain de sa victoire. Évidemment, les temps ont changé et le tennis est aujourd'hui beaucoup plus compétitif et beaucoup plus physique. Et cela rend ce défi plus difficile à réaliser. Mais tout est possible.»

Avec les Jeux olympiques de Londres qui suivent le tournoi de Wimbledon cette année, Djokovic pourrait même en faire un chelem d'or en remportant la médaille d'or à Londres en 2012 avec les quatre titres majeurs.

«Les faits sont que je suis à l'apogée de ma carrière, a poursuivi Djokovic. Je me sens physiquement et mentalement au sommet. Je me sens fort, je me sens motivé, je me sens impatient de gagner plus de trophées.»

Ayant dormi quelques heures seulement, Djokovic a renoncé aux célébrations bruyantes qui ont marqué sa victoire l'année dernière. Il a plutôt choisi de gratter la guitare et d'entonner quelques paroles de Highway To Hell.

Djokovic a rappelé brièvement les célébrations après le match au Rod Laver Arena en faisant une tentative en demi-teinte pour chanter le refrain de l'hymne rock d'AC/DC. Ses jambes étaient trop faibles et sa gorge un peu enrouée. «Bon sang, que je suis crevé.»

Et ce n'est guère étonnant. Djokovic a concrétisé sa victoire en l'emportant 5-7, 6-4, 6-2, 6-7 (5), 7-5 au terme d'un match qui a duré cinq heures et 53 minutes et qui s'est terminé à 1h37 du matin. Il a conclu ce match épique avec un coup droit gagnant qui a finalement achevé l'Espagnol.

Il a fait fi de l'épuisement, a retiré son chandail et a bombé son torse nu, se dirigeant vers sa famille et ses amis pour célébrer. Il donnait encore des entrevues à 4h du matin.

Tout cela ne lui a pas laissé beaucoup de temps pour célébrer. Contrairement à sa victoire en Australie en 2011, quand il a battu son ami Andy Murray en trois sets et donné le coup d'envoi à une fête qui a duré toute la nuit avec un groupe rock dans le vestiaire.

«Je n'avais plus d'énergie pour célébrer, a déclaré Djokovic, lundi. J'ai préféré mon lit.»

Quand il s'est réveillé peu de temps après, son corps lui a rappelé non seulement l'incroyable effort consenti la veille, près de six heures de tennis intense contre un des athlètes les plus férocement concurrentiel de la discipline, mais aussi la demi-finale de près de cinq heures deux soirs plus tôt contre Murray.

«J'avais mal partout, a-t-il confié. L'adrénaline est toujours là et je suis toujours très heureux de ce que j'ai vécu ici, ces deux dernières semaines et surtout la nuit dernière. Je déborde de joie, mais je pense que je ne réalise pas pleinement ce qui se passe.»

Djokovic n'était sans doute pas le seul à se sentir un peu étourdi. Il y avait encore 1,86 million de personnes à suivre le match en Australie après 1h30. L'auditoire a atteint un sommet de 3,86 millions, soit environ un cinquième de la population d'Australie. Lorsque la dernière balle a été frappée, presque aucun des quelque 15 000 spectateurs au Rod Laver Arena avait quitté.

Cette finale historique a été le point culminant d'un tableau masculin qui a également mis en vedette en demi-finales Nadal et Roger Federer, numéro 3 mondial, ainsi que Djokovic et Murray, numéro 4.

Le directeur du tournoi Craig Tiley, heureux d'annoncer une assistance record de 686 006 spectateurs pendant les deux semaines, a décrit la finale comme «le plus grand match de tous les temps.»