Pour atteindre sa deuxième finale du Grand Chelem, Jo-Wilfried Tsonga doit battre Roger Federer, «le meilleur joueur de tous les temps», vendredi à l'Open d'Australie: un défi gigantesque.

Tout a été dit sur Monsieur Federer, chevalier du tennis, l'homme aux quinze titres du Grand Chelem qu'on appelle, c'est au choix, le maître, le magicien ou tout simplement le meilleur.

N.1 mondial, candidat à un quatrième Open d'Australie, le Suisse présente le plus beau palmarès de tous les temps et fait l'alchimie, comme personne d'autre avant lui, d'un talent fou, de nerfs d'acier et d'un physique parfait.

Son expérience et sa gestion des événements n'ont pas d'égal. Il l'a encore prouvé mercredi face à Nikolay Davydenko pour atteindre sa vingt-troisième demi-finale du Grand Chelem de suite, peut-être son record le plus fabuleux.

Il est comme chez lui à Melbourne, où on l'accueille comme un chef d'Etat. Même le très populaire Tsonga aura du mal à gagner le soutien du public face au seigneur des lieux, qui en a judicieusement remis une couche cette année en racontant comme il a failli devenir Australien lorsqu'il était adolescent.

Quel homme! Quel joueur! Qui est en forme en plus comme il l'a montré en jouant «encore plus vite que Davydenko» lors d'un récital «tout simplement exceptionnel», selon Eric Winogradsky, l'entraîneur de Tsonga.

C'est ce «monstre» que devra abattre Jo-Wilfried Tsonga s'il veut revivre une finale à Melbourne, où le Manceau avait échoué en 2008 face à Novak Djokovic, avant de prendre sa revanche en quarts de finale mercredi.

«Et pour cela, il n'y a pas 36 solutions», souligne Winogradsky. La chose à ne surtout pas faire? «Le regarder jouer, sinon c'est fini», prévient le coach.

«Je suis meilleur qu'en 2008»

A le voir, serein comme un bonze à la veille du combat, Tsonga semble à l'abri d'un excès de respect. «Si t'arrives en disant que c'est une "truffe", t'as perdu. Mais cela ne va pas m'empêcher de lui mettre des coups droits. Je vais arriver avec le couteau entre le dents et tenter de le battre.»

S'il parle ainsi, c'est aussi parce qu'il l'a déjà fait, à Montréal l'été dernier, où il a été mené 5-1 au troisième set avant de gagner 7-6, 1-6, 7-6.

Tsonga a un deuxième exemple dont il peut s'inspirer: sa victoire supersonique sur Rafael Nadal en demi-finale 2008 à Melbourne. Ce jour-là, il a eu l'impression de jouer à la «PlayStation» tellement il avait été bon.

«Cela reste mon meilleur match au niveau du tennis pur. Mais peut-être que, sans m'en rendre compte, je suis plus fort aujourd'hui», dit-il. S'il s'appuie toujours sur son physique, son énorme service et ses «patates» en coup droit, Tsonga estime être devenu un joueur plus complet.

«Avant je savais attaquer. Moins défendre et neutraliser. Je sais désormais faire plus de choses sur un terrain. Si je continue à progresser là-dessus, j'ai vais finir par devenir un bon joueur de tennis», dit-il.

Après avoir remporté les deux premiers matches en cinq sets de sa carrière, il se dit prêt pour un exploit plus grand encore. Inébranlable sur le plan physique et mental, il sait qu'il a les armes pour bousculer le N.1 mondial.

Il a prévu d'imposer, comme face à Djokovic, un combat physique de tous les instants, avec l'idée de trouver le bon compromis entre agression et patience, sur la surface semi-rapide de Melbourne, encore ralentie en soirée.

«Federer a gagné 50 Wimbledon et 30 US Open, moins à Roland-Garros. Si c'est un peu plus lent, je préfère», avance Tsonga. Mais le défi reste immense.