Rafael Nadal aura la chance de remporter un sixième titre à Roland-Garros et il devra affronter son vieux rival, Roger Federer, dimanche en finale.

Le Suisse a en effet mis fin à l'invincibilité du Serbe Novak Djokovic, vendredi, en remportant une demi-finale d'anthologie alors que la nuit tombait sur Paris. Federer s'est imposé 7-6(5), 6-3, 3-6, 7-6(5) en trois heures et 39 minutes.

Fort de ses 16 titres majeurs, habitué aux grands matchs et désireux de rappeler qu'il n'est pas «fini» malgré ses presque 30 ans, Federer s'est montré à la hauteur de ce choc de géants.

«Le premier set a été monstrueux, ça jouait à une cadence incroyable, a expliqué Federer en conférence de presse. J'aime vraiment jouer contre Novak, à chaque fois c'est super et je me suis vraiment régalé.

«C'était certainement un de mes plus grands matches», a estimé le Suisse, qui prenait sa revanche après deux défaites en demi-finales de Grand Chelem contre Djokovic. «Ça finit en soirée, dans une ambiance pareille avec le public qui scande mon nom..., c'est quelque chose d'extraordinaire.»

Mené dans la quatrième manche et menacé d'avoir à disputer une manche décisive samedi matin, Federer a renversé la situation et a forcé la tenue d'un bris d'égalité. Deux as consécutifs lui ont offert trois balles de match et il a achevé Djokovic sur la troisième avec un autre as, son 18e du duel.

«Honnêtement j'étais confiant, je n'ai jamais pensé que ce match pouvait m'échapper, a assuré Federer. A la fin, ça a été un combat mental aussi. On savait qu'à la fin du quatrième set c'était fini quoiqu'il arrive, à cause de l'obscurité

Djokovic avait remporté 41 victoires d'affilée et sept titres cette saison. Il était assuré de prendre le premier rang mondial avec une victoire vendredi. «C'était les quatre meilleurs mois de ma vie, a assuré le Serbe en conférence de presse. Ça devait finir un jour, malheureusement, c'est arrivé au mauvais moment... C'est une défaite décevante. On ne peut pas se sentir bien après une défaite, surtout après toutes ces victoires.»

Le Serbe, qui a paru un peu dépassé par l'enjeu, a salué le caractère de son vainqueur. «Il a joué un match incroyable, il faut l'en féliciter. Il est allé chercher chaque point quand il en avait besoin. J'ai réussi à revenir, j'ai servi pour la quatrième manche; contre Roger, ce n'est pas facile. Il est très fort mentalement quand il le faut. Il sait comment gérer la pression.»

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Federer disputera donc sa 23e finale en Grand Chelem (16-6), sa sixième à Paris, mais il a perdu les quatre fois qu'il a affronté Nadal, remportant son seul titre à Roland-Garros en 2009, quand l'Espagnol avait été éliminé au quatrième tour.

Nadal a chassé ses doutes

Nadal, qui pourrait rejoindre Bjorn Borg au sommet du palmarès à Paris, s'est imposé de son côté en trois longues manches de 6-4, 7-5, 6-4 face à l'étonnant Andy Murray. Malgré le pointage, le match a été très tendu et l'Espagnol a vraiment dû sortir son grand jeu pour disposer d'un adversaire pourtant peu habitué à des tels exploits sur la terre battue.

«Je pense avoir très bien joué, particulièrement aux moments importants, a estimé celui qui célébrait ses 25 ans vendredi. J'ai toujours mené, il n'a jamais été devant. Mais il a eu de bonnes chances et j'ai dû sauver plusieurs points importants avec mon service.»

Les deux joueurs ont encore dû composer avec un vent capricieux. «C'était difficile avec le vent, a reconnu Nadal. Avec le vent dans le dos, j'avais parfois peur de frapper la balle... Je n'aime pas beaucoup le vent, mais ce n'est pas mauvais pour mon jeu.»

Déçu, Murray n'en était pas moins fier d'avoir forcé Nadal à se battre pendant trois heures et 17 minutes sur le court Philippe-Chatrier. «Au début de la saison, personne n'aurait pensé me voir là dans cette position», a souligné l'Écossais, qui tentait de devenir le premier Britannique vainqueur à Roland-Garros depuis Fred Perry en 1935.

«Rafa joue mieux que moi sur terre, c'est le cas depuis toujours, mais l'écart s'est resserré, je me suis amélioré depuis l'an dernier», a estimé le joueur de 24 ans.

Face à cet excellent adversaire, Nadal s'est débarrassé des doutes qu'il traînait depuis le début du tournoi. «Les doutes font partie de la vie et du sport, a-t-il rappelé en conférence de presse. Mais si vous comparez maintenant avec il y a quelques jours, c'est complètement différent. Il fallait que je résolve cette anxiété et cette crainte. Maintenant, je suis content, libéré. Je n'ai plus cette crainte de dégringoler au classement.»

L'Espagnol pourrait certes céder le premier rang mondial à Novak Djokovic lundi, mais cette perspective ne le dérange plus. Il n'a toujours perdu qu'un seul match en carrière à Paris (50-1) et l'idée d'égaler Borg, de gagner à nouveau à Roland-Garros suffit à le motiver. «J'ai beaucoup de respect pour le grand (Bjorn) Borg et ce serait un honneur d'être à son niveau. Mais c'est plus important pour moi de gagner encore Roland.»