Le Français Julien Benneteau a fait trembler le No 1 mondial Rafael Nadal, qui l'a emporté 7-5, 6-7 (6/8), 2-6 mais n'a été qu'à un point de s'incliner en deux sets face à un vaillant 32e mondial, jeudi au 3e tour du tournoi Masters 1000 de Cincinnati.

Le Français de 28 ans se souviendra longtemps de ce match, lui qui serait devenu, s'il avait gagné, le premier joueur de l'histoire classé hors du Top 20 à avoir battu Roger Federer et Rafael Nadal quand chacun était No 1 mondial.

Mais au bout d'un marathon de 2 h 48 min, qu'il a conclu épuisé et perclus de crampes, Benneteau a rendu les armes la tête haute.

Très solide en début de match, notamment au service (7 as au premier set, 12 au total), il a décliné dans ce secteur dans le deuxième set et accusé le coup, physiquement et mentalement, dans le troisième.

«Contre un autre joueur que Nadal, je crois que j'aurais gagné, mais contre lui, il faut sortir des coups que tu n'as pas besoin de sortir contre un autre. Sa balle est plus lourde que quiconque. C'est nerveusement et physiquement dur de jouer à son niveau tout un match, c'est pour ça qu'il est le No 1 mondial.»

En quart de finale, Nadal rencontre vendredi le Chypriote Marcos Baghdatis, qui a sorti 7-5, 6-4 le Tchèque Tomas Berdych (No 7), finaliste de Wimbledon.

Le Majorquin, brisé à cinq reprises et auteur d'autant de fautes directes que de coups gagnants (39) dans une rare démonstration d'inconstance («on et off», a-t-il dit), a eu des sueurs froides dans la fournaise de Cincinnati.

Après avoir perdu la première manche en concédant son service à 5-5 en manquant deux balles de bris dans le jeu suivant, Nadal a dû effacer une balle de match sur son service dans le bris d'égalité (5 pts à 6).

«Je n'ai aucun regret sur cette balle de match, a assuré le Français. Je n'ai rien à dire à part «bravo Nadal» car il ne m'a pas laissé l'occasion de lui mettre la pression et je n'ai rien pu faire.»

Mené 5 points à 3 après notamment une double faute qui donna le mini bris à l'Espagnol, le Français est remonté à 6-5 grâce à une faute directe adverse et deux as d'affilée. Le bras de Nadal n'a toutefois pas tremblé au moment clé (6-6), contrairement à celui de Benneteau, qui a laissé la manche à son adversaire deux points plus tard sur une faute directe d'un coup droit.

Le Français pouvait pourtant croire en sa bonne étoile car il avait auparavant réussi à sauver une balle de manche à 5-6 sur un revers tonitruant pour forcer le jeu décisif. «Là où je peux avoir des regrets, c'est d'avoir fait un mauvais jeu à 3-2 en ma faveur dans ce set alors que je venais de le briser. J'ai mal servi (une double faute notamment) et raté des coups».

«À 2-3, j'ai été très près de perdre, j'étais à la limite, a confirmé Nadal. J'ai eu de la chance de revenir au score.»

«Julien a vraiment très bien joué car moi aussi j'ai bien joué au début, pas parfaitement mais bien. Il était très agressif, avec de très bons revers.»

Ce bris a remis Nadal en selle. Le Majorquin a en tout cas ensuite enchaîné trois jeux de service blancs d'affilée jusqu'au bris d'égalité.

Dans la troisième manche, qui a été expéditive (38 minutes), Benneteau, victime de crampes et à bout de force, n'a plus été capable de rivaliser avec Nadal, néanmoins soigné pour des ampoules au pied droit à l'entame du set.

Le Français avait un match de doubles au programme en soirée avec son compatriote Michael Llodra face à la fratrie américaine Bob et Mike Bryan.