«Si je n'avais pas joué mon meilleur match, je n'aurais jamais pu te battre», disait Rafael Nadal à Robin Soderling, au moment de la remise des trophées. «Nadal a juste trop bien joué», constatait le Suédois, déçu mais fair-play, au micro de France Télévisions, après avoir encaissé un sévère trois sets à zéro sur le court central de Roland-Garros.

Hier après-midi, le suspense n'a pas duré très longtemps pour la finale hommes, et il n'y a pas eu de spectaculaire retournement de situation. L'ultra favori Rafael Nadal, qui fêtait son 24e anniversaire le 3 juin et affichait une forme physique époustouflante, l'a emporté sans vraie résistance contre celui qui l'avait éliminé l'année dernière en huitième de finale.

Plus exactement, même si Soderling est parfois revenu et qu'il a déployé son artillerie lourde, il n'a jamais réussi à déstabiliser son adversaire. Démoralisé, il s'est remis à faire de nombreuses fautes directes (45 contre 16 pour Nadal), ce qui a définitivement clos le débat.

Nadal dominant

Au cours des trois manches, Soderling a obtenu huit balles pour s'emparer du service de Nadal: il n'en a converti aucune. Soderling avait beau déployer son service dévastateur à 219 km/h de moyenne, il n'a obtenu que sept as, alors qu'il en avait obtenu 18 en demi-finale contre Tomas Berdych. Le prodige bondissant de Majorque a asphyxié le grand attaquant. Hier après-midi, tout lui réussissait: lui qui n'est pas un serveur redoutable, il a réussi le même nombre d'as que le Suédois. Une première balle de 25 à 30 km/h plus lente que celle de Soderling, mais parfaitement placée.

Sans doute l'effet de la fébrilité: Soderling a eu un début de partie assez moyen, comme lors de son match contre Federer en quart de finale. Son coup droit restait hésitant et maladroit. Au cinquième jeu, Nadal s'est emparé de son service et s'est contenté de gérer son avance jusqu'à six jeux à quatre.

Sursaut du Viking en début de deuxième manche, qui retrouve son coup droit meurtrier. Après avoir remporté son engagement, il obtient deux balles pour reprendre le service de Nadal. Mais celui-ci, qui a un moral d'acier, engage un vrai bras de fer et résiste à toutes les attaques. Jeu Nadal. Et Soderling se démoralise. Il perdra de nouveau son service pour être mené 5 à 2, puis 5 à 2.

Ici et là, il aura un sursaut dans le troisième set. Mais le constat est sans appel: Nadal retourne même les balles les plus terribles de Soderling, qui ne sait plus quoi faire et accumule les fautes directes. Alors qu'il mène un à zéro dans le troisième set, Nadal s'empare du service de Soderling sans trop de difficulté. Et le distance pour de bon.

Après avoir connu une année difficile - défaite à Paris en 2009, forfait à Wimbledon -, Nadal est revenu de manière éclatante à son plus haut niveau. Et vient de détrôner à nouveau Roger Federer de son rang de numéro un mondial. Attention, choc frontal qui s'annonce à Wimbledon, qui est à la fois le terrain de prédilection du Suisse et une surface où Nadal brille presque autant que sur terre battue.

Première victoire d'une Italienne depuis 1925

Changement de décor en ce qui concerne la finale dames de samedi. Où l'on a vu sans trop y croire la victoire d'une Italienne à la veille de ses trente ans, Francesca Schiavone, qui n'avait jusque-là guère fait mieux que les 2e ou 3e tours dans les tournois du grand chelem. Elle était au 17e rang mondial, et personne n'aurait parié un kopeck sur elle, à aucun stade de la compétition.

Elle avait pour l'essentiel réussi l'étonnant exploit de sortir la Danoise Wozniacki, troisième mondiale, en quart de finale. Puis elle avait bénéficié de l'abandon d'Elena Dementieva en demi-finale. Face à elle, l'Australienne peu connue Samantha Stosur, 26 ans, 7e mondiale, mais qui venait de réussir l'exploit de battre coup sur coup Justine Henin, puis Serena Williams, les deux grandes favorites de cette année. En demi-finale, elle avait balayé Jelena Jankovic, 5e mondiale, en deux petits sets. Pour tout le monde, la finale était jouée avant la lettre, et l'athlétique Stosur, au service puissant et au mental indestructible, allait manger tout rond l'Italienne.

Ce fut un nouveau coup de théâtre. Certainement saisie par l'enjeu, Samantha Stosur a complètement raté sa finale et joué le seul mauvais match des deux dernières semaines. Son service ne passait plus, et elle ratait ses attaques de coup droit. En face, Francesca Schiavone a sans doute joué le meilleur match de sa carrière, en jouant à la perfection un jeu varié idéal pour la terre battue. Au lieu de céder son service, l'Italienne s'empara de celui de l'Australienne au moment idéal, c'est à dire au neuvième jeu. Puis confirma.

En deuxième manche, on crut que Stosur s'était totalement ressaisie. Elle prenait le service de son adversaire et menait bientôt par 4 à 1. Mais de nouveau paralysée par la peur de gagner, elle s'empressa de concéder à son tour son engagement. On arrive finalement à 6 partout. Et au jeu décisif, l'Australienne qui paraissait imperturbable, réputée pour son service, s'écroulait sur le score de 7 à 2. Elle venait peut-être de laisser passer une chance unique, car, de l'avis des spécialistes, jamais le top 10 féminin n'a été aussi faible et changeant depuis de longues années.

Sans bouder son plaisir, l'Italie tout entière a célébré cette victoire pour le moins inattendue. La première pour une Italienne depuis le début du tournoi de Roland-Garros en 1925.