L'Espagnol Rafael Nadal, toujours aussi pugnace, et le Suisse Roger Federer, toujours aussi magistral, ont accédé mardi à Melbourne aux demi-finales des Internationaux d'Australie, où leur vieille rivalité va trouver une nouvelle occasion de s'exprimer.

C'était en 2009 et l'image a marqué à jamais l'esprit des amoureux du tennis: en détresse après son échec en finale à Melbourne contre Nadal, Federer éclate en sanglots pendant la remise des récompenses et ne parvient pas à achever son discours.

Le Suisse courait après le record du nombre de titres en Grand Chelem (14) de Pete Sampras. Il ne peut contenir sa déception, après ce nouvel échec contre son alter ego. Le souvenir de cette journée chargée d'émotion va agiter les deux joueurs avant leur demi-finale, jeudi.

De l'eau a coulé sous les ponts depuis. Federer a battu le record de Sampras, accumulant 16 titres, le dernier en date en 2010 en Australie. Nadal a laissé sa place de numéro 1 mondial à Novak Djokovic, qui essaiera mercredi, comme Andy Murray, de les accompagner dans le dernier carré.

Signe des temps, c'est en effet seulement en demi-finale que le Suisse et l'Espagnol vont se retrouver. Ce n'était arrivé qu'une fois, à Roland-Garros en 2005. D'ordinaire, leur classement les empêchait de se rencontrer avant la finale.

Ils se sont affrontés neuf fois en finale en Grand Chelem, Nadal s'imposant sept fois (il a 10 titres à son palmarès). La tendance n'est pas en faveur de Federer, qui n'a plus battu le Majorquin en Grand Chelem depuis Wimbledon 2007, et reste sur quatre défaites depuis.

Les Internationaux d'Australie sont le tournoi qui réussit le moins bien à Nadal. Il s'y était arrêté ces deux dernières années en quarts, pour des blessures. Le succès (6-7 (5/7), 7-6 (8/6), 6-4, 6-3) acquis mardi sur le Tchèque Tomas Berdych, septième tête de série, a donc regonflé le moral du numéro 2 mondial.

Exceptionnelle longévité

«Une demi-finale, c'est un résultat fantastique pour moi. C'est un très bon moyen de commencer la saison. Mon niveau est très positif, bien meilleur qu'en fin de saison», a estimé l'Espagnol, qui a qualifié la finale de 2009 d'«inoubliable».

Pour le 1000e match de sa carrière, Federer (3e) avait auparavant bousculé sans ménagement aucun (6-4, 6-3, 6-2) l'Argentin Juan Martin Del Potro (11e). C'est la neuvième demi-finale de suite en Australie pour le Suisse, un nouveau signe de son exceptionnelle longévité.

C'est aussi sa 30e demi-finale d'un tournoi du Grand Chelem. Il n'est plus qu'à une unité du record de l'Américain Jimmy Connors (31). Le Bâlois, quadruple vainqueur en Australie (2004, 2006, 2007, 2010), n'a pas caché qu'il «aimerai(t) avoir une chance de le (Nadal) jouer à nouveau.»

L'issue de cette demi-finale apparaît bien incertaine. Les deux joueurs, qui avaient abordé le tournoi avec des pépins physiques (dos pour Federer, épaule pour Nadal), ne sont pas loin de leur meilleur niveau. Le Suisse est le seul à n'avoir perdu aucun set, mais l'Espagnol a l'avantage psychologique.