La Française Virginie Razzano a donné une leçon de courage et de dignité mardi à Roland-Garros où elle a joué et bouleversé tout le monde, une semaine après le décès de son fiancé Stéphane Vidal, après neuf ans de combat contre une tumeur au cerveau.

Elle a «essayé de faire» son maximum et cela n'a pas suffi face à l'Australienne Jarmila Gajdosova, victorieuse 6-3, 6-1. Mais l'essentiel était ailleurs pour la joueuse de 28 ans qui, en composant avec son immense chagrin, a fait beaucoup mieux que gagner un match de tennis mardi.

«Il me fallait beaucoup de courage pour venir aujourd'hui, c'est très difficile pour moi d'être là, ça fait mal, c'est dur, si je l'ai fait c'est pour Stéphane, parce qu'il me l'a demandé. Il m'a demandé de continuer ma vie même si c'est très douloureux, il croit en moi, il sait que j'avais cette force en moi», a-t-elle déclaré, souvent en larmes, toujours digne.

Sur le court, elle a «essayé d'être forte et de ne pas trop montrer (s)es émotions». Elle a reçu, avant de quitter le Central, une ovation respectueuse et pleine de compassion du public ainsi qu'une bise affectueuse de son adversaire, bouleversée elle aussi par la mort du jeune homme de 32 ans. Il était aussi l'entraîneur de Razzano, avant qu'une tumeur au cerveau, dont il souffrait depuis neuf ans, ne l'emporte lundi dernier.

Se reconstruire

En sortant du court, elle a remis autour de son cou le collier qu'elle lui avait offert «pour la Saint-Valentin, il y a quelques années». «Stéphane l'a porté jusqu'à son dernier soupir. À un moment donné, j'ai pensé, et j'en suis sûre maintenant, qu'il fallait que je porte ce collier désormais. Je ne peux pas jouer avec parce que c'est une chaîne très lourde. Mais je l'aurai tout le temps avec moi, pour me réconforter et sentir qu'il est avec moi.»

Razzano, qui a «perdu beaucoup de poids» ces derniers jours, ne sait pas encore comment vont se passer les semaines à venir, «sonnée et perdue» par la perte de l'homme qui partageait sa vie depuis onze ans.

«Il faut que je me reconstruise petit à petit, il faut qu'on me laisse vivre mon deuil, parce que j'en ai besoin aussi. Je sais que je suis inscrite à Birmingham après Roland-Garros. J'ai fait toute cette programmation avec Stéphane, jusqu'à Wimbledon. Je lui avais dit que je rentrais après à la maison pour le voir. Il m'a dit on verra... Il sentait déjà les choses arriver.»

«J'ai perdu quelqu'un qui sera toujours l'homme de ma vie, que j'aime et que j'aimerai toujours, a-t-elle conclu. Aujourd'hui j'ai pris mon courage à deux mains, je n'en ai pas beaucoup, je suis très fragile, je me sens seule. Mais j'ai encore cette force en moi, qui me maintient debout et qui me fait avancer.»