Sacré à Roland-Garros il y a deux ans, Roger Federer s'est imposé pour la première fois dans le deuxième tournoi parisien, dimanche à Bercy, où il a reçu une ovation monstre du public malgré sa victoire en deux sets 6-1, 7-6 sur le héros national, Jo-Wilfried Tsonga.

Si Tsonga n'a pas réussi à répéter sa victoire de 2008 et si un Français a perdu en finale pour la troisième année de suite, les spectateurs ont pu se consoler avec le sacre de leur Suisse préféré, un vrai demi-dieu à Paris.

Sa victoire à Roland-Garros avait déjà été accueillie comme un triomphe national. Dimanche il a encore été fêté comme un roi après un succès qui n'a jamais fait de doute, malgré un rhume que personne n'aura remarqué et une nuit écourtée après le réveil de l'une de ses jumelles à 04h00 du matin.

«C'est sans doute parce que je me suis toujours battu pour gagner Roland-Garros et Bercy», a tenté le Suisse pour expliquer sa cote d'amour.

Devenu le deuxième joueur de l'histoire après Andre Agassi à gagner à l'Ouest et à l'Est de Paris, Federer en a donc fini avec la malédiction de Bercy au terme d'une semaine majestueuse où il n'aura pas perdu un set, pour la première fois dans un Masters 1000 depuis cinq ans.

«C'est un rêve qui se réalise, ça faisait longtemps que j'attendais ça. Je suis content d'avoir pu passer ce cap-là dans ce mega stade qui fait peur un peu», a-t-il dit après avoir reçu des mains de Tony Parker le 69e trophée de sa carrière, le 18e en Masters 1000, à une longueur du record de Nadal.

Ce premier succès à Bercy marque aussi la fin d'une autre disette, celle d'un an sans titre majeur depuis sa victoire dans le Masters de Londres en 2010.

«Une année solide»

Alors que Djokovic, Nadal et Murray se sont partagé les victoires dans les huit autres Masters 1000, Federer n'avait remporté, lui, que deux tournois moins prestigieux, à Doha en janvier et chez lui à Bâle la semaine dernière.

Pire, il n'avait même disputé qu'une finale du Grand Chelem en 2011, perdue à Roland-Garros, et aucune en Masters 1000, l'autre terrain de chasse du «Big Four» qui, pour la première fois, a fait main basse sur tous les trophées majeurs distribués cette année, en attendant le dernier, au Masters.

À 30 ans, beaucoup annonçaient Federer sur le déclin malgré quelques matches épiques, comme sa victoire sur Djokovic en demi-finale de Roland-Garros ou sa défaite contre le même Djokovic en demi-finale de l'US Open.

Mais le Suisse, redescendu au quatrième rang mondial, joue de nouveau un tennis prodigieux et n'écoute de toute façon pas les sceptiques.

«Je ne joue pas pour les journalistes mais pour moi, mes fans et la Suisse. J'ai vécu des moments très difficiles lorsque j'ai perdu des matches que je n'aurais jamais dû perdre. Mais ça reste quand même une année solide.»

Absent du circuit pendant six semaines après l'US Open, il a abordé la dernière ligne droite dans des conditions optimales et en profite. Invaincu depuis sa défaite contre Djokovic à New York, il a remporté face à Tsonga sa douzième victoire d'affilée, ne perdant qu'un set ces deux dernières semaines.

«Honnêtement je suis un peu surpris à quel point je joue bien», a-t-il dit, se positionnant déjà comme le principal candidat à sa propre succession au Masters qui commence le 22 novembre.

«Pour moi, Roger est le plus grand joueur du monde et le restera pendant un bon bout de temps», a estimé Tsonga qui a lui aussi réussi son tournoi et sera l'un des outsiders à Londres où il étrennera son nouveau rang de N.6 mondial.