Meilleur joueur québécois depuis la retraite de Frédéric Niemeyer, Pierre-Ludovic Duclos mène sa carrière professionnelle un peu en marge du système établi.

Jamais vraiment pris en charge par Tennis-Canada, jamais vraiment intégré à l'équipe de la Coupe Davis, ce rebelle malgré lui est allé chercher ailleurs l'encadrement dont il avait besoin.

Après trois années au Brésil, deux en Italie, Duclos s'entraîne maintenant en Floride à l'Académie Bollettieri. «Je n'ai pas vraiment d'entraîneur attitré, mais le personnel est compétent et m'aide à travailler, explique-t-il. De toute façon, je suis souvent en voyage, sur le circuit des Challengers.»

Duclos était d'ailleurs en Chine, la semaine dernière, pour un tournoi à Beijing. Tennis-Canada, qui lui réservait un laissez-passer pour la Coupe Rogers, aurait préféré qu'il renonce à ce voyage, mais Pierre-Ludovic a insisté pour respecter son engagement. Il a d'ailleurs remporté le tournoi en double, avec le Russe Artem Sitak, son troisième titre de la saison.

Rentré à Toronto tôt lundi matin, il n'a eu que quelques heures pour récupérer. Mardi midi, encore marqué par le décalage horaire, il affrontait au premier tour Lu Yen-Hsun, de Taiwan, 44e mondial. «La fatigue ne m'a pas aidé, c'est certain», a reconnu Duclos, après sa défaite en deux manches de 4-6, 4-6.

«Le match a été très serré, a-t-il poursuivi. Nous avons eu de longs échanges et j'ai l'impression qu'il ne m'a pas manqué grand-chose. Dans chaque manche, il a su hausser le niveau de son jeu au moment décisif, alors que je n'ai pu le faire.»

Le joueur de 24 ans, 340e du classement ATP, s'est effectivement fort bien battu et n'a cédé que deux points de bris, un dans chaque manche. Cela a toutefois suffi à faire la différence. Lu, qui était passé par les qualifications, était visiblement prêt pour un match disputé dans la chaleur et l'humidité. Il était de plus appuyé par la majorité d'une foule constituée en grande partie de spectateurs d'origine asiatique.

Duclos n'en espère pas moins qu'il retiendra les leçons de ce match. «C'était ma première participation à un tournoi Master, dans le tableau principal, et cela a été une bonne expérience, a-t-il noté. Offrir une bonne performance contre un joueur de ce calibre -qui a fait les quarts de finale à Wimbledon- est très satisfaisant.

«La différence n'est pas grande entre le 300e et le 100e, voire le 50e joueur du classement mondial, a poursuivi Pierre-Ludovic. Les meilleurs sont dans une classe à part, mais les autres sont prêts les uns des autres. Et au tennis masculin, les joueurs n'atteignent leur maturité qu'à 25 ou 26 ans, parfois même plus tard.

«Pour l'instant, mon classement m'oblige à passer par les qualifications des Challengers et c'est difficile d'accumuler des points. Ça m'oblige à voyager, un peu partout. L'année dernière, j'ai joué en Ouzbékistan et au Kazakhstan...»

Et dans quelques semaines, quand tous les amateurs de tennis auront les yeux tournés vers l'Omnium des États-Unis à New York, Pierre-Ludovic Duclos sera sans doute en Thaïlande ou dans quelques pays exotiques où les professionnels aspirants aux grands tournois font leurs classes.