Un an jour pour jour après le vingtième et dernier épisode, la légendaire rivalité entre Roger Federer et Rafael Nadal reprend son cours dimanche en finale du tournoi de Madrid.

Comme pour s'excuser de s'être autant fait attendre, c'est un vrai catalogue d'enjeux qui fait mousser les retrouvailles rendues possibles par les victoires en trois sets de Nadal sur Nicolas Almagro (4-6, 6-2, 6-2) et de Federer sur David Ferrer (7-5, 3-6, 6-3) samedi.

Outre gagner le titre, il s'agira dimanche (18h30 locales) de marquer son territoire à une semaine de Roland-Garros. L'année dernière, Federer avait trouvé dans sa victoire sur Nadal la confiance pour triompher ensuite à Roland-Garros et Wimbledon, et franchir définitivement les portes de l'histoire.

Pour Nadal, diminué par un combat épique la veille face à Djokovic, ce fut en revanche le début d'une longue glissade qu'il n'a rattrapée qu'en ce printemps en s'imposant à Monte-Carlo et Rome pour aborder le choc de dimanche invaincu sur terre battue cette saison. Et en forme cette fois!

«Ici, en altitude, c'est Roger le favori, assure-t-il pourtant. Car les conditions plus rapides lui conviennent à merveille et lui permettent de s'offrir beaucoup de points gratuits avec son service et son coup droit.»

Alors que Nadal a assuré samedi son retour à la deuxième place mondiale, ce qui signifie qu'il ne pourra retrouver Federer qu'en finale à Roland-Garros, le classement ATP sera un autre enjeu majeur dimanche.

S'il défend son titre à Madrid, Federer battra sans doute un énième record, celui des 286 semaines passées en N.1 qui appartient à Pete Sampras jusqu'au 7 juin au moins, soit au lendemain de la finale de Roland-Garros.

Agassi dans le viseur

En cas de succès de Nadal, Federer se retrouvera en revanche en grand danger à Paris où il a beaucoup plus de points à défendre que le Majorquin, éliminé dès les huitièmes de finale l'an passé.

Si on y ajoute la perspective dimanche pour Federer d'égaler le record de dix-sept victoires en Masters 1000 d'Andre Agassi et pour Nadal de le battre, on obtient une finale madrilène somptueuse sur le papier.

Eux aussi ça leur manquait. Federer ne rate pas une occasion pour dire à quel point ses duels avec Nadal lui ont permis de se surpasser. Quant à l'Espagnol, il parlait samedi de la «motivation supplémentaire» que constitue une rencontre avec «un des plus grands de tous les temps».

Et dire qu'on a failli y couper! La faute à un David Ferrer intrépide qui, malgré ses neuf défaites en neuf matches face à Federer, y a cru jusqu'au bout du troisième set d'un match palpitant.

N.1 au nombre de matches gagnés cette saison, l'Espagnol a tenu tête au Suisse pendant deux heures, avant de s'effriter à partir du milieu du dernier set, entamé par son combat nocturne face Andy Murray la veille.

Nadal a lui aussi été bousculé pendant trois quarts d'heure par un Almagro prenant tous les risques et qui lui a ravi son deuxième set dans sa trilogie de Masters 1000 sur ocre, après celui concédé à Ernests Gulbis à Rome.

Comme souvent, le Majorquin a fini par avoir son adversaire à l'usure afin de fixer rendez-vous à Federer pour un duel que tout le monde attend.