Le Français Jo-Wilfried Tsonga, 12e favori, a causé une immense surprise mercredi  à Wimbledon en éliminant le Suisse Roger Federer, troisième mondial et six fois champion du tournoi.

Tsonga s'est imposé en cinq manches, 3-6, 6-7 (5), 6-4, 6-4, 6-4, dans un match qu'il a dominé par son enthousiasme et par son audace. Le joueur de 26 ans n'a accordé qu'une balle de bris à son rival, aucune après la première manche. «C'est fou. Je n'ai jamais été aussi heureux», a reconnu le Français.

«Roger est le plus grand champion du tennis, c'est incroyable de le battre ici à Wimbledon, en cinq manches, en revenant de deux à zéro. On ne peut écrire une plus belle histoire. Je me suis accroché au début et j'ai réussi à revenir avec de très bons services, quelques bons retours et en croyant en mes chances.»

Tsonga, qui a été finaliste en Australie en 2008, mais n'a jamais dépassé les quarts de finale à Wimbledon, affrontera en demi-finale le Serbe Novak Djokovic. Le no 2 mondial a disposé plus tôt mercredi du jeune Australien Bernard Tomic, 6-2, 3-6, 6-3, 7-5.

«Jo (Tsonga) a réussi tout un exploit, a reconnu Djokovic. Il a très bien servi et le fera sûrement encore contre moi. S'il joue de la même façon, ce sera un match très disputé.

«Le gazon n'est pas ma surface préférée, mais je crois avoir bien joué cette semaine, pas toujours au top, mais assez pour gagner, a ajouté le Serbe. Je devrai toutefois faire encore mieux si je veux aller jusqu'au bout.»

Nadal et Murray, prise trois

L'autre demi-finale opposera logiquement le favori Rafael Nadal et le Britannique Andy Murray. L'Espagnol, champion en titre et déjà deux fois vainqueur de Murray en demi-finale (2008 et 2010), a calmement maîtrisé l'Américain Mardy Fish en quatre manches de 6-3, 6-3, 5-7, 6-4.

L'Espagnol, qui risque de perdre son premier rang mondial cette semaine, a avoué qu'on avait dû insensibiliser son pied blessé avant le match. «C'est Wimbledon et je ne jouerai pas avant un mois, peut-être plus. Nous avons décidé que cela valait bien la peine... Les médecins m'ont assuré qu'il n'y avait pas de blessure grave. Il n'y a que la douleur et je ne ressens rien quand c'est gelé...»

De son côté, Murray a méthodiquement disposé de l'Espagnol Feliciano Lopez, 6-3, 6-4, 6-4, pour atteindre les demi-finales à Wimbledon pour la troisième année consécutive. L'Écossais, qui tente de devenir le premier Britannique à remporter les Championnats en 75 ans - le dernier a été Fred Perry en 1936 -, n'a jamais été inquiété.

«J'ai réussi à prendre l'avantage très tôt dans chacune des manches et cela m'a permis de dominer le match», a expliqué Murray, qui n'avait toujours pas rasé sa barbe.

«Ce n'est pas vraiment une superstition, mais vous la verrez sans doute encore vendredi...»

Nadal et Murray se sont étonnés de la défaite de Federer. «Je suis déçu pour lui, il avait si bien joué à Roland-Garros et ici encore cette semaine, a noté Nadal. Mais Tsonga est un joueur imprévisible et il a très bien servi.»

«Je jouais après eux sur le central et j'ai suivi la fin du match, a raconté Murray. Revenir de deux manches à zéro contre Federer est un exploit fantastique et Tsonga a vraiment très bien joué. Ses prochains adversaires auront fort à faire.»

«Ce n'est pas la fin du monde»

Roger Federer, vainqueur de 16 tournois majeurs en carrière, était le grand favori du public londonien, qui n'a jamais cessé de l'encourager. Le Suisse n'avait jamais perdu (178-0) après avoir remporté les deux premières manches d'un match. Et il n'avait jamais perdu à Wimbledon (55-0) après avoir remporté la première manche.

«Jo a joué de façon incroyable. Il a très bien servi et a réussi des retours fantastiques. Je le connais depuis longtemps et je savais qu'il pouvait le faire. Il a pris des risques sur les points importants, et il a réussi...»

«Je ne crois pas avoir mal joué. J'étais en contrôle, je jouais mieux que lui, je crois. Puis soudainement, il est revenu et je me suis retrouvé avec un bris de retard dans la dernière manche. Il ne m'a jamais laissé la moindre ouverture par la suite. C'est comme ça, sur le gazon, il n'y a rien à regretter.»

À la fin du match, Federer a attendu patiemment son vainqueur, avant de sortir la tête basse, ne saluant la foule que d'un petit geste de la main. «C'est toujours décevant de perdre, mais cette défaite est moins difficile à accepter que celle de l'an dernier [encore en quarts de finale contre Tomas Berdych].

«Je me sens mieux, je ne suis pas découragé et je sais que je pourrai me reprendre plus tard cette année. Il y a 128 joueurs à Wimbledon et un seul va gagner. Ce n'est pas la fin du monde. Je crois encore que je peux remporter un Grand Chelem.»

Federer a assuré qu'il tiendrait sa place en Coupe Davis avec l'équipe suisse, la semaine prochaine, et qu'il serait de retour à Wimbledon en 2012, pour une autre tentative d'égaler le record de Pete Sampras (sept victoires)... et pour les Jeux olympiques, quelques semaines plus tard.

Photo: AFP

Roger Federer