La Française Marion Bartoli s'est qualifiée pour les demi-finales de Roland-Garros en battant mardi la Russe Svetlana Kuznetsova en deux sets 7-6 (7/4), 6-4, et affrontera jeudi l'Italienne Francesca Schiavone, tenante du titre, pour une place en finale.

Bartoli devient la quatrième Française de l'ère moderne du tennis à se hisser dans le dernier carré du tournoi parisien après François Durr, Brigitte Simon et Mary Pierce, la dernière à avoir atteint les demi-finales, en 2005.

Pour Bartoli, cette demi-finale constitue de loin le meilleur résultat à Roland-Garros où elle n'avait encore jamais dépassé les huitièmes de finale.

La joueuse de 26 ans va tenter jeudi face à Schiavone, cinquième joueuse mondiale, de faire aussi bien qu'à Wimbledon où elle avait joué la finale en 2007.

Amélie Mauresmo est la dernière Française à avoir remporté un titre du Grand Chelem, en 2006, lorsqu'elle avait remporté les Internationaux d'Australie et Wimbledon.

En attendant de se mettre en position de l'imiter, Bartoli s'est échauffée en éliminant celle qui avait précédé Schiavone au palmarès de Roland-Garros avec Kuznetsova, 13e mondiale.

Face à cette vraie spécialiste de la terre battue, la numéro 1 française a réussi à imposer son jeu plus agressif, cherchant systématiquement le coup dur. Elle s'est rapidement détachée 5-3 au premier set mais a dû attendre le bris d'égalité pour briser la résistance de Kuznetsova, très accrocheuse.

Toujours aussi brillante, Bartoli a continué à prendre son adversaire à la gorge au set suivant pour là aussi prendre le large, 5-2. Mais, après un ultime bris de la Russe, elle a cette fois pris le soin de porter l'estocade plus tôt.

La qualification de Bartoli offre un contraste saisissant avec la santé balbutiante du tennis féminin français depuis de nombreux mois. Bartoli elle-même avait obtenu des résultats décevants dernièrement sur terre battue.

Son parcours lumineux à Paris est d'autant plus surprenant que Bartoli avait soulevé de vives inquiétudes à la veille du début de Roland-Garros en abandonnant en finale du tournoi de Strasbourg à cause d'une douleur à la cuisse gauche.

Schiavone renversante

Francesca Schiavone a quant à elle réussi un renversement de situation étonnant pour atteindre les demi-finales grâce à une victoire de 1-6, 7-5 et 7-5 sur la Russe Anastasia Pavlyuchenkova mardi.

Menée 6-1, 4-1, l'Italienne a profité de l'inexpérience de son adversaire pour retourner la partie et donner rendez-vous à la Française Marion Bartoli ou la Russe Svetlana Kuznetsova, contre qui elle avait remporté en janvier aux Internationaux d'Australie le match le plus long de tous les temps (4h44) dans le tennis féminin.

C'est seulement la deuxième demi-finale de l'année pour Schiavone après celle perdue à Bruxelles la semaine précédant Roland-Garros, où elle dispute son 43e tournoi du Grand Chelem de suite, un record parmi les joueuses en activité.

À bientôt 31 ans, l'Italienne, cinquième joueuse mondiale, possède infiniment plus d'expérience que Pavlyuchenkova qui est à 19 ans la plus jeune joueuse du Top 40. Mais mardi on aurait d'abord juré que c'était Schiavone la junior, tellement elle est passée à côté de son début de match, avec, pour symboliser le tout, une énorme double-faute sur la balle de premier set.

Encore trimbalée jusqu'à 4-1 dans la deuxième manche, elle a ensuite eu le mérite de s'accrocher pour obliger Pavlyuchenkova à aller chercher sa victoire. Comme souvent dans ces cas, la jeune Russe a commencé à commettre des fautes.

Schiavone a d'ailleurs vécu la même mésaventure. Après avoir remporté six jeux d'affilée pour passer de 4-5, 30-30 au deuxième set à 3-0 au troisième, elle a, elle aussi, expérimenté la difficulté de conclure, dilapidant un avantage de 5-1.

Mais elle a tenu bon pour ramener à bon port un succès longtemps incertain et pouvoir ramasser un peu de terre battue parisienne afin de l'embrasser avant de quitter le Central.

Schiavone reste ainsi en course pour devenir la première joueuse depuis Justine Henin en 2007 à défendre son titre à Paris. Elle peut accessoirement mettre fin à la malédiction qui pèse sur les trentenaires en Grand Chelem depuis 21 ans et le sacre de la vénérable Martina Navratilova à Wimbledon en 1990.

Photo: AFP

Francesca Schiavone