Li Na a ouvert une page de l'histoire du tennis et de son pays en devenant samedi la première Chinoise et Asiatique à remporter un tournoi du Grand Chelem, sur la terre battue de Roland-Garros, une surface qu'elle n'aurait jamais imaginé pouvoir apprivoiser.

Cette victoire historique 6-4, 7-6 (7/0) en finale sur l'Italienne Francesca Schiavone, tenante du titre, a empli de fierté la Chine. Et peut-être donné le signal de l'expansion en Asie d'un sport depuis toujours dominé par les Européens, Américains, Australiens et Sud-Américains.

Toujours agréable malgré un anglais hésitant, indépendante d'esprit tout en conservant des liens étroits avec son pays, Li, 29 ans, a tout pour devenir une formidable ambassadrice du sport chinois, au même titre que le basketteur Yao Ming ou l'athlète Liu Xiang.

«C'est un rêve devenu réalité», a glissé Li Na dans un grand sourire. «La Chine n'a jamais eu de grand champion (de tennis). Beaucoup de joueurs travaillent très dur pour ça en Chine.»

«Des amis m'ont dit que les gens pleuraient en Chine, tout le monde est enchanté là-bas», s'est-elle réjouie. «Je pense que le tennis va grandir encore et encore en Chine.»

La Chine avait déjà remporté trois titres en double dames et mixte dans des tournois du Grand Chelem, mais aucun en simple. Avant elle, aucune Chinoise n'avait jamais atteint les quarts de finale à Roland-Garros.

Son titre concrétise les efforts qu'a entrepris la Chine au début du 21e siècle pour préparer les Jeux Olympiques de Pékin de 2008. Si le tennis masculin reste très en retard, les filles ont fait leur apparition parmi les meilleures mondiales.



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Coup droit diabolique

Li, qui avait échoué, en janvier à l'Open d'Australie, battue en finale par la Belge Kim Clijsters, a ainsi connu une ascension régulière. Lundi, elle deviendra la première Chinoise à intégrer le Top 5, à la quatrième place.

S'imposer à Paris est quelque part une aberration pour Li. Son expérience sur terre battue, quasiment inconnue en Chine, est minimale. De ses cinq titres sur le circuit, celui-ci est d'ailleurs le premier acquis sur terre.

Face à l'Italienne, qui l'avait éliminée au troisième tour l'an passé à Paris, elle a fait fi de la surface pour imposer son propre jeu grâce à un coup droit d'une précision diabolique.

Schiavone, 30 ans, qui était devenue l'an passé la première Italienne à s'imposer à Roland-Garros, est passée à côté de son match pendant un set et demi, paraissant crispée et incapable d'en trouver la clé tactique.

Sa défaite confirme la malédiction qui pèse sur les trentenaires en Grand Chelem. Elles ne sont que six joueuses à en avoir gagné un depuis 1968 (en 12 occasions). La dernière dans ce cas est Martina Navratilova, en 1990 à Wimbledon.

«Elle a extrêmement bien joué, je n'ai pas réussi à la pousser dans ses retranchements, elle a mérité sa victoire aujourd'hui», a sportivement reconnu Schiavone.

Li, dont l'espièglerie a ravi le public parisien, s'est d'emblée montrée la plus entreprenante et la plus relâchée. Avec son coup droit joué parfaitement en rythme, la Chinoise a sans cesse rejeté Schiavone loin de sa ligne.

Baladée de droite à gauche, l'Italienne n'a pas joué assez long pour prendre l'initiative, et embrouiller son adversaire avec ses habituelles variations d'effets. Fière combattante, elle a su se rebeller pour arracher un tie-break. Mais Li, l'a enlevé dans un ouragan de coups gagnants.