Frères jumeaux sur un terrain, Robin Soderling et Tomas Berdych vont décider entre eux vendredi à Roland-Garros qui ira défier Rafael Nadal deux jours plus tard en finale, à moins d'une énorme sensation signée Jürgen Melzer lors de l'autre demi-finale.

Aux amateurs de longs échanges sur terre battue, prière de s'abstenir. Vendredi, ça va mitrailler sec sur le Central où les points se régleront en deux ou trois frappes entre deux des plus grands cogneurs de leur génération, des hommes venus du froid qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

À droite, Robin Soderling, Suède, septième joueur mondial, 25 ans, qui du haut de son 1,93 m arrose le court - les bâches dans les mauvais jours - de frappes supersoniques. Le dernier à en avoir fait les frais a été Roger Federer en quarts de finale, abattu un an après Rafael Nadal qui a encaissé la seule défaite de sa carrière à Roland-Garros face au grand héron scandinave.

À gauche, Tomas Berdych, République tchèque, 17e mondial, 24 ans, qui du haut de son 1,96 m balance boulet sur boulet. Il est particulièrement efficace cette année à Roland-Garros où il a démoli ses cinq premiers adversaires en ne leur laissant pas le moindre set et aucun espoir.

De loin on dirait deux cousins. Fils de bonne famille - le père de Soderling est avocat, celui de Berdych ingénieur - les deux droitiers répondent aux mêmes critères physiques, cheveux blonds et regard d'acier, ont commencé à jouer à l'âge de cinq ans, comptent chacun cinq titres, s'appuyent sur un service et un coup droit fracassants et se croisent dans les rues de Monaco où ils résident.

Ils ont tous les deux vécu leur plus belle histoire à Paris. Berdych en remportant, voilà cinq ans, le tournoi de Bercy de l'autre côté de la ville, son plus beau trophée. Soderling en y atteignant la finale de Roland-Garros l'an dernier, arrêté seulement par Federer.

Melzer au pied du mur

Ils poussent le mimétisme jusqu'à avoir tous deux eu un contentieux avec Nadal, levé depuis, assurent-ils. Berdych a eu droit à un «You are very bad» (tu est très méchant) de la part de l'Espagnol lors d'un match houleux à Madrid en 2006. Quant à Soderling, il a été qualifié de «type bizarre» par Nadal l'année suivante après une autre partie très tendue, à Wimbledon.

Dans ce choc des clones, il est difficile de dégager un favori. Soderling mène 4-3 mais Berdych a remporté leur seul duel sur terre battue. Sur leur forme actuelle, impossible d'être catégorique.

Berdych a été irrésistible mais n'a pas rencontré d'adversaire du même calibre que Soderling. Celui-ci a épinglé Federer mais a aussi lâché un set contre l'Espagnol Albert Montanes.

C'est peut-être l'expérience supérieure du Suédois qui fera la différence, d'autant que Berdych a, hormis son succès sur un Andy Murray au bout du rouleau, toujours calé face aux meilleurs en Grand Chelem à ce jour.

S'il pouvait choisir, Nadal hésiterait sans doute entre Berdych, qu'il a battu lors de leurs six dernières rencontres, et Soderling, contre qui il a perdu ses deux derniers matches mais face auquel il rêve de prendre sa revanche au lendemain de son 24e anniversaire.

«Avant de penser à ça j'ai encore un match à jouer», rappelle le Majorquin. Ce sera contre Jürgen Melzer dans une des demi-finales les plus déséquilibrées de ces dernières années sur le papier.

L'Autrichien, 27e mondial, a gagné le match de sa vie pour Djokovic mercredi. Il lui faudra faire beaucoup mieux encore, seulement deux jours plus tard, pour renverser Nadal. Et dévier le Majorquin de sa route vers la place de numéro 1 mondial et le «Clay Slam», le gain des quatre grands tournois sur terre battue en une année, un exploit encore jamais réalisé.