L'annonce très médiatisée et très orchestrée du retour à la compétition de Justine Henin a divisé, voire même «agacé» bon nombre de Belges, si l'on en croit les sondages et commentaires parfois acides de la presse du pays.

Les éditoriaux sportifs sont largement positifs pour se féliciter du retour de la «plus grande athlète belge de l'histoire», annoncé mardi.

Par contre, ce que le journal Le Soir a qualifié «d'incroyable cirque médiatique», en raison de l'exclusivité accordée à certains médias, a profondément «divisé, agacé et énervé» les Belges, selon les quotidiens du groupe SudPresse.

Plusieurs enquêtes lancées sur les sites internet des médias locaux sont impitoyables pour l'ancienne numéro un mondial: son retour ne réjouit absolument pas la majorité de ses compatriotes.

Un sondage du site LeSoir.be indique que 91% des personnes ayant répondu estimaient que la presse «en a trop fait» sur Henin ces derniers jours.

Le journal Vers l'Avenir a lui fait le constat que le retour de Justine «laisse de marbre 31% des Belges» et «fatigue» 37% de la population...

«Femme-sandwiche»

Une autre consultation lancée par la radio publique RTBF mardi, qui demandait si le retour de «Justine» était «réjouissant» a recensé 70% d'avis négatifs.

«On a reçu 45 000 appels, du jamais vu. Et négatifs pour la plupart!», a témoigné l'animateur d'un émission de débat consacrée à Justine Henin sur la RTBF.

Qualifiée par SudPresse de «femme-sandwiche dont le retour a été largement commandité», Henin souffre à l'évidence dans son propre pays d'un déficit d'image, alors que la Belgique est gagnée par la «Clijstersmania» depuis le retour gagnant de «maman» Clijsters aux Internationaux des États-Unis  il y a dix jours.

«Une partie du public estime que Justine n'est pas sympa. Comme elle veut tout contrôler, elle contrôle aussi ce qu'elle dit et quand elle le dit. Donc, elle apparaît un peu froide», explique le journaliste Patrick Haumont, auteur de plusieurs ouvrages sur la championne.

«On a toujours tout accepté de Kim car sa communication est plus naturelle. Justine, elle, veut tellement contrôler qu'elle se crispe», poursuit-il.

Cynique, le journal Le Soir légendait vendredi deux photos à propos de la manière d'être des joueuses de cette façon: «Justine, une vraie aisance», «Kim, une aisance vraie».

«Plus respectée qu'aimée»

«Malgré un palmarès quatre fois supérieur à celui de Clijsters, Henin est plus respectée qu'aimée», expliquait récemment un journaliste du Soir, alors que sur les forums de l'internet, la joueuse est souvent maltraitée, tantôt pour s'être un moment domiciliée à Monaco, tantôt pour sa prétendue froideur.

Ayant perdu très tôt sa mère, morte d'un cancer, avant de rompre avec le reste de sa famille pendant sept ans, Justine Henin s'est forgée durant sa carrière une carapace qu'elle n'a pas réellement réussi à briser lors de sa «retraite» de 16 mois. Et ce malgré son investissement en faveur des enfants malades ou lors d'apparitions dans des shows télévisés plus ou moins réussis.

«Les journalistes sont plutôt positifs par rapport à nos deux joueuses», explique Marc Lits, professeur de communication à Louvain. «Par contre, sur internet (...) les critiques fusent (concernant Henin, ndlr). Cette démocratie directe peut être le lieu de tous les défoulements, mais est-ce de l'information?», s'interroge-t-il.

«Il y a longtemps que l'intéressée a compris qu'elle ne fera jamais l'unanimité. Elle assume (...). Elle a aussi besoin de cette énergie négative pour aller de l'avant. C'est dos au mur qu'elle a toujours été la plus performante», estimait jeudi La Dernière Heure/Les Sports.