Près de dix heures de jeu, 59-59 au cinquième set et toujours pas de vainqueur: le match d'anthologie entre le Français Nicolas Mahut et l'Américain John Isner a été interrompu pour le deuxième jour de suite mercredi à Wimbledon où l'histoire est en marche.

A 21h10 locales, les deux joueurs ont d'un commun accord décidé d'arrêter les frais et de se donner rendez-vous une troisième fois jeudi pour terminer un match de légende, déjà arrêté par l'obscurité lundi après quatre sets (4-6, 6-3, 7-6, 6-7) et continué mardi pendant sept, oui sept, heures.

Au total, la rencontre frisait les dix heures de jeu, à des années lumière du précédent record du match le plus long qui appartenait à Arnaud Clément et Fabrice Santoro avec un marathon de 06h33 à Roland-Garros en 2004.

«C'est un champion, il faut que je lutte comme je ne l'ai encore jamais fait, on reviendra demain et on verra, mais c'est un moment incroyable. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas combien d'heures on a joué», a commenté à la sortie du court un Mahut héroïque, après avoir déjà gagné 24-22 au set décisif de son deuxième tour de qualifications.

«Ca n'arrivera plus jamais un truc comme ça, on sert tous les deux de manière fantastique», a réagi de son côté Isner, auteur de... 98 aces, contre 94 à Mahut, record d'Ivo Karlovic (78) pulvérisé, dans une partie où les occasions de break ont été rarissimes.

Isner est le seul à s'être procuré des balles de match, une à 9-8, deux autres à 33-32 et une à 59-58, écartée d'un ace par Mahut qui semblait être le plus frais des deux à la fin, provisoire, du match.

Federer: «Inimaginable»

C'est étonnant qu'une telle odyssée ait eu pour cadre le gazon de Wimbledon où les échanges sont souvent réduits à leur strict minimum, surtout lorsqu'il s'agit de deux grands serveurs comme Mahut et Isner.

Mais ils ont justement tellement bien servi, ne laissant aucune ouverture à leur adversaire sur leur engagement.

Plusieurs autres records, comme celui du nombre de jeux disputés dans un match, ont été battus pendant cette partie qui tenait en haleine les spectateurs incrédules du court N.18 et les autres joueurs devant leur télé.

«C'est inimaginable, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer», a réagi le N.2 mondial Roger Federer, cloué comme tous ses collègues devant un poste de télévision pour suivre cette partie surréaliste.

Gaël Monfils a lui parlé d'un «truc de martien». On n'était pourtant alors qu'à 24-24, au milieu du cinquième set. «Que dire? C'est très surprenant», a également réagi le N.3 mondial Novak Djokovic alors que le score était de 35-35.

«Tout le monde regarde ça dans les vestiaires, partout. Je suis impressionné par le fait que les deux tiennent leur service aussi facilement toute la journée. C'est incroyable. Peut-être qu'ils devraient se mettre d'accord pour jouer un tie-break à 50-50 (rires). Peu importe le vainqueur aujourd'hui, ils auront gagné tous les deux.»

Le vainqueur retrouvera au deuxième tour le Néerlandais Thiemo De Bakker qui a battu le Colombien Santiago Gilardo... 16-14 au cinquième set mercredi, une broutille comparé au monument du court N.18...